Mai 68 : Quand le Canard chanta chez Combat
Le 30 mai 1968, en plein cœur des grèves qui bloquaient le pays, Le Canard enchaîné ne put paraître. Mais la plume est têtue : pour ne pas laisser la voix satirique s’éteindre, le quotidien Combat a généreusement ouvert ses colonnes aux rédacteurs du « Canard ». Ce fut un petit miracle de presse libre, un pied de nez à la censure et aux silences imposés par le climat de crise.
Tréno : « Ah ! que la République était belle sous de Gaulle ! »
Dans cet article, Tréno fait revivre les illusions de grandeur du pouvoir en place. Il se souvient du 13 mai 1958, de la peur des barricades, et raille le théâtre politique : « La République était si belle qu’il suffisait de la regarder pour qu’elle s’écroule. » Son ironie met en lumière la résignation de ceux qui, déjà, s’apprêtaient à s’en remettre à un « sauveur ».
Ribaud : « Triste et terrible fin du règne »
De son côté, André Ribaud signe un texte plus grave, presque élégiaque. Il évoque le général de Gaulle, seul et assiégé dans son palais : « Dans l’ombre des colonnes, le vieux chef se tait, pendant que la rue gronde. » Ribaud brosse ainsi le portrait d’un règne à l’agonie, sans pathos mais avec la lucidité d’un chroniqueur qui sait que le pouvoir, un jour ou l’autre, s’effondre toujours.
Un 30 mai en forme de pied de nez
Ces deux articles, hébergés par « Combat », témoignent d’une parole satirique qui refuse de se taire. Ils rappellent que même quand les rotatives sont à l’arrêt, les mots restent des armes pour rire et résister.