N° 1248 du Canard Enchaîné – 29 Mai 1940
N° 1248 du Canard Enchaîné – 29 Mai 1940
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CONSEILS pour ces temps – par Pierre Bénard –
Ils s’adressent, naturellement, aux civils. Et à ceux qui voudront bien les suivre, comme de bien entendu. Car chacun est libre.
— Achetez votre journal comme d’habitude, mais ne le lisez pas. À moins qu’il n’y ait un conte. Les contes sont les seules choses agréables, aujourd’hui.
Surtout les contes qui finissent bien.
Ne lisez surtout pas les articles des critiques militaires. Car il y a des critiques militaires comme il y a des critiques dramatiques. Il est vrai qu’on s’obstine à appeler la bataille un théâtre d’opérations.
Parlez le moins possible.
N’écoutez pas non plus. Parce que c’est toujours très laid d’avoir l’air de guetter les conversations d’autrui. Et puis, comme vous êtes bien élevé, vous n’oserez pas écouter de façon trop marquée. Alors vous entendrez mal.
Entendant mal, vous comprendrez tout de travers. Et c’est ce qu’il est préférable d’éviter.
Si vous tenez absolument à parler, évitez la conversation d’un homme intelligent. L’homme intelligent est particulièrement redoutable. L’homme intelligent cherche à tout expliquer. C’est une erreur dans un moment où on n’y comprend plus rien.
Fuyez, surtout, l’homme bien renseigné. Il sait bien, ou il sait mal. De toutes façons, il n’est jamais drôle.
À la rigueur, parlez plutôt à un imbécile. Un imbécile peut ne pas être rigolo. Mais vous pouvez toujours penser : « C’est un imbécile ! » Pierre Bénard.
Numéro imprimé sur 2 pages (au lieu de 4), à cause de la censure, cherté et rareté du papier…
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