N° 329 du Canard Enchaîné – 18 Octobre 1922
N° 329 du Canard Enchaîné – 18 Octobre 1922
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Le coup de minuit – Une République à l’heure des comptes
Dans son numéro du 18 octobre 1922, Le Canard enchaîné publie une Lanterne du Bouif intitulée « Le coup de minuit ». La formule, à la fois grave et populaire, sonne comme une métaphore : minuit, c’est l’heure où tout bascule, où les masques tombent et où la fête s’achève. Avec sa gouaille coutumière, Georges de La Fouchardière dépeint une République qui s’enivre de discours et de faux-semblants, mais qui voit approcher le moment de vérité. Dans ce texte, l’humour n’adoucit pas la charge : il l’accentue, en transformant la cloche de minuit en rappel satirique que le temps des illusions est fini.
Fumées à l’instar, dessin à la une de Varé
manque au centre le long du pli, restaurations
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
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Minuit sonne pour la République
Le Bouif et l’art d’annoncer la fin des illusions
Le 18 octobre 1922, Le Canard enchaîné publie une chronique de Georges de La Fouchardière dans sa rubrique phare, La Lanterne du Bouif, sous le titre « Le coup de minuit ». Derrière cette image simple, familière à tous, se déploie une critique profonde de la vie politique française de l’après-guerre.
Le choix de « minuit » est riche de sens. C’est l’heure fatidique où l’on ferme les cafés, où les bals cessent, où l’on rentre chez soi. Mais c’est aussi l’heure des contes populaires, où les carrosses redeviennent citrouilles et les enchantements se dissipent. Pour le Bouif, cette métaphore s’applique à la République : après des années de grands discours, de cérémonies patriotiques et de promesses, voici venu le temps de constater la réalité. Et la réalité est moins brillante : difficultés économiques, frustrations sociales, rancunes politiques.
L’ironie de de La Fouchardière se déploie dans le contraste. Là où les officiels veulent croire à une République festive, unie et prospère, le Bouif rappelle que minuit sonne aussi l’heure des comptes. Il se fait la voix du bon sens populaire, celui qui ne s’illusionne pas longtemps et qui, derrière les flonflons, voit les problèmes réels.
La force de cette chronique réside dans son rythme. Chaque image rapproche la vie ordinaire — le cabaret, la cloche, la rue à l’heure tardive — de la grande politique. Le lecteur rit de cette comparaison, mais il comprend que le rire révèle une vérité : les dirigeants peuvent prolonger la fête, mais ils ne peuvent empêcher l’horloge de tourner.
En octobre 1922, ce texte s’inscrit dans une période de désenchantement. L’après-guerre, qui devait être celui d’un renouveau, s’avère plein de contradictions. Les anciens combattants attendent toujours reconnaissance et soutien, les scandales financiers ternissent la vie publique, et la société peine à se réconcilier. Avec « Le coup de minuit », le Canard résume cette situation d’un mot : l’heure des illusions est passée.
La lanterne du Bouif éclaire donc moins un événement ponctuel qu’un climat général. En riant avec lui, les lecteurs comprennent que minuit sonne aussi pour la République : il est temps d’affronter la réalité sans faux-semblants.





