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N° 449 du Canard Enchaîné – 4 Février 1925

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Naissance des canards de manchette, le Canard devient officiellement « Satirique » et s’étale sur 6 colonnes

Le 4 février 1925, Le Canard enchaîné entre dans une nouvelle ère : ses fameux palmipèdes de manchette, dessinés par Henri Guilac, font leur apparition. Deux canards goguenards encadrent désormais le titre, fixant le lecteur avec l’ironie complice qui deviendra la marque du journal. Ce numéro fondateur inaugure aussi la mention « Journal satirique paraissant le mercredi » et un format élargi à six colonnes. Tandis que l’inflation grignote le prix du pain et que le journal passe à 40 centimes, Le Canard gagne en identité. L’esprit demeure : rieur, indocile, et toujours sans publicité. Depuis bientôt un siècle, les lecteurs ouvrent chaque numéro sous le regard de ses canards complices.

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L’édition du 4 février 1925 marque une étape décisive dans l’histoire du Canard enchaîné. Ce jour-là, le journal adopte la forme que nous lui connaissons encore aujourd’hui : titre sur six colonnes, sous-titre « Journal satirique paraissant le mercredi », et, surtout, les deux célèbres canards de manchette dessinés par Henri Guilac. En quelques traits, le dessinateur ancre dans la mémoire collective l’image définitive du Canard : deux volatiles narquois, bavards et goguenards, dont les bulles se répondent comme deux complices à la terrasse d’un bistrot.

Leur premier échange, en ce 4 février 1925, est aussi un instantané du temps :

« Il faut encore, hélas, dire du prix du pain… »
« …Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain. »

Nous sommes en pleine crise du franc. L’inflation ravage les foyers, les denrées flambent, et le pain devient symbole de la vie chère. Ce dialogue inaugural condense toute la philosophie du Canard : dire les choses graves avec un sourire, dénoncer la misère sans perdre l’esprit. En cette France de l’entre-deux-guerres, où la presse se polarise et où les tensions sociales s’aiguisent, le Canard enchaîné affirme son indépendance par le trait et par le ton.

Dans le précédent numéro, la rédaction publie un billet à destination de ses lecteurs : « Le Canard à 40 centimes ». On y lit la fierté amère d’un journal contraint d’augmenter son prix sans renier sa ligne. « Nous restons le seul journal français qui n’insère pas de publicité », y rappelle Maurice Maréchal. Refusant la rente publicitaire, le Canard s’appuie sur ses seuls lecteurs — un pari risqué, mais qui forge son identité morale. L’augmentation du prix devient ainsi un acte de résistance contre la marchandisation de la presse.

Le passage à six colonnes et l’ajout des canards de manchette participent du même mouvement : la professionnalisation d’un esprit libre. Dix ans après sa fondation, le Canard n’est plus un simple trublion de tranchée ; il devient un hebdomadaire reconnu, organisé, et graphiquement cohérent. Guilac, fidèle du titre depuis 1919, offre au journal son visage définitif. Son dessin, faussement naïf, dit tout de la satire française : un humour de connivence, à hauteur d’homme, qui rit du pouvoir sans s’en exclure tout à fait.

Cette transformation s’inscrit aussi dans un contexte de mutation de la presse. En 1925, les grands quotidiens — Le Matin, Le Journal, Le Petit Parisien — multiplient les pleines pages d’annonces. Le Canard, lui, se revendique comme un îlot d’intégrité. Son ironie visuelle, incarnée par les deux volatiles de Guilac, traduit cette singularité : une presse qui parle au peuple sans se vendre au commerce.

Presque un siècle plus tard, ces deux canards continuent de dialoguer à la Une, comme deux vieux amis qui ont tout vu, tout entendu — et qui, chaque mercredi, continuent de nous faire rire pour mieux nous réveiller.


Ce 4 février 1925, le Canard trouve sa voix et son visage. Le reste n’aura été qu’un long écho de ce rire-là.