Qu’est-ce qu’on attend ?  – L’article satirique de Pierre Bénard, publié dans « Le Canard enchaîné » le 25 octobre 1939, se moque de manière subtile et ironique du discours guerrier et de l’attente impatiente d’action militaire pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pierre Bénard utilise un ton sarcastique et humoristique pour dépeindre Jacques Boulenger, un correspondant de guerre pour Le Temps, qui s’entretient avec un sergent sur le front. Boulenger interprète l’ennui du sergent comme une frustration de ne pas être assez actif, ce à quoi il attribue des motivations héroïques et une impatience pour l’action militaire.

L’article ridiculise la perspective de Boulenger, qui, confortablement installé dans sa routine de correspondant de guerre, projette ses propres désirs de bravoure sur les soldats. Bénard souligne l’ironie de la situation où Boulenger, habitué à ses nuits dans un lit confortable, rêve de grandes batailles alors que le sergent, dans la réalité du front, exprime simplement son ennui de manière plus pragmatique.

Le langage utilisé par Bénard est rempli de jeux de mots et d’antithèses, comme l’opposition entre « travailler » pour l’armée et le « chômage » militaire forcé, accentuant ainsi l’absurdité de vouloir transformer l’ennui en une quête perpétuelle d’action. La critique sous-jacente porte sur la glorification de la guerre et la manière dont certains journalistes, loin du front, idéalisent et interprètent les sentiments des soldats selon leurs propres perspectives confortables.

En conclusion, cet article de Pierre Bénard dans « Le Canard enchaîné » offre une réflexion satirique sur les perceptions de l’ennui et de l’action militaire pendant la guerre. À travers l’exagération comique et les contradictions soulignées, Bénard invite à une réflexion critique sur les discours héroïques et les attentes souvent déconnectées de la réalité sur le front.