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La Mare aux Canards

Bokassa, Giscard et les arrangements
23 mai 1979

Quand Le Canard tirait à balles réelles sur les safaris présidentiels

Il y a 46 ans jour pour jour, Le Canard enchaîné publiait une des pages les plus corrosives de son histoire africaine : un feu nourri dirigé contre Jean-Bedel Bokassa, empereur mégalomane de Centrafrique, et Valéry Giscard d’Estaing, président raffiné de la République française… mais amateur de safaris, de chasses exotiques — et, semble-t-il, de cadeaux inestimables.

L’affaire n’est pas encore connue sous le nom que lui donnera la postérité — les diamants de Bokassa — mais elle couve déjà dans ces colonnes, où Le Canard aligne des titres qui tuent :

« Bokassa, Giscard : à chacun ses safaris »,
« Croqueur de diams »,
« Papa Bok »,
« L’école du crime »,
et, en ouverture, ce résumé brutal :
« L’empereur dont les tueurs reçoivent leurs salaires du gouvernement français ».

Sous la plume d’une bonne partie de la rédaction, c’est une mécanique de compromissions qui est démontée : le soutien officiel de la France à un dictateur sanguinaire, les complaisances diplomatiques, les petits arrangements de la Françafrique.

Bokassa, qui s’autoproclamera empereur en 1977 dans un sacre d’opérette financé par la France, n’a pas encore été lâché par Giscard. Mais Le Canard, lui, ne lâche rien.

Il y a de l’encre, du sang, des vers du « Petit Poète » (Bacri), et même un article intitulé « Un pionnier du transport aérien », qui exhume une affaire de 1975 au sujet de la disparition d’une hôtesse de l’air engagée par Bokassa pour la Super-Caravelle qui lui avait été offerte par Giscard.

Fumet de scandale ? Fumet d’État.

Si vous ouvrez les narines, l’édition du 23 mai 1979 sent la poudre et la cellulose diplomatique : une « enquête à haute température », comme Le Canard savait les livrer, bien avant l’ère des fuites numériques.