N° 2843 du Canard Enchaîné – 23 Avril 1975
N° 2843 du Canard Enchaîné – 23 Avril 1975
24,00 €
En stock
L’écheveau de l’incurie Boussac
La fin d’un empire cotonnier
À 90 ans, Marcel Boussac, « roi du coton » et figure haute en couleur de l’industrie française, voit son empire textile chanceler. Les banques refusent de payer, les dettes s’accumulent, et la gestion calamiteuse laisse l’ensemble du secteur à la dérive. Entre refus d’abandonner les rênes, arrangements douteux et héritage mal ficelé, c’est la chronique d’une faillite annoncée que le Canard démonte avec jubilation.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock
L’écheveau de l’incurie Boussac
Quand Boussac symbolise les dérives d’un capitalisme vieillissant
Dans cet article du 23 avril 1975, le Canard enchaîné se penche sur la déconfiture de l’empire Boussac, l’un des derniers grands noms du capitalisme français d’après-guerre. À travers le portrait de son fondateur, Marcel Boussac, qui fête alors ses 90 ans, c’est toute une époque que le journal met en procès : celle d’une industrie familiale, paternaliste, mais incapable de se réformer face aux bouleversements économiques.
Boussac, décrit comme un vieillard obstiné, continue à régner sur un empire en ruine : filatures, usines, chevaux de course, mais aussi le quotidien L’Aurore. L’article souligne l’absurdité d’un système où les banques, lassées des « combines » et des promesses non tenues, refusent désormais de prolonger l’illusion. La formule est cinglante : « elles vont réclamer leur gage », autrement dit mettre la main sur les biens de l’empire.
Ce naufrage industriel ne tient pas seulement à l’âge ou à la personnalité de Boussac. Il illustre les défaillances d’un capitalisme incapable de moderniser ses structures. Le Canard rappelle que l’homme, longtemps soutenu par le pouvoir politique, a multiplié les erreurs : rachats d’usines déficitaires, gestion clanique, refus de déléguer, arrangements financiers douteux. Sa relation houleuse avec les banques, qui finissent par lâcher, apparaît comme le symbole d’une confiance rompue.
Le texte ne manque pas de saveur satirique : Boussac est dépeint comme un patriarche s’amusant encore « à embêter le monde », mais dont l’entêtement menace désormais tout un secteur industriel. La caricature d’Escaro (le plan de relance avec un lance-pierre) ajoute à la charge : à chaque tentative de sauvetage, c’est un simple replâtrage, incapable de régler les problèmes de fond.
Enfin, l’article pointe une question plus large : que faire de ces géants industriels malades ? L’État hésite à intervenir directement, mais les faillites en cascade menacent l’ensemble du tissu économique. En filigrane, c’est déjà la question de la nationalisation qui se profile, une décennie avant que Mitterrand ne l’impose à d’autres secteurs.
Ce papier du Canard illustre parfaitement sa double fonction : divertir en raillant les travers d’un grand patron, tout en éclairant les impasses structurelles de l’économie française de l’époque.