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N° 378 du Canard Enchaîné – 26 Septembre 1923

N° 378 du Canard Enchaîné – 26 Septembre 1923

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26 septembre 1923 : Maurice Barrès et la « Semaine des combattants », satire d’une France commémorative

Quand Pierre Bénard raille les nouveaux rites du souvenir patriotique

Sous la plume ironique de Pierre Bénard, Le Canard enchaîné du 26 septembre 1923 transforme le congrès des anciens combattants de Saint-Flour, présidé par Maurice Barrès, en une grand-messe du souvenir aussi compassée que vaniteuse. Entre discours emphatiques, rivalités de préséance et patriotisme de façade, la « Semaine des Combattants » devient le théâtre d’un culte national où l’on rejoue la guerre sans la comprendre.

Entente cordiale, dessin de Mat Réouvertures, dessin de Guépin –

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

À la fin de l’été 1923, la France vit encore dans l’ombre de la Grande Guerre. Les cérémonies patriotiques se multiplient, les anciens combattants s’organisent en associations puissantes, et le souvenir devient presque une industrie. C’est dans ce climat de mémoire omniprésente que Le Canard enchaîné envoie Pierre Bénard chroniquer la « Semaine des Combattants » tenue à Saint-Flour et présidée par Maurice Barrès, écrivain nationaliste et académicien, chantre des « énergies françaises ».

Le titre de l’article, « En souvenir des beaux jours disparus », donne le ton : la célébration du sacrifice tourne à la nostalgie douce-amère, comme si la guerre avait été un moment de gloire et de cohésion à regretter. Bénard n’en pense évidemment pas un mot. Derrière l’humour poli, il déploie une ironie mordante contre ce patriotisme de vitrine.

Le reportage débute par une description faussement enjouée : la salle des fêtes est pleine, les congressistes sont « frais et loyaux », les discours s’enchaînent avec un enthousiasme « complet ». Mais à mesure que le récit avance, les signes de vanité et de vacuité s’accumulent. Les notables rivalisent pour la présidence, les députés et anciens ministres rivalisent de propos convenus. « Il importe avant tout de choisir un président », écrit Bénard, avant d’ajouter perfidement : « Mais qui choisir ? Délicate question… Ne sont-ils pas tous dignes de cet honneur ? » — une pique transparente à la manie française d’honorer tout le monde.

Maurice Barrès, qui préside le congrès, concentre la satire. Bénard souligne sa posture quasi religieuse, son autorité littéraire recyclée en autorité morale, et le culte qu’on lui voue : « Barrès ! Maurice Barrès ! » scande la salle dans une parodie de ferveur patriotique. L’écrivain, auteur du Culte du moi et des Déracinés, se voit ici réduit à un chef de procession républicaine, bénissant les survivants de 14-18 au nom d’une patrie figée dans le souvenir.

À travers cette chronique, Le Canard enchaîné vise plus large : c’est toute la France commémorative des années 1920 qui est moquée. Les anciens combattants, figures sacrées du moment, deviennent des acteurs d’une liturgie nationale où la guerre se transforme en mythe. On célèbre les morts pour mieux éviter de parler des vivants — de leur misère, de leur désillusion, ou de leur colère.

Bénard, lui, n’oublie pas la dimension sociale de cette ferveur. Il glisse, en filigrane, la critique du clergé, des politiciens et des intellectuels qui exploitent la mémoire à des fins personnelles. Même le choix du lieu, Saint-Flour, évoque une France provinciale, solennelle et refermée sur elle-même — loin des réalités économiques ou des tensions de la Ruhr, qui agitent alors l’Europe.

La légèreté du ton masque une vraie inquiétude : en glorifiant la guerre comme un souvenir heureux, la France se condamne à la revivre symboliquement, sinon militairement. Trois ans plus tard, Barrès mourra, mais sa rhétorique survivra dans les discours de droite et les célébrations d’État.


En somme, dans ce numéro du 26 septembre 1923, Pierre Bénard déshabille le patriotisme officiel avec une élégance cruelle. Sous les drapeaux et les couronnes de la « Semaine des combattants », il voit surtout un pays qui s’étourdit dans la commémoration pour oublier sa propre fatigue.