N° 1637 du Canard Enchaîné – 5 Mars 1952
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L’article « L’Heure de la Pénitence » de Morvan Lebesque, publié dans Le Canard enchaîné le 5 mars 1952, déploie une ironie mordante pour dénoncer l’auto-flagellation morale de la société française d’après-guerre. Lebesque s’en prend à l’esprit de contrition ambiante, qu’il décrit comme une théâtralisation excessive de la culpabilité collective.
Dès l’ouverture, le ton est donné : l’auteur raille les « Mains-Jointes » et les « Moralistes-Pas-Morts », ces figures incarnant le repentir public, prônant une France austère et ascétique, comme si la pénitence était devenue une valeur nationale. Il évoque une époque marquée par la « tragique insouciance », où l’on reproche au peuple d’avoir osé manger, boire et vivre.
Lebesque évoque ensuite un épisode particulier d’hypocrisie morale : un colonel écrivant sous pseudonyme sur les vertus d’une vie spartiate, tout en régalant son entourage de repas somptueux. Cette anecdote illustre l’écart entre les discours moralisateurs et les pratiques réelles, mettant en lumière le décalage grotesque entre les élites et le peuple.
L’auteur élargit ensuite sa critique à un contexte plus large, fustigeant les nouveaux prêtres du chiffre et de la statistique, surgis des institutions publiques et privées. Ces figures imposent une austérité économique et sociale sous couvert de redressement national, tout en répétant à l’envi que la France doit souffrir pour expier ses fautes. Une satire percutante s’attaque au poids de l’héritage moral et économique transmis par les grandes figures du passé, de Thiers à Flandin.
Lebesque ne s’arrête pas là et moque également la presse, citant *La Croix*, qui prône une attitude quasi mystique face aux difficultés, avec des références à un modèle anglais idéalisé. Le sarcasme atteint son apogée lorsque l’auteur imagine un peuple français mortifié, privé de tout plaisir, condamné à jeûner tristement et à incarner une forme caricaturale de vertu.
Dans une conclusion grinçante, Lebesque résume l’état d’esprit d’une société oscillant entre une nostalgie du passé et une résignation face à l’avenir. Il décrit un retour forcé à un mode de vie frugal, où le Français idéal devient un modèle de docilité et d’abnégation, symbole de l’ordre moral d’après-guerre.
Cet article illustre brillamment le talent de Morvan Lebesque à mêler satire et critique sociale, dénonçant l’hypocrisie des élites et le poids des injonctions morales dans une France en quête de rédemption après les tumultes de la Seconde Guerre mondiale.
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Conservation
Nos Exemplaires du Canard Enchaîné sont archivés dans de bonnes conditions de conservation (obscurité, hygrométrie maitrisée et faible température), ce qui s'avère indispensable pour des journaux anciens.
Lumière
Obscurité complète. Les UV agissent sur la lignine du papier et opèrent un jaunissement, souvent visible sur des journaux pliés et empilés, ne voyant la lumière du jour que sur la tranche...Le jaunissement s'accentue avec le temps et rend le papier cassant (casse de la fibre de cellulose) et fragilisé au bout de quelques années.
Hygrométrie
le taux est compris entre 45 et 65 %. Un taux trop bas entraîne un dessèchement du papier, ce qui le raidit et le rend cassant. A l'inverse, un taux trop élevé peut favoriser l'apparition de traces de moisissures.
Faible température
la température idéale pour la conservation de vieux papiers est comprise entre 16 et 20°C. Une température trop élevée peut aussi assécher le papier et le rendre cassant jusqu'à l'émiettement et accélérer les processus chimiques de dégradation du papier. Une température trop faible favorise l'augmentation du taux d'hygrométrie.
Stockage
Dans certaines circonstances, les collections de journaux non reliés présentent un fort risque de dégradation. Conservés en liasses, parfois ficelées, les fascicules sont en effet particulièrement sensibles aux contraintes mécaniques (tassement, pliures). Par ailleurs, le pliage en 4 est à proscrire : le papier est fortement fragilisé à la jonction des deux plis, formant après quelques années un trou, au milieu de chaque page. A fortiori, les pliages en 6 ou en 12 (longtemps utilisés pour les expéditions) génèrent d'importants dégâts sur le papier, dans le temps.
La pliure centrale des fascicules, déjà présente lors de leur diffusion et de leur vente, constitue souvent une zone de dégradation accélérée du support : on y observe un jaunissement précoce du papier, signe d’une acidité et d’une fragilité importante. Le maintien de cette pliure ne fait qu’accentuer le processus de dégradation, et se traduit par des risques élevés de déchirures à la manipulation.
Tous nos numéros sont stockés à plat et pliés seulement en 2 (le pli est horizontal). Certains numéros, parmi les plus anciens, sont archivés pleine page dépliée.
Les numéros d'avant-guerre, plus rares et donc proposés en quantités limitées, présentent souvent une usure, une fragilité plus importante. Les traces du temps, telles que jaunissement lié à l'insolation ou simplement la lumière, rousseurs, traces d'humidité, plis marqués, cassures du papier fréquemment dans les coins ou le long des plis, se sont plus ou moins installés sur ces publications dont le papier approche le siècle d'âge.
Ces numéros les plus anciens (de l'origine aux années 30), ont pu faire l'objet de restaurations, en fonction des besoins et dans les règles de l’art : réparations de déchirures, petits trous, renforcement des marges et des plis centraux au moyen de papier type Filmoplast, sans acide, reprise des faux plis au fer chaud.
Hormis les numéros d'avant-guerre, devenant relativement rares, les autres numéros sont écartés de notre stock dès lors qu'ils présentent ces défauts impossibles à corriger, comme des pliures marquées, jaunies ou cassantes, notamment en verticalité du journal.
Les photos des Unes présentées sur le site correspondent à celles des exemplaires originaux proposés à la vente, ou celle d'exemplaires de qualité de conservation équivalente. Elles sont prises en lumière naturelle, sans filtres, les teintes visibles à l'écran pouvant ne pas refléter parfaitement celles du papier.
L’évolution du format* du Journal
De 1916 à 1921 : 31 X 43 cm - 4 pages -
De 1921 à 1940 : 37 X 54 cm - 4 pages** -
De 1944 au 17 mars 1948 : 30 X 43 cm - 4 pages** -
Du 24 mars 1948 au 28 oct. 1964 : 38 X 58 cm - 4 pages, puis 6 pages à partir de 1957 -
Du 4 nov. 1964 au 10 février 1988 : 38 X 60 cm - 8 pages -
Du 17 février 1988 à 2005 : 36 X 58 cm - 8 pages -
*hors numéros spéciaux
** Quatre éditions sur 2 pages (en 1939,1940 & 1945), problèmes d'approvisionnement en papier, restrictions, censure,...