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N° 892 du Canard Enchaîné – 2 Août 1933

N° 892 du Canard Enchaîné – 2 Août 1933

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La Révolution est faite !

Le 2 août 1933, Le Canard enchaîné fait mine d’annoncer un coup d’État : “La Révolution est faite ! Les fascistes ont pris le pouvoir.” En quelques colonnes d’un humour aussi noir que lucide, le journal met en scène autodafés, défilés et soumission généralisée. Tout est faux, mais tout sonne vrai : l’Europe bascule dans la dictature, et la France s’y prépare sans le savoir. Une satire visionnaire, à la fois pastiche de journal officiel et miroir des renoncements.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

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Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Quand Le Canard enchaîné proclame la dictature : satire d’un fascisme à la française

Le 2 Août 1933, Le Canard enchaîné se livre à une expérience d’humour noir d’une audace rare. En une et sur trois colonnes de la page 3, le journal annonce — très sérieusement en apparence — la prise du pouvoir par les fascistes en France.
Les titres claquent comme des bulletins de victoire : « La Révolution est faite ! », « Sur la place de l’Opéra, on brûle les livres interdits », « De nombreux israélites s’apprêtent à partir pour la Palestine ».
Mais tout est faux, bien sûr. Et tout est vrai à la fois.


Un faux coup d’État, mais un vrai avertissement

Sous la plume de Jules Rivet et d’autres chroniqueurs du Canard, la France fasciste est décrite comme un cauchemar burlesque, dont chaque détail semble emprunté à la réalité des régimes totalitaires.
Les rédacteurs imaginent un pays où la censure, les autodafés et la délation se sont installés du jour au lendemain.
Les auteurs jouent sur la frontière ténue entre le fantasme et la prémonition : car ce qu’ils décrivent pour rire, l’Europe l’a déjà sous les yeux.
En Allemagne, Hitler est chancelier depuis janvier. En Italie, Mussolini gouverne depuis dix ans. En Autriche, la dictature de Dollfuss vient d’écraser la gauche.
Le Canard s’empare donc du sujet par la seule arme qu’il lui reste : le sarcasme prophétique.


Un style de fausse dépêche, entre parodie et cauchemar

Dès la première ligne du billet à la une, le ton est donné :

« Ce qui devait arriver est arrivé. Les jeux sont faits. Et nous aussi. »

Cette formule, reprise en chœur par la rédaction, sonne comme une épitaphe. Le texte mime les codes du reportage dramatique — phrases brèves, vocabulaire de l’urgence, références au destin — mais tout est décalé.
On y lit qu’une « Révolution » s’est produite « comme en Russie, en Italie et en Allemagne », et que « le Dictateur inconnu » a désormais pris le pouvoir à Paris.
Dans ce pastiche, le Canard pousse l’absurde jusqu’à la caricature :

« Personne ne peut dire encore à l’heure actuelle qui exactement l’a faite. Marquet ? Tardieu ? Coty ? Daladier ? Hervé ? Daudet ? Caillaux ? »

Cette litanie de noms — anciens ministres, écrivains nationalistes, socialistes opportunistes — brosse le portrait d’une France sans boussole, où tout le monde, de droite comme de gauche, pourrait basculer dans la tentation autoritaire.

Et pour mieux enfoncer le clou, la rédaction s’attribue elle-même la palme du zèle :

« Forts de cet illustre exemple, nous avons décidé de rallier sans hésitation le Maître du jour et de le servir avec une indéfectible loyauté. »
Sous le dessin signé Guilac, on lit : « Les rédacteurs du Canard s’exercent au salut fasciste. »

Le rire se fait grinçant : le journal simule sa propre soumission pour mieux en montrer l’absurdité.


Feu de joie place de l’Opéra

En page 3, le décor du nouveau régime est planté : « Pour la santé morale, on brûle les livres interdits. »
Les flammes dévorent Marx, Freud, Clément Vautel, Paul Valéry, André Gide, et même Céline — tous jugés « immoraux » ou « subversifs ».
Rivet décrit la scène comme un reportage au cordeau : le feu crépite, les badauds acclament, les gendarmes veillent.

Mais sous la satire, c’est une transposition directe des autodafés nazis du 10 mai 1933, quand les étudiants allemands brûlèrent des milliers d’ouvrages à Berlin et Munich sous l’œil bienveillant de Goebbels.
En les transportant « place de l’Opéra », Le Canard dit en clair : ce qui s’est passé là-bas peut arriver ici.

Et déjà, les signes sont là : le racisme, les appels à “purifier la nation”, les “ligues patriotiques” qui défilent à Paris et s’arment pour la prochaine crise.
En 1933, le mouvement d’extrême droite “Solidarité Française” de Coty ou les Croix-de-Feu du colonel de La Rocque montent en puissance.
Le Canard sent le vent tourner, et tire la sonnette d’alarme en feignant d’applaudir.


Les juifs qui partent, l’intelligence qu’on chasse

La satire s’élargit à tout le pays.
Une colonne annonce : « De nombreux israélites s’apprêtent à partir pour la Palestine. »
Le ton faussement neutre, presque administratif, renvoie aux premières fuites d’intellectuels juifs d’Allemagne — et anticipe, de façon glaçante, celles que connaîtra bientôt la France de Vichy.

Autre titre : « Le chef du nouveau gouvernement se prononce contre l’intelligence. »
Sous prétexte de restaurer la “santé morale”, on supprime la pensée critique. Rivet écrit :

« Le chef a déclaré qu’un peuple intelligent est un peuple divisé. »

Tout est dit : la bêtise érigée en principe politique.


Un avertissement en clair

En simulant la victoire du fascisme français, Le Canard met à nu les complicités, les lâchetés et les conformismes de la Troisième République finissante.
La presse bourgeoise, la police, la bonne société, tous y trouvent leur compte.
Et quand le journal conclut qu’« il fallait s’y attendre », ce n’est pas seulement du cynisme : c’est un constat lucide d’impuissance.

En 1933, le satirique prend la relève du politique. Là où Blum hésite, Le Canard se moque — mais sa moquerie porte une alarme : le fascisme n’est pas un accident, c’est une contagion.
Et comme toujours, il commence dans les rires des imbéciles.