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N° 418 du Canard Enchaîné – 2 Juillet 1924

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79,00 

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Après l’élection de Mr Maurice Quentin, les halles sont en fête – Divers personnages prononcent l’éloge de la vie chère, par Pierre Bénard

Un grand succès pour la S.D.N. : Transvaal gagne le Grand Prix, M. Doumergue se déclare satisfait – La réforme de l’almanach, par Jules Rivet – Les grandes épreuves par Georges de la Fouchardière – En regardant monter le franc – A quoi rêvent les jeunes filles, par Whip – L’amnistie et la reprise des affaires – M. Herriot fume la pipe – M. Mussolini cherche le coupable – Contes du canard : L’amnistié, par Victor Snell – Le Président de la République à l’exposition du gaz 

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

« Les Halles sont en fête » : Pierre Bénard et la satire de la “vie chère” sous la République des boutiquiers

Une cérémonie d’autocongratulation où la satire du Canard perce sous les guirlandes d’oignons

Dans son article du Canard enchaîné du 2 juillet 1924, Pierre Bénard orchestre un petit chef-d’œuvre de satire sociale et politique. Sous le titre apparemment anodin « Les Halles sont en fête », il imagine une cérémonie triomphale organisée par les mandataires du grand marché parisien en l’honneur d’un élu fictif — M. Maurice Quentin — figure symbolique du notable opportuniste, de l’élu commerçant et du protecteur des intérêts les plus terre-à-terre. Derrière la farce, c’est toute la mécanique de la “vie chère” qui est mise en accusation, dans une France où les prix flambent, où la spéculation s’emballe, et où les responsables politiques semblent s’en féliciter.

En juin 1924, la République vit un moment paradoxal : le Cartel des gauches d’Édouard Herriot vient d’accéder au pouvoir après avoir promis de soulager le peuple du poids de la guerre et du coût de la vie. Mais la crise monétaire, aggravée par les déficits publics, les réparations allemandes incertaines et la dépréciation du franc, continue d’éroder le pouvoir d’achat. Pour les Parisiens, les Halles — cœur battant du commerce alimentaire — deviennent le symbole de cette “vie chère” que l’on dénonce sans jamais la résoudre. C’est dans ce contexte que Bénard imagine, avec une ironie mordante, la glorification burlesque d’un élu qui aurait “servi” ses mandants… en laissant les prix monter.

Le ton est celui d’un reportage solennel, à la manière des chroniques officielles : “Les Halles avaient été décorées spécialement pour l’occasion. Des guirlandes de carottes, d’oignons et d’artichauts ornaient la halle des primeurs.” Tout y est : les discours, les toasts, la “réponse de M. Quentin”, la mention du “buffet qui avait été dressé dans le pavillon de la charcuterie”. Mais sous l’apparente bonhomie, le Canard met à nu le grotesque du pouvoir local et de ses connivences économiques. Les marchands, reconnaissants, célèbrent leur élu pour avoir “protégé les intérêts de la France”, c’est-à-dire les leurs — une manière de dire que le patriotisme se porte désormais en tablier de boucher.

Bénard excelle dans l’art de la double lecture : la cérémonie fictive est à la fois comique et terrifiante. On y boit à la prospérité des oignons, on félicite l’élu d’avoir “tenu tête aux tendances démago­giques” (c’est-à-dire à toute velléité de réforme), et l’on jure que la politique des prix élevés est “la plus belle louange” rendue au travail national. En filigrane, la satire vise les réflexes conservateurs du petit commerce, pilier du radicalisme d’alors, que le Canard accuse d’avoir trahi l’esprit républicain pour défendre les marges.

Dans un style proche du Petit Journal ou des comptes rendus municipaux, Bénard détourne le langage administratif pour en faire une arme d’ironie : “Les piles de citrouilles surmontées d’oriflammes” deviennent les symboles d’une bourgeoisie satisfaite d’elle-même, confondant la prospérité avec la cherté. L’élu, humble en apparence, promet de “ne pas considérer sa tâche comme terminée” — autrement dit, de continuer à favoriser les hausses des prix “dans une politique d’ordre et de stabilité”. La dernière phrase du discours résume l’hypocrisie du moment : « Nous répondrons comme toujours aux cris des clients en haussant les prix ».

Ce faux reportage, typique du Canard enchaîné de l’époque, s’inscrit dans une tradition de satire politique héritée de La Fouchardière et de Béraud : démythifier les “honnêtes gens” de la République, ces petits puissants qui incarnent la médiocrité triomphante. En 1924, dans un pays qui sort difficilement du chaos de l’après-guerre et où les classes moyennes s’accrochent à leurs privilèges, cette “fête des Halles” illustre à merveille la devise ironique du journal : rire pour ne pas pleurer.

Sous les guirlandes de carottes et les hymnes à la vie chère, Bénard signe une chronique amère : celle d’une République où l’on fête le progrès social… à condition qu’il rapporte.