Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 98 du Canard Enchaîné – 15 Mai 1918

N° 98 du Canard Enchaîné – 15 Mai 1918

89,00 

En stock

Le joli jeu, par Henri Béraud

Sous la Coupole, les Immortels s’amusent tandis que les poilus meurent dans la boue. Dans un texte mordant, Henri Béraud décrit l’Académie française comme une partie de chaises musicales où Henry Bordeaux, Barthou ou Baudrillart tombent et se relèvent sous les rires complices de leurs pairs. Quand l’élite littéraire joue au soldat avec des fauteuils de velours, le Canard rappelle que la vraie bataille se livre ailleurs.


Herr Nani, ou la plateforme bétonnée : nouveau feuilleton de Jules Rivet

Retour à Paris, dessin de Paul Bour

Le superkanon, dessin de Jif –

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Avec Le joli jeu, publié en une du Canard enchaîné du 22 mai 1918, Henri Béraud tire à boulets rouges sur un symbole des institutions françaises : l’Académie française. Alors que la France vit sa quatrième année de guerre, que les obus allemands pleuvent encore sur Paris et que les tranchées engloutissent chaque jour leur lot d’hommes, la Coupole continue d’occuper ses vénérables fauteuils avec une gravité toute mondaine. Béraud y voit un spectacle dérisoire, presque indécent : celui de vieux messieurs qui, au lieu de peser sur l’avenir de la nation, s’adonnent à une partie de société, sorte de « chat perché académique ».

La métaphore choisie est cruelle : un académicien s’avance pour s’asseoir sur son fauteuil, mais on le lui retire au dernier moment, provoquant sa chute sous les rires de ses camarades. Le malheureux, nous dit Béraud, se relève, brosse sa culotte, sourit avec élégance et reprend le jeu. C’est le sort réservé, en 1918, à Henry Bordeaux, romancier catholique tenace, recalé une fois de plus par ses pairs. L’ironie est d’autant plus piquante que Bordeaux, familier des échecs répétés, finit toujours par se représenter, acceptant la disgrâce avec la constance d’un écolier puni.

Mais au-delà de l’anecdote, l’article vise la mécanique même de l’Académie. On y retrouve les mondains, les politiques, les religieux : Louis Barthou, homme d’État, ou Mgr Baudrillart, recteur de l’Institut catholique, s’imposent dans ce club sélect, pendant que rôde l’ombre de Maurice Barrès, figure du nationalisme, promis à y entrer bientôt. Ainsi, la littérature y apparaît bien secondaire. Sous la plume acérée de Béraud, l’Académie devient un terrain de manœuvres où s’affichent ambitions personnelles, réseaux d’influence et allégeances idéologiques.

Ce décalage est précisément ce que le Canard met en lumière : pendant que les soldats affrontent la mitraille, les « Immortels » s’encanaillent avec des fauteuils de velours. L’humour sert ici d’arme politique. En transformant une élection académique en farce enfantine, Béraud renverse la solennité d’une institution réputée intouchable. L’Académie française, censée incarner le génie de la langue, est ramenée à une cour de récréation d’hommes en habit vert, occupés à des querelles de préséance alors que le pays vit une tragédie collective.

En filigrane, le Canard dénonce l’indifférence des élites. Si les poilus meurent anonymes dans les tranchées, les académiciens, eux, disputent leurs privilèges dans le confort de Paris. Cette satire de Béraud illustre parfaitement l’esprit du journal en 1918 : railler les puissants, rappeler l’injustice des hiérarchies, et affirmer que les vraies voix de la France ne siègent pas sous la Coupole, mais dans les tranchées.