28 août 1957 : Canard-Confidential, satire estivale en peignoir et bulles de savon

Quand Le Canard lorgne du côté des tabloïds

Ce numéro caniculaire s’ouvre sur une une parodique à souhait : « Canard-Confidential », pastiche des journaux à sensation américains. Photos suggestives, titres aguicheurs et insinuations à gogo : le journal satirique s’amuse à singer les codes du “people” pour mieux tourner en dérision la classe politique française. En couverture, un faux scoop montrant le président Coty « se faisant mousser » dans un bain moussant entouré d’étoiles féminines.

Mitterrand, Mollet, Lacoste… tous dans la bassine

Félix Gaillard est interpellé sur ses « baisses », Guy Mollet aperçu sur la « Marie-Galante », et même un certain « Chatte-Mitterrand » surpris dans un lit : l’humour potache du Canard se déchaîne. Derrière l’aspect potache, c’est toute une satire de la personnalisation du pouvoir et des apparences qui se dessine.

Un ton décapant pour une fin d’été bien arrosée

Le ton est délibérément outrancier, le second degré omniprésent. Entre un pastiche de presse à scandale et une critique en règle des « surprises-partis » (clin d’œil à Molinier), cette édition cultive l’ironie jusqu’à l’absurde. Même René Lefevre signe une « Lettre de Kupelé » digne des meilleurs canulars géopolitiques.

Faits divers, Les paras terribles, par Arsène Ex-Lupin (Pierre Châtelain-Tailhade) – Maurice Audin, assistant à la faculté des Sciences de l’Université d’Alger, membre du parti communiste, 25 ans, disparait en Juin 1957, kidnappé par les parachutistes du 1er C.R.P.. Sa femme, ses enfants ni personne n’en apprendront jamais beaucoup plus…

A la rôtissoire: Un traître nommé Céline (nouvelle version), par Jérôme Canard –

Ce 28 août 1957, Le Canard pousse loin le jeu de rôle, mais ne délaisse jamais sa cible : une République en peignoir, qui préfère parfois les bulles de savon à celles de la politique.