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N° 795 du Canard Enchaîné – 23 Septembre 1931

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23 septembre 1931 — Ovations sur commande pour Paul Reynaud

Drégerin démonte la comédie coloniale en Indochine

En pleine tournée triomphale en Asie, le ministre des Colonies Paul Reynaud reçoit « d’innombrables ovations spontanées ». Drégerin, pince-sans-rire, raconte comment les autorités locales répètent les applaudissements, gonflent les cocotiers et cirent les mandarins. Une satire hilarante et lucide de la propagande impériale, dans une France qui fête encore son Empire pendant que la crise s’installe.

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L’Indochine prépare à M. Paul Reynaud d’innombrables ovations spontanées

Dans son édition du 23 septembre 1931, Le Canard enchaîné publie en page 3 un article signé Drégerin, intitulé « L’Indochine prépare à M. Paul Reynaud d’innombrables ovations spontanées ». Le titre suffit à donner le ton : une charge féroce contre la propagande coloniale et la mise en scène grotesque de la ferveur impériale autour du ministre des Colonies.

En cette rentrée de 1931, Paul Reynaud, député de la Haute-Loire, est membre du gouvernement Laval et ministre des Colonies depuis janvier. Son portefeuille est au cœur de l’actualité : quelques mois plus tôt, la France a organisé à Paris la fastueuse Exposition coloniale internationale, vitrine de l’Empire et justification « civilisatrice » de la domination française. À peine les lampions de Vincennes éteints, voilà le ministre en tournée triomphale en Asie : un long voyage officiel en Indochine, à Ceylan et jusqu’à Djibouti, censé raffermir le prestige français à l’étranger et glorifier les bienfaits du régime colonial.

C’est précisément cette grandiloquence que Drégerin s’emploie à dynamiter. Il feint d’adopter le ton d’un journaliste enthousiaste, accumulant les superlatifs et les clichés de la presse d’État : « Depuis quelques jours, les nouvelles reçues par câble de M. Paul Reynaud, actuellement en route pour l’Indochine, sont franchement meilleures. » L’ironie fuse dès les premières lignes : la « tournée triomphale » du ministre, ponctuée d’« innombrables ovations spontanées », devient une suite d’incidents cocasses, d’erreurs de protocole et de flatteries mal orchestrées.

Le comique repose sur la logique de l’absurde administratif. À chaque escale, tout semble réglé pour garantir un succès… artificiel : « Pendant ce temps, les derniers préparatifs sont activement poussés par le gouverneur général Pasquier, afin que rien ne soit laissé au hasard à l’arrivée de l’illustre visiteur. » Même les ovations sont minutieusement planifiées. La spontanéité, ici, est un produit de bureau : on fait répéter la « police indigène » et l’on dresse des banderoles de bienvenue en carton-pâte. Les « mandarins coiffés de faux-col Polonéo de 12 centimètres de hauteur » deviennent les figurants d’une comédie coloniale.

Sous le vernis humoristique, Le Canard livre une satire féroce de la mise en scène impériale : tout est faux, fabriqué, chorégraphié — jusqu’aux acclamations et à la ferveur des foules. L’article moque cette hypocrisie en insistant sur les détails grotesques : Reynaud, victime de la chaleur, est décrit allongé dans sa cabine « avec des serviettes mouillées sur l’estomac » ; les indigènes, censés incarner la gratitude coloniale, sont « entraînés » à acclamer leur maître. La caricature de Guilac, placée au centre de la page, renforce cette impression : une foule de figurants agitant mollement des pancartes « Vive Paul Reynaud » devant un port décoré de cocotiers en carton.

Le texte, sous ses airs légers, s’inscrit dans une critique constante du Canard contre la politique coloniale française. Depuis la Première Guerre mondiale, le journal raille la rhétorique paternaliste et les cérémonies de façade qui masquent les tensions sociales et les révoltes locales. En 1931, alors que la crise économique frappe la métropole et que le nationalisme monte en Asie, cette satire prend une résonance particulière. La tournée asiatique du ministre, censée conforter l’autorité de la France, apparaît ici comme une fuite en avant symbolique : un empire en déclin qui se regarde défiler.

La chute du texte, d’un humour sec, achève la démolition : « La fête continuera. » Rien ne change, tout recommence — une farce sans fin, où le colonialisme s’auto-célèbre jusqu’au ridicule.

Par la plume fine et ironique de Drégerin, Le Canard enchaîné transforme un banal communiqué ministériel en un chef-d’œuvre de dérision politique. Derrière le rire, une lucidité mordante : celle d’un journal qui voit déjà, sous les cocotiers de pacotille et les banderoles en carton, poindre la faillite morale de l’empire français.