Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 746 du Canard Enchaîné – 15 Octobre 1930

N° 746 du Canard Enchaîné – 15 Octobre 1930

69,00 

En stock

15 octobre 1930 — “Sacré Gustave” : quand Le Canard taille un costard à Gustave Hervé

De la faucille au sabre : itinéraire d’un renégat

Ancien pacifiste devenu patriote hystérique, Gustave Hervé célèbre les Casques d’acier allemands comme des “frères d’âme” des nationalistes français. Pierre Bénard s’en amuse et s’en indigne : entre ricanement et démontage idéologique, Le Canard expose la dérive fascisante d’un ex-révolutionnaire qui, du drapeau rouge au drapeau tricolore, a surtout gardé le goût du délire.
Victoire, dessin de Pruvost.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Sacré Gustave

Le 15 octobre 1930, Le Canard enchaîné publie à sa une un article signé Pierre Bénard, au titre moqueur : « Sacré Gustave ». Le “Gustave” en question n’est autre que Gustave Hervé, ancien militant socialiste révolutionnaire devenu, après la guerre, un ardent nationaliste — et l’un des plus spectaculaires retournements idéologiques de la IIIᵉ République. L’article, enjoué dans sa forme, est féroce dans son fond : Bénard y démonte la métamorphose d’un ancien “rouge” passé du drapeau rouge au drapeau tricolore, et aujourd’hui compagnon de route de l’extrême droite française.

En octobre 1930, Hervé dirige le journal La Victoire, organe ultra-patriotique proche des ligues nationalistes. Dans un éditorial du 7 octobre, il vient de saluer avec émotion les Casques d’acier allemands, anciens combattants de la Reichswehr défilant à Coblence, qu’il présente comme des “patriotes exaltés”, frères d’âme des nationalistes français. “Ils sont l’élite de l’Allemagne, comme nous prétendons être l’élite de la France.” Cette phrase, qui se veut noble, provoque l’hilarité et l’indignation de Bénard : comment peut-on, quinze ans après la guerre, trouver des “affinités profondes” avec les nostalgiques de l’Empire allemand ?

La réponse du Canard est cinglante. Bénard adopte le ton d’un dialogue familier : “Gustave, t’es beau. Gustave, je t’adore. Gustave, tu n’en rates pas une.” Derrière la gouaille, il y a un véritable procès politique. Hervé est renvoyé à ses contradictions : jadis pacifiste antimilitariste, emprisonné pour avoir crié “À bas la guerre !”, il se retrouve en 1930 à glorifier les anciens soldats de l’ennemi. Bénard résume la métamorphose en une phrase assassine : “Jadis, il plantait le drapeau dans ce que vous savez. Maintenant, il le tient à la main.” Le jeu de mots, trivial et irrésistible, clôt le portrait d’un homme devenu caricature de lui-même : un “repenti” qui, du drapeau rouge, a glissé au drapeau tricolore… sans jamais renoncer à la démesure.

Mais l’article ne s’arrête pas à la moquerie : il épingle aussi l’ensemble du camp nationaliste français. En feignant d’adresser une leçon d’“éthique patriotique” à Hervé, Bénard souligne le double discours de la droite extrême : quand un nationaliste allemand réclame revanche et purification, c’est un “vandale ivre de carnage” ; quand un nationaliste français frappe un intellectuel dreyfusard, c’est un “défenseur de l’honneur et de la patrie”. Le Canard renverse ainsi la logique de la morale patriotarde : le fascisme, qu’il soit allemand ou français, reste le même, simplement travesti.

À travers cette charge, Bénard cible plus largement la dérive fascisante d’une partie de la droite française à la fin des années 1920 : celle de Léon Daudet, de L’Action française et de journaux comme La Victoire, qui flattent les régimes autoritaires sous couvert d’ordre et de patriotisme. Dans un contexte où la crise économique mondiale commence à secouer la France, où la peur du communisme alimente les discours musclés, Le Canard défend la satire comme arme civique.

Avec “Sacré Gustave”, Bénard signe un texte bref, vif, d’une intelligence grinçante. C’est du grand Canard : la verve populaire au service d’une analyse politique lucide, le rire comme scalpel du mensonge.