N° 1880 du Canard Enchaîné – 31 Octobre 1956
N° 1880 du Canard Enchaîné – 31 Octobre 1956
39,00 €
En stock
L’article de Jérôme Gauthier, publié dans Le Canard enchaîné du 31 octobre 1956 sous le titre « Après avoir hésité… », s’inscrit dans un moment clé du conflit algérien et des relations franco-arabes : l’interception par les autorités françaises du DC-4 transportant Ben Bella et ses compagnons à la conférence de Tunis. Cet épisode, qui marque un tournant dans la guerre d’indépendance algérienne, souligne la tension croissante entre la France et les aspirations nationalistes algériennes, tout en exacerbant les frictions entre Paris et le monde arabe.
Le récit de Gauthier s’articule autour de l’hésitation du commandant Grellier, pilote de l’appareil. Alors qu’il reçoit l’ordre des autorités françaises de détourner son avion vers Alger, Grellier fait face à un dilemme moral et professionnel : obéir à une injonction qui l’inscrit dans l’Histoire comme complice d’un coup de force ou s’y opposer, au risque de sa carrière et peut-être de sa vie. En acceptant finalement d’obéir, Grellier est perçu comme un homme ordinaire, cédant sous la pression des circonstances exceptionnelles. L’écrivain se demande avec un mélange d’ironie et de regret : qu’aurait fait Saint-Exupéry à sa place ? Ce dernier, figure héroïque et humaniste de l’aviation, aurait-il suivi un ordre qu’il jugeait injuste ou aurait-il, fidèle à sa philosophie, choisi de « survoler la terre des hommes » sans se plier à une autorité arbitraire ?
Cet événement ne se limite pas à un simple épisode de la guerre d’Algérie : il illustre la politique autoritaire menée par la France à l’égard des leaders indépendantistes, tout en ayant des répercussions durables sur les relations franco-arabes. L’arrestation de Ben Bella et de ses compagnons par ce stratagème suscite un tollé international. Elle alimente le ressentiment des pays arabes à l’encontre de la France et marque une rupture symbolique, perçue comme un mépris de l’éthique et des usages diplomatiques.
Gauthier, avec son style incisif, s’empare de cette affaire pour interroger non seulement la moralité de l’acte, mais aussi le poids des décisions individuelles dans un contexte de domination politique. La figure de Saint-Exupéry, invoquée dans les dernières lignes, résonne comme un appel à une conduite plus noble, à une réflexion sur ce que signifie « l’honneur », dans un monde où la guerre et la raison d’État écrasent les valeurs humaines.
En somme, cet article est bien plus qu’une chronique d’actualité : il est une réflexion poignante sur les choix éthiques face à l’injustice et une critique acerbe des dérives autoritaires dans un conflit qui, déjà, dépassait largement les frontières de l’Algérie pour s’inscrire dans un cadre global. Le regard de Gauthier sur cet événement rappelle que, parfois, l’Histoire se joue dans l’instant, dans l’hésitation d’un homme entre l’obéissance et la conscience.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock