N° 987 du Canard Enchaîné – 29 Mai 1935
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Les Feuilles de chêne dans le panier de crabes – Jean Galtier-Boissière
Dans cet article, Jean Galtier-Boissière examine la publication des mémoires et critiques entre généraux, en particulier à travers le prisme du livre du général Mordacq intitulé « Les Légendes de la grande guerre ». Galtier-Boissière souligne le caractère polémique et souvent acide de ces récits, qui offrent une version contrastée et parfois critique des événements et des figures militaires de la Première Guerre mondiale.
Les mémoires des généraux sont souvent remplis d’accusations et de récriminations mutuelles, offrant un spectacle réjouissant pour les observateurs extérieurs. Galtier-Boissière compare cette situation à des « vieux crabes furibards » dans un panier, chacun essayant de discréditer l’autre.
Le général Mordacq commence par critiquer sévèrement le général de Castelnau, surnommé « le capucin botté ». Mordacq l’accuse d’avoir mal évalué l’ennemi en 1914, croyant que l’armée allemande n’utiliserait pas ses réserves en première ligne, ce qui contribua aux désastres de Charleroi et Morhange et à l’invasion. Mordacq reproche également à Castelnau d’avoir donné un ordre de retraite le 5 septembre 1914, menaçant ainsi le « miracle » de la Marne, et d’avoir failli provoquer une débâcle complète.
Mordacq critique aussi Foch pour avoir compromis la victoire à Rethondes en 1918. Alors que le général américain Bliss prônait le désarmement total de l’Allemagne, Foch aurait permis à l’armée allemande de conserver une partie de ses forces, anticipant peut-être des besoins futurs pour la France en matière de défense et de structure militaire.
Enfin, Mordacq s’en prend à Weygand, contestant la légende qui lui attribue l’arrêt de l’offensive bolchevique devant Varsovie. Selon Mordacq, le plan de Weygand fut rejeté par Piłsudski, qui préféra suivre sa propre stratégie pour remporter la victoire.
L’ouvrage de Mordacq contient aussi des documents inédits, comme une lettre du ministre de la Guerre Messimy à Joffre, datée du 24 août 1914, exigeant des mesures draconiennes contre les officiers incompétents. Mordacq qualifie les généraux limogés de « fatigués ou incapables », soulignant l’ironie des critiques internes à l’armée.
Jean Galtier-Boissière conclut en évoquant le caractère souvent brutal et sans concession des récits militaires, qui révèlent autant de rancœurs personnelles que de vérités historiques. Son article met en lumière les tensions et les conflits d’ego au sein du haut commandement militaire, offrant un regard critique et satirique sur les mémoires et les légendes de la grande guerre.
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