N° 980 du Canard Enchaîné – 10 Avril 1935
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Invalides Dorés ou le Bayard du Canal de Suez – Jean Galtier-Boissière
Jean Galtier-Boissière dénonce dans cet article l’usage des retraites dorées et les liens entre hauts fonctionnaires, militaires de haut rang et grandes entreprises. L’article met en lumière les pratiques douteuses et les privilèges offerts à certains hauts personnages de la société française.
Galtier-Boissière commence par évoquer le scandale financier autour de Citroën, où certains journaux ont révélé que les fils de hauts personnages touchaient des salaires exorbitants. Par exemple, le fils de l’ex-président Millerand et le fils du général Weygand auraient reçu des salaires de 50.000 francs par mois, bien supérieurs à ceux des hauts fonctionnaires et généraux eux-mêmes. La situation devient embarrassante pour Maxime Weygand, ancien généralissime, qui voit son fils gagner beaucoup plus que lui. Malgré une campagne médiatique intense, Weygand doit quitter son poste. Cependant, il est bientôt récompensé par une nomination au Conseil du Canal de Suez, où il remplace Barthou, retrouvant ainsi une place de prestige et une retraite dorée.
Galtier-Boissière décrit deux types de généraux siégeant dans les conseils d’administration :
1. Les généraux obscurs : Ces anciens militaires cherchent à arrondir leur demi-solde en prenant des postes administratifs après leur retraite, souvent dans des entreprises ou des journaux.
2. Les généraux de haut rang : Ces hommes sont récompensés pour les services rendus à l’industrie ou à la politique, non pas par des commissions directes, mais par des postes lucratifs dans les conseils d’administration.
Les nominations à ces postes sont souvent faites de manière ostentatoire ou plus discrète, selon l’importance de la personnalité. Par exemple, les chefs de la marine anglaise deviennent traditionnellement administrateurs chez Vickers, tandis que les amiraux français entrent chez Le Creusot après avoir encouragé les commandes de plaques blindées. La Compagnie anglo-française du Canal de Suez est particulièrement privilégiée pour accueillir les grandes personnalités ayant bien servi les intérêts du capital. Les administrateurs y touchent des salaires très élevés, augmentés par divers avantages supplémentaires, faisant de ces postes des retraites particulièrement lucratives.
Galtier-Boissière critique vivement ces pratiques et l’hypocrisie de ceux qui les tolèrent ou les encouragent. Il souligne que même les admirateurs des grands généraux peuvent trouver ces privilèges excessifs. Il conclut avec une note nostalgique, rappelant que les généraux de l’Empire, malgré leurs nombreuses blessures, rêvaient d’« Invalides » moins dorés, contrastant avec les pratiques contemporaines. Cet article de Galtier-Boissière offre une critique acerbe des relations entre l’armée, la politique et les grandes entreprises, dénonçant l’influence et les privilèges excessifs accordés à certains hauts personnages. Il met en lumière les pratiques douteuses qui perdurent au sein des institutions françaises, soulignant la distance entre les idéaux de service et de sacrifice militaire et la réalité des retraites dorées.
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