L’article de Pierre Bénard, intitulé LE MARCHÉ NOIR PREND POSITION CONTRE LE CHÔMAGE et publié dans Le Canard Enchaîné le 3 octobre 1945, propose une satire mordante sur les mesures gouvernementales de libération des ventes alimentaires annoncées par M. Pineau, le ministre du Ravitaillement. Le texte se moque de la réaction des membres du marché noir, qui protestent contre ces mesures sous prétexte de préserver leurs « droits acquis » et d’éviter le chômage.

Le récit commence par la déclaration de M. Pineau concernant la vente libre de certains produits alimentaires, notamment le pain. Cette annonce est perçue comme une menace par le syndicat du marché noir, qui organise un meeting au Pavillon d’Armenonville pour dénoncer l’imprévoyance de cette politique. Les trafiquants argumentent que, face aux carences de l’État, ils ont joué un rôle crucial en assurant le ravitaillement de la population et que leurs droits au travail doivent être respectés.

La satire se poursuit avec un cortège d’automobiles se rendant au ministère du Ravitaillement pour exprimer leur mécontentement. M. Pineau, dans une réponse ironique, reconnaît le succès du marché noir comme une des rares branches prospères du commerce français et propose de ne pas combattre cette réussite.

Le texte souligne également le soutien des fonctionnaires du contrôle économique, qui votent une motion de solidarité avec le syndicat du marché noir. Leur porte-parole propose une union entre les deux entités, renforçant ainsi la satire sur l’absurdité de la situation.

L’article se termine sur une note ironique, suggérant que le marché noir est la « meilleure conquête de la guerre » et qu’il perdurera. Par ce biais, Bénard critique non seulement les difficultés économiques de la France post-guerre, mais aussi l’inefficacité et l’absurdité des politiques gouvernementales. La satire dévoile la complicité tacite entre les trafiquants et les autorités, mettant en lumière les contradictions et les dysfonctionnements de l’époque.