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N° 1704 du Canard Enchaîné – 17 Juin 1953

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Aux Mau-Mau les grands remèdes

Dans Le Canard enchaîné du 17 juin 1953, Jérôme Gauthier pulvérise le mythe de la “colonisation modèle” britannique au Kenya. À partir du reportage de Kessel, il montre les véritables méthodes de répression contre les Mau-Mau : villages rasés, tribunaux expéditifs, pendaisons, populations “filtrées”, châtiments d’une logique impitoyable. Sans absoudre la brutalité Mau-Mau, Gauthier démonte le système colonial anglais, qui transforme tout Kikuyu en suspect et toute justice en façade. Un texte féroce, lucide, qui rappelle que l’“École britannique” n’a de leçon à donner à personne — sinon en matière de terreur légale.

 

 

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« Aux Mau-Mau les grands remèdes » : Jérôme Gauthier brise le vernis de la “colonisation modèle” britannique

Un “pavé dans la mare” contre l’empire du silence

En page 2 du Canard enchaîné du 17 juin 1953, Jérôme Gauthier s’attaque à un tabou autant britannique que français : la violence coloniale au Kenya. Il part du reportage que Joseph Kessel vient de publier dans France-Soir sur la révolte Mau-Mau, mais, là où Kessel décrit, Gauthier juge. Il démonte la fiction rassurante d’une colonisation britannique “douce”, “propre”, “civilisée”, et montre au contraire un système de domination fondé sur les expropriations, la terreur judiciaire, les humiliations et les camps.

Nous sommes en 1953, au cœur de l’état d’urgence proclamé au Kenya. Les Mau-Mau — essentiellement des membres du peuple kikuyu — se révoltent contre la dépossession de leurs terres et les violences coloniales. La presse européenne oscille entre fascination, incompréhension et condamnation. Gauthier, lui, tranche : la barbarie se trouve “des deux côtés”, certes, mais la main la plus lourde, la plus légale, la plus organisée… c’est celle des Britanniques.

La démonstration commence par l’espace : le luxe des uns, la misère des autres

Le texte s’ouvre sur le contraste entre les domaines opulents des colons blancs — piscines, vergers, pelouses et “douceurs d’altitude” — et les “villages lépreux” des Kikuyu, décrits comme sordides par l’administration elle-même. Gauthier souligne l’interdit fondamental : les Kikuyu n’ont “pas le droit d’en franchir les limites sans permission écrite”, sous peine de prison.

Le système colonial n’est pas décrit comme “paternaliste”, mais comme une mécanique d’enfermement :

« Et la nuit venue, s’il en est trouvé un hors de sa case, on l’abat sans préavis. »

Ce n’est pas de la littérature : les archives britanniques, ouvertes quarante ans plus tard, confirmeront que ces pratiques ont bel et bien existé. Gauthier, lui, n’a pas besoin de recul historique. Il dénonce avec une froide colère.

La phrase qui résume tout : « Il faudrait les brûler tous, avec leurs milliers de milliers de Kikuyus dedans ! »

Cette phrase, attribuée à un colon anglais devant Kessel, est le pivot moral du texte. Gauthier la relève, l’encadre, l’expose. Elle répond à la propagande britannique qui présente les Mau-Mau comme des sauvages sanguinaires. Le Canard retourne l’accusation : si barbarie il y a — et elle existe — elle n’est pas l’apanage d’un seul camp.

Le journaliste met en parallèle les méthodes de répression britanniques :

* bulldozers rasant les villages entiers,
* civils contraints de reconstruire sous surveillance,
* “filtrage” des populations,
* arrestations arbitraires,
* tribunaux expéditifs,
* châtiments “d’un impeccable et gracieuse logique”.

La justice coloniale anglaise : une mise en scène de la domination

Une large partie du texte s’attarde sur ce que Gauthier appelle “l’École britannique”. Le terme, ironique, renvoie au mythe français d’une administration coloniale anglaise exemplaire. Il décrit les juges anglais du Kenya comme des Cipayes en perruque, réglant en quelques minutes le sort de prisonniers dont ils ignorent tout.

Il souligne les “formidables incidents” que Kessel lui-même n’explicite qu’à demi-mot : les coups de marteau des charpentiers en train de dresser, littéralement, des potences.

Les Britanniques, écrit Gauthier, préfèrent encore la pendaison à la flagellation, “beaucoup plus économique” mais “moins convaincante”. Il rappelle que les colons se moquent éperdument de la vérité :

« Qu’un Noir interrogé n’ait rien à révéler, rien à répondre, simplement parce qu’il ne sait rien, savez-vous ce qu’on en fait ? On le coffre. »

La logique est parfaite, implacable : il n’y a pas d’innocents, puisqu’il suffit d’arrêter quelqu’un pour le déclarer Mau-Mau.

Une leçon à la France : l’horreur coloniale n’est pas une spécialité exotique

Vers le milieu du texte, Gauthier glisse une digression volontairement brutale sur la “revanche de l’ordre” en France après la Commune et sur les exécutions sommaires de 1871.

« Nos grands-pères n’avaient rien vu : les Thiers, les Galliffet n’étaient que des petits garçons. »

Ce rappel n’est pas gratuit. Il sert à couper court à l’hypocrisie nationale qui voudrait dénoncer la violence coloniale britannique tout en fermant les yeux sur ses propres massacres passés — et présents, car la France mène en 1953 une guerre atroce en Indochine et une politique répressive en Afrique du Nord.

Une conclusion corrosive : tout le monde ment, mais certains tuent mieux que d’autres

Le texte se termine sur une phrase d’une ironie désespérée :

« Je ne dis pas, pas du tout, les affiliés Mau-Mau pour des petits saints. Mais vous me permettrez de penser que MM. les Anglais portent un drôle de chapeau en guise d’auréole… »

Gauthier renvoie ainsi dos à dos la violence des Mau-Mau — réelle, effrayante, ritualisée — et la violence britannique — planifiée, administrative, couverte par la loi. Le message est clair : la colonisation ne civilise pas, elle arme.

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