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N° 375 du Canard Enchaîné – 5 Septembre 1923

N° 375 du Canard Enchaîné – 5 Septembre 1923

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5 septembre 1923 : Citroën décoré, satire livrée à domicile

Quand Le Canard enchaîné transforme la Légion d’honneur en publicité automobile

Dans son édition du 5 septembre 1923, Le Canard enchaîné ne manque pas de carburant satirique. André Citroën, l’industriel en pleine gloire, vient de recevoir la Légion d’honneur pour ses exploits mécaniques et médiatiques. L’occasion, pour le journal, d’une célébration à double fond : sous couvert de félicitations, une charge en règle contre la publicité triomphante, la connivence entre pouvoir et industrie, et la transformation du mérite national en marketing.

« Poltron comme un lièvre… », Lendemain de chasse, dessins de Arsène Brivot

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

La scène décrite par Le Canard enchaîné est d’une drôlerie exemplaire : dans l’usine Citroën de Javel, les ouvriers, les « admirateurs assemblés », les ministres et les camelots se pressent pour acclamer l’ingénieur. On distribue les discours comme les dépliants, les slogans se confondent avec les éloges, et la cérémonie tourne à la réclame grandeur nature. Le titre – « Justice est faite ! M. André Citroën reçoit la Croix de la Légion d’honneur » – semble annoncer un hommage solennel. Mais dès la première ligne, le ton bascule : le Canard salue « la juste récompense » de l’industriel « au tarif ordinaire de sa publicité ».

Nous sommes en 1923 : Citroën est déjà un nom qui claque sur les toits, au sens propre. L’année précédente, il a fait illuminer la tour Eiffel de son nom en lettres géantes. Il a transformé son usine de Javel en vitrine du progrès français, multipliant les campagnes de communication inédites pour l’époque. Le Canard, qui observe avec jubilation ce mélange de génie mécanique et de sens des affaires, y voit le symbole d’une époque où la modernité industrielle se confond avec le spectacle.

Sous la plume ironique des rédacteurs, la cérémonie se lit comme une comédie en trois actes. Acte I : l’annonce du grand événement, célébré avec la gravité du Journal Officiel. Acte II : le défilé des autorités – M. de Lasteyrie, ministre des Finances, qui « s’avance d’un pas mesuré », et les acclamations mécaniques de la foule. Acte III : la révélation finale – l’ingénieur, « modeste », reçoit sa croix sous les applaudissements des moteurs, avant de regagner ses chaînes de montage, non sans promettre de « continuer à produire du travail, du luxe et des autos ».

Mais derrière l’humour point un message politique. Le Canard souligne à quel point l’État se prête volontiers à cette glorification du capital industriel. Le ton faussement enthousiaste cache une dénonciation subtile : la République décore ses entrepreneurs comme jadis ses conquérants, et l’industrie s’approprie les symboles nationaux pour en faire des arguments de vente. Dans cette France de l’après-guerre, où la reconstruction passe par la mécanisation et la consommation, la Légion d’honneur devient un outil publicitaire.

Le dessin de Guilac renforce la charge : on y voit un Citroën hilare recevant sa décoration sous une banderole « Sincères félicitations », entouré de figurants grotesques – ministres, ouvriers, curieux – qui semblent sortis d’une réclame d’époque. Tout respire la parodie d’un patriotisme industriel où la gloire nationale roule désormais sur quatre roues.

En filigrane, le Canard se moque aussi de la fascination collective pour la réussite : la France entière célèbre un homme qui, au fond, a surtout su vendre. Les journalistes feignent de s’incliner devant « le chevalier de la Légion d’honneur »… pour mieux pointer que cette chevalerie nouvelle ne défend plus le drapeau, mais la marque.


En somme, ce 5 septembre 1923, Le Canard enchaîné offre une chronique jubilatoire de la France moderne : celle qui érige ses publicitaires en héros et ses usines en cathédrales. Sous le vernis de la célébration, Le Canard démonte le moteur idéologique d’un pays où le mérite se mesure désormais en chevaux-vapeur.