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N° 836 du Canard Enchaîné – 6 Juillet 1932

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6 juillet 1932 : Roosevelt triomphe à Chicago, Poincaré renaît sur la “route de Bordeaux” — et Le Canard enchaîné taille dans les deux. Jules Rivet transforme le congrès démocrate en bagarre de saloon, Salardenne tourne la commémoration française en opérette patriotique. Deux continents, un même spectacle : celui d’une politique devenue théâtre.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

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Cette présentation est déclinée en 2 options :

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6 juillet 1932 : quand Le Canard enchaîné tourne en dérision Roosevelt et la pompe républicaine à la française

L’édition du 6 juillet 1932 du Canard enchaîné juxtapose deux morceaux de bravoure satirique : à gauche, un faux reportage de Jules Rivet sur le congrès démocrate de Chicago qui désigne Franklin D. Roosevelt candidat à la présidence des États-Unis ; à droite, un récit de Roger Salardenne sur l’inauguration officielle de la “route de Bordeaux”, en hommage à la retraite du gouvernement Poincaré en 1914. Deux chroniques, deux mondes — mais une même verve : celle d’un Canard qui, en plein été 1932, observe le vieux et le nouveau monde sombrer dans la comédie.

Chez Rivet, l’Amérique apparaît comme un cirque démocratique en plein délire. Sous le titre « La victoire de M. Franklin-Roosevelt est une défaite pour M. Smith », le journaliste transforme la Convention de Chicago en bagarre de saloon. Les candidats sont éliminés « soit au scrutin public, soit au lasso, soit à coups de revolver » ; les délégués se “votent” mutuellement à coups de bouteilles de whisky ; Roosevelt lui-même s’illustre dans une tirade burlesque, déclarant vouloir “boxer en public” son concurrent. Le dessin de Guilac, où des congressistes se battent sous un lustre qui s’effondre, parachève la scène : une démocratie réduite à une foire, ivre de bruit, de bière et de contradictions.

Rivet, qui fut un grand reporter avant de devenir humoriste, vise juste. En 1932, les États-Unis sont ravagés par la Grande Dépression : chômage massif, faillites bancaires, files de miséreux. La convention démocrate de Chicago a pourtant quelque chose de solennel : elle doit désigner l’homme capable de redonner confiance au pays. Mais dans la version du Canard, cette tragédie devient vaudeville. L’article tourne en dérision la ferveur démocratique, les rituels d’un système électoral perçu depuis la France comme un théâtre absurde. Rivet y glisse un humour noir d’une précision politique : au moment où Roosevelt promet un “New Deal”, le Canard n’y voit encore qu’un numéro de cirque américain, saturé de violence et de spectacle.

La chute de l’article est d’un cynisme parfait. Après l’élection de Roosevelt, “plusieurs nègres ont été lynchés, trois savants ont été vendus à la France sous la forme de films gags, cinq banquiers ont marié leurs filles à des employés loyaux”. Le trait est terrible, mais révélateur : derrière la satire se dessine un double procès — celui de l’Amérique et celui du mythe démocratique lui-même. Le progrès politique y ressemble à un film burlesque qui finit dans le sang.

Face à ce carnaval transatlantique, l’article voisin de Roger Salardenne« On a inauguré officiellement la route de Bordeaux » — ramène le lecteur à la France, sans quitter l’absurde. L’auteur y raconte la reconstitution d’un trajet historique : celui emprunté en 1914 par le gouvernement français quittant Paris pour Bordeaux, au moment où l’armée allemande approchait. Dix-huit ans plus tard, le sous-secrétaire d’État au Tourisme, M. Gourdeau, rejoue la scène “comme en 1914”, drapeaux au vent, haltes officielles et banquets commémoratifs à chaque étape.

Salardenne excelle ici dans le pastiche du reportage patriotique : le cortège “jalonné de bornes rappelant le passé glorieux”, les statues de Poincaré “fixant l’œil droit sur nos frontières de l’Est et l’œil gauche sur Bordeaux”, la population “maintenue sur les trottoirs par un imposant service d’ordre”… Tout respire la grandiloquence dérisoire d’une République qui se regarde dans le miroir de son propre pathos. Et quand le ministre exprime le désir de “rentrer le soir même à Paris”, le journaliste conclut : “Déjà ? En 14, ils sont restés plus longtemps que ça !” La farce est totale : la mémoire nationale devient une cérémonie d’autosatisfaction, vidée de tout sens historique.

Ces deux textes, lus ensemble, forment une véritable leçon de géopolitique satirique. L’un montre la démocratie américaine comme un pugilat de cow-boys ; l’autre décrit la République française comme une machine à s’autocélébrer. Dans les deux cas, le monde politique n’apparaît plus que comme un spectacle : là-bas, la foire des ambitions ; ici, la procession des vanités. En cet été 1932, le Canard enchaîné ne voit guère de différence entre un candidat du Nouveau Monde et un ministre du Vieux Continent — sinon que le premier tire au revolver, quand le second inaugure des routes.

À l’arrière-plan, pourtant, l’histoire s’accélère. En Allemagne, Hitler s’apprête à remporter les élections de juillet ; en France, la crise économique mine le gouvernement Herriot. Entre les convulsions du capitalisme américain et le ronron administratif de la Troisième République, Le Canard choisit son arme : le rire. Mais ce rire, en 1932, sonne comme une alarme.