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N° 887 du Canard Enchaîné – 28 Juin 1933

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1960

En juin 1933, Pierre Bénard signe dans Le Canard enchaîné un article visionnaire : « 1960 ». Sous couvert d’une fantaisie futuriste, il y croque une société française pétrifiée dans ses vanités : académiciens momifiés, journalistes décorés, progrès de pacotille. Tout change, sauf la bêtise. Bénard anticipe un monde où la modernité se confond avec la répétition, où le confort remplace la pensée. Derrière le rire, un constat implacable : si l’avenir ressemble au présent, c’est qu’on aura cessé de penser — et commencé à dîner.

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“1960” ou le futur vu par Bénard : la satire d’un progrès sans âme

Le 28 juin 1933, Le Canard enchaîné publie un article étonnant, presque visionnaire, signé Pierre Bénard. Son titre : « 1960 ».
L’année est alors lointaine, presque inconcevable pour un lecteur de 1933. Et pourtant, Bénard y entraîne son public comme dans une excursion ironique à travers le futur : Paris, la République, la culture et la “civilisation” y sont projetés dans un avenir où le progrès technique a tout envahi, sauf l’esprit.

Sous des allures de fantaisie légère, cette chronique est une dystopie douce-amère, une critique du modernisme bourgeois et de la mécanisation du monde, vue depuis une époque déjà lasse d’elle-même.


Le futur selon le boulevard

Nous sommes en 1960, annonce Bénard, et Paris n’a rien perdu de ses habitudes — seulement de sa raison.
Les “dîners du mois” se tiennent toujours “chez Lipp ou au Dôme”, mais désormais sous les néons électriques, au son des orchestres radiophoniques. Les journalistes, écrivains et politiciens se retrouvent pour commenter “les fêtes et les galas de 1960” comme leurs ancêtres d’avant-guerre.
Le style, lui, n’a pas changé : un mélange d’ironie et de constat lucide.

« Ce fut une de ces soirées où se montrent à la fois le cœur et l’élégance de Paris. »

Tout y passe : la mondanité, les discours creux, les décorations inutiles, les hiérarchies sociales reconstituées. Bénard feint d’en être le chroniqueur pour mieux exposer l’immuable sottise des puissants — ces “jeunes gens de soixante ans” qui se congratulent sur le “retour des valeurs d’antan”.

Ce futur n’a rien d’utopique : c’est une projection satirique du présent. 1960, c’est 1933 à peine repeint. Les mêmes visages, les mêmes réflexes, la même comédie des honneurs.


Les dîners de l’Académie du conformisme

L’un des morceaux les plus savoureux est celui où Bénard imagine le dîner annuel de la Société des moins de trente ans, fondée “en 1920” et composée de vieillards décorés.
L’auteur y raille la fausse jeunesse des élites, ce culte de la modernité figée :

« Les moins de trente ans se sont réunis comme d’habitude sous la présidence de M. Pierre Benoit. »

Tout l’humour de Bénard réside dans cette inversion : une société censée incarner le renouveau, mais dirigée par des momies académiques.
Les “moins de trente ans” sont, bien sûr, les plus de soixante, tout comme la France “républicaine” de 1933 est encore gouvernée par les mêmes notables de 1910.

La satire vise large : les académiciens, les journalistes, les universitaires, les politiciens, tous transformés en gardiens du formol.
Même la création littéraire y semble empaillée : on y célèbre le retour de M. Louis-Ferdinand Céline à l’Académie française — ironie mordante quand on songe qu’en 1933, Voyage au bout de la nuit venait tout juste de secouer le monde littéraire.

Bénard s’amuse à faire défiler les fantômes : Cocteau, Maurois, Duhamel, Bernanos, chacun promu au rang de totem officiel. Dans cette République du futur, l’art est devenu protocole et la révolte, décoration.


L’avenir vu d’un monde sans avenir

L’ironie de Bénard fonctionne parce qu’elle s’appuie sur une profonde lucidité historique.
En 1933, la France est en crise : crise économique, crise de confiance politique, crise du modèle républicain. La IIIᵉ République s’enlise dans la routine parlementaire et la peur de l’inconnu, pendant qu’en Allemagne, Hitler transforme la modernité en cauchemar industriel.
Pourtant, à Paris, la bourgeoisie intellectuelle continue à se mirer dans le passé : on célèbre les “dîners du Siècle”, les “Salons de l’Auto”, la “modernité française” comme un bibelot.

Bénard, en journaliste clairvoyant, comprend que ce futur-là — futur d’un confort bourgeois et d’une vanité satisfaite — n’a rien à envier au présent.
Son article devient alors une satire de l’immobilisme national : derrière le vernis du progrès, la France est déjà vieille.


Le rire contre le déclin

Dans les dernières lignes, Bénard pousse le trait jusqu’à l’absurde.
On y voit une France où la science a remplacé la pensée, où les décorations s’autodistribuent, où les écrivains “automatiques” publient à la machine leurs “œuvres complètes”, et où la guerre n’est plus qu’un sujet de conversation mondaine.

« On n’a plus de petits hobereaux, dit-il, mais il y a des généraux de la publicité. »

La charge est double : contre le militarisme, mais aussi contre la publicité triomphante, nouvelle idole du siècle.
Bénard entrevoit déjà ce que l’on appellera, trente ans plus tard, “la société de consommation” — celle qui fera de 1960 une réalité bien plus terne que sa fiction.

Sous son humour, un avertissement : quand le progrès ne produit que de la répétition, il devient régression. Et quand la satire anticipe, elle ne prédit pas, elle met en garde.


Une satire prémonitoire

En 1933, Bénard n’imagine pas les fusées, la télévision ou le transistor. Il imagine pire : un monde qui ne change pas.
Son “1960” est une caricature figée de la société de son temps, condamnée à rejouer éternellement la même comédie.
Cette chronique, l’une de ses plus brillantes, est aussi un miroir tendu à ses contemporains : l’avenir ne sera neuf que si le présent cesse d’être vieux.

Soixante-dix ans plus tard, la formule n’a rien perdu de sa justesse.