N° 191 du Canard Enchaîné – 25 Février 1920
N° 191 du Canard Enchaîné – 25 Février 1920
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Bordeaux avant tout
Maréchal raille la géopolitique à la française
Dans son numéro du 25 février 1920, Le Canard enchaîné publie en page 3 un article signé Maurice Maréchal : « Bordeaux d’abord ! ». Le fondateur du journal détourne avec humour un slogan patriotique pour l’appliquer à une querelle bien française : l’importance des intérêts locaux et des rivalités régionales dans la politique nationale. Sous prétexte de reconstruction et de réorganisation après-guerre, les choix politiques semblent dictés par les pressions des territoires. L’ironie mordante de Maréchal rappelle que derrière les grands discours sur la nation et la paix, ce sont souvent les clientélismes locaux qui tiennent la plume.
La bourse ou la vie, dessin de Henri Guilac.
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Le patriotisme à géométrie locale
Quand Maréchal dévoile le dessous des cartes
Le 25 février 1920, Maurice Maréchal signe dans Le Canard enchaîné un article au titre volontairement provocateur : « Bordeaux d’abord ! ». Le jeu de mots détourne les slogans patriotiques — « La France d’abord ! », « La patrie avant tout ! » — pour les ramener à une logique beaucoup plus étroite : celle des intérêts locaux.
Dans ce texte, Maréchal illustre une vérité intemporelle : en politique, les grandes orientations nationales sont souvent conditionnées par les petits calculs régionaux. Ici, Bordeaux incarne cette tendance à faire passer les priorités d’un territoire avant celles du pays tout entier. Qu’il s’agisse de projets d’infrastructures, de nominations administratives ou de décisions économiques, la ville girondine devient le symbole de ce clientélisme qui gouverne les coulisses de la République.
L’humour de Maréchal repose sur le contraste. Tandis que les dirigeants politiques multiplient les envolées sur la grandeur nationale et sur la nécessité de défendre l’intérêt général, leurs décisions révèlent une toute autre logique : il s’agit de satisfaire des groupes d’influence locaux, d’assurer des appuis électoraux, de ménager les susceptibilités régionales. Derrière la pompe du discours républicain, on retrouve l’éternelle cuisine politicienne.
Ce texte, daté de février 1920, prend un relief particulier dans le contexte d’après-guerre. Alors que le pays affronte de lourdes difficultés économiques, sociales et diplomatiques, le Canard dénonce la tentation de replonger dans les querelles locales au lieu de se concentrer sur les véritables enjeux nationaux. Maréchal rappelle, avec son ironie coutumière, que l’histoire française regorge de situations où les « petites patries » interfèrent avec la grande.
Cet article illustre aussi une des forces du Canard enchaîné : replacer l’actualité immédiate dans un cadre plus large. En se moquant du « Bordeaux d’abord », le journal ne parle pas seulement d’une ville ou d’un cas particulier. Il montre, par l’exemple, comment les promesses de grandeur nationale se trouvent toujours contaminées par les logiques de clocher.
En définitive, « Bordeaux d’abord ! » est une manière subtile de rappeler que la politique française, même au sortir de la Grande Guerre, reste une affaire de terroirs… et que derrière chaque drapeau, il y a souvent une barrique.





