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N° 889 du Canard Enchaîné – 12 Juillet 1933

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Lettre à Maurice de Waleffe

Le 12 juillet 1933, Le Canard enchaîné publie une lettre incendiaire de Pierre Bénard adressée à Maurice de Waleffe, journaliste mondain et patriote de salon. Sous prétexte de débattre de natalité, Bénard démonte la logique absurde d’un nationalisme comptable : chaque enfant français y devient un futur soldat. Entre sarcasmes et gifles verbales, il démasque un patriote d’opérette, plus prompt à envoyer les autres au front qu’à quitter son fauteuil. Une leçon d’esprit libre : en 1933 déjà, Le Canard refusait de confondre amour de la France et haine des hommes.

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Pierre Bénard règle ses comptes avec Maurice de Waleffe : satire d’un patriote à courte vue

Le 12 juillet 1933, Le Canard enchaîné publie à sa une une lettre ouverte d’une ironie féroce, signée Pierre Bénard, adressée à l’un des journalistes les plus en vue de la presse conservatrice : Maurice de Waleffe.
Sous couvert de badinage, cette « Lettre à Maurice de Waleffe » est un démontage méthodique de la bêtise nationaliste et du moralisme hypocrite qui dominent alors une partie de la presse bourgeoise.
Dans la ligne droite du Canard des années 30, Bénard manie ici l’ironie comme une arme d’hygiène publique.


Maurice de Waleffe, plume patriote et provocatrice

Né en 1874, Maurice de Waleffe est alors un polémiste connu, fondateur des concours de « Miss France », chroniqueur mondain à Paris-Midi et à Paris-Soir, mais aussi propagandiste nationaliste virulent.
Dans un récent article, il avait traité un sujet en apparence anodin : la natalité.
Mais, sous sa plume, ce thème démographique se transformait en véritable croisade patriotique : chaque naissance devait être vue comme une victoire militaire, chaque enfant français comme un « soldat en puissance » prêt à défendre l’Alsace-Lorraine.

C’est ce délire statistico-militaire que Bénard démonte avec brio.


Une lettre en forme de scalpel

Bénard commence par un tutoiement moqueur :

« Mon cher Kartoffel, vous me permettrez de vous appeler ainsi, puisque c’est en somme votre nom. »

En renommant Waleffe d’un mot allemand — Kartoffel, la pomme de terre —, il le renvoie à sa propre caricature : un patriote obsédé par l’Allemagne au point d’en devenir la copie grotesque.
Tout au long de la lettre, Bénard alterne la familiarité narquoise et la précision assassine. Il feint l’amitié pour mieux souligner la petitesse morale de son adversaire :

« Je n’ose pas vous donner votre nom. Je n’ai pas votre culot. »

Derrière le ton badin, la stratégie est claire : exposer Waleffe au ridicule, non pas comme idéologue, mais comme personnage de farce — vaniteux, obtus, incapable d’un raisonnement humain.


L’enfant, soldat de Waleffe

Au cœur du texte, Bénard cite et démonte la thèse de son confrère :

« Il naît encore trois petits soldats allemands quand il naît deux petits Français. »

L’argument de Waleffe est d’une simplicité barbare : plus d’enfants = plus de baïonnettes.
Bénard y répond par le rire :

« Vous n’imaginez pas qu’on puisse avoir un enfant parce qu’on l’aime, parce qu’on le désire, ou même parce que ce soir-là on n’a pas fait attention. »

Sous le sarcasme, une véritable critique de civilisation : la natalité n’est pas un devoir de guerre, c’est un fait de vie. En réduisant les naissances à des additions d’armes, Waleffe transforme la chair en acier.
Et Bénard, d’un coup de plume, rend l’absurde évident :

« Un enfant, ça doit être un petit militaire ; incapable de montrer les dents, il doit déjà serrer les poings. »

Cette inversion grotesque, où le nourrisson devient soldat, révèle la logique meurtrière du nationalisme ordinaire : l’enfant n’est plus un être, mais une munition.


Un patriote d’opérette

Bénard n’en reste pas à l’idéologie ; il attaque l’homme.
Il rappelle que Waleffe, avant 1914, réclamait « qu’on en finisse avec Jaurès » — allusion directe à l’assassinat du tribun pacifiste.
Puis, lorsque la guerre éclate, il chante la gloire du front tout en restant à Paris :

« C’est rigolo de votre part, vous qui ne vous êtes jamais rien foulé. »

L’accusation est redoutable : Waleffe prêche le sacrifice qu’il n’a jamais connu.
Et quand il ne reste plus de poilus à glorifier, il se recycle dans l’organisation de concours de beauté, envoyant désormais les filles “en Amérique” plutôt que les garçons au front.
Bénard mord :

« Un garçon, c’est deux poings vers l’Allemagne ; une fille, c’est une paire de fesses pour les Américains. »

Tout est dit : derrière le patriote, un marchand de chair, un cynique recyclé du nationalisme au divertissement.


Le fiel sous le rire

Dans son ultime paragraphe, Bénard abat le masque :

« Entre nous, voyons, est-ce que tu n’es pas simplement un petit peu, oh ! un tout petit peu, salaud ? »

La question tombe comme une gifle. Ce “petit peu” achève le portrait : pas le grand salaud de l’Histoire, non, mais le salaud banal, celui qui confond morale et opportunisme, patrie et business.
C’est cette médiocrité, si française, que Bénard fustige.


Le Canard contre la guerre des ventres

En 1933, l’Europe bruisse déjà de rumeurs de revanche. En Allemagne, Hitler vient d’accéder au pouvoir ; en France, les nationalistes réchauffent leurs vieux slogans démographiques et militaristes.
Le Canard enchaîné, fidèle à sa tradition pacifiste, s’attaque ici non seulement à un homme, mais à une idée du patriotisme : celle qui transforme la peur en vertu.
La lettre de Bénard est plus qu’un pamphlet ; c’est un antidote contre la contagion du chauvinisme.
Derrière la drôlerie, on entend le grondement d’un monde qui recommence à se préparer à la guerre — et la voix d’un journal qui refuse d’en rire.