L’article signé Arsène Ex-Lupin, intitulé « Appellation non contrôlée » et publié dans Le Canard enchaîné du 25 avril 1956, déploie une satire mordante à propos de la généalogie des Grimaldi, tout en ouvrant un débat plus large sur les questions de légitimité, de filiation et d’hypocrisie institutionnelle.

L’article s’appuie sur un événement anecdotique, à savoir la publication par France-Soir de « l’arbre généalogique des Grimaldi », soigneusement expurgé des « branches folles ». Arsène Ex-Lupin y voit un exemple criant de l’effort constant pour masquer les réalités complexes et parfois embarrassantes de la filiation. Il ironise sur la prétention des familles royales à présenter un pedigree immaculé, en pointant notamment l’exclusion systématique des enfants dits « illégitimes » des lignées officielles. Cette réalité, qualifiée par l’auteur de « ségrégation qui n’ose pas dire son nom », est dénoncée à travers un ton caustique et des images savoureuses, comme celle des « bâtards routiers » ou encore des revendications de l’Association Internationale des Enfants Adultérins et Naturels (A.I.E.A.N.).

Dans une digression théologique empreinte d’une ironie douce-amère, l’auteur évoque les contradictions de l’Église catholique qui, tout en soutenant des traditions excluantes, doit son fondement même à « un enfant de l’Assistance Divine », Jésus, présenté ici comme le produit d’une filiation tout aussi paradoxale.

L’article réussit à mêler humour, critique sociale et réflexion sur les normes héritées. Sous des dehors légers, il s’attaque avec force à l’exclusion et au mépris dont sont souvent victimes les individus en marge des conventions établies. Cette chronique d’Arsène Ex-Lupin illustre, une fois encore, la capacité du Canard enchaîné à manier l’ironie pour poser un regard acéré sur les travers de son époque.