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N° 438 du Canard Enchaîné – 19 Novembre 1924

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Un conflit à la société des nations : L’Angleterre revendique les pétroles du Gard , par Pierre Bénard

« Affreux, dites ? » … Les carnets de M l’ambassadeur Georges louis, frère de M. Pierre Louys – le mot est la chose, par Maurice Morice – en réponse aux accusations de M. Georges louis, M. Poincaré publie aussi son carnet de notes : Une lettre émouvante de monsieur Stephen Pichon – M. Paul Painlevé professe son cours à la Sorbonne – Phynance – Millerand, tan plan ! L’ancien chef de l’État continue ses numéros gais – Chronique alimentaire : Lèchefriteries officielles – Contes du canard : Les mémoires de cancrelat par l’amant de sa femme – De nouveaux autobus vont être mis en circulation – Eroto gastronomie –

 

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

En novembre 1924, Le Canard enchaîné livre l’un de ces faux reportages dont il a le secret : une parodie d’information internationale signée Pierre Bénard, où le sérieux feint du journalisme se mêle à une ironie souveraine. L’article, « L’Angleterre revendique les pétroles du Gard », détourne la rhétorique de la presse d’agence pour tourner en ridicule à la fois l’impérialisme britannique, la crédulité des communiqués officiels et la naïveté des médias français. Sous ses airs d’annonce géopolitique, c’est un petit chef-d’œuvre de satire diplomatique.

Tout part d’un fait divers fictif — ou presque : la prétendue découverte de « gisements importants de pétrole dans le Gard », relayée, nous dit-on, par l’agence Havas. À peine la nouvelle publiée, l’agence Reuters, bras armé de la presse britannique, aurait aussitôt envoyé un télégramme pour revendiquer la région : le Gard, « pays situé à l’ouest de la vallée du Rhône, à proximité de la Méditerranée », serait, selon le message, une terre historiquement anglaise, « où l’on lit sur chaque coin de rue : Lavatory, Hair Dresser, English Spoken ». Pierre Bénard pousse la caricature jusqu’à l’absurde, décrivant un Gard « protestant », peuplé de presbytériens nîmois qui, par leur zèle, œuvreraient depuis toujours « à la grandeur de l’Empire britannique ».

L’humour fonctionne ici par glissement. Derrière cette comédie diplomatique, Le Canard se moque de la manie française — et européenne — d’imiter les rivalités impériales et de céder à la psychose du pétrole. En 1924, la « guerre du pétrole » est une réalité : la Royal Dutch Shell, la Standard Oil et la Compagnie française des pétroles (future Total) se disputent les concessions du Moyen-Orient. Les journaux de Paris bruissent de ces enjeux stratégiques, tandis que la Société des Nations, créée en 1920, s’efforce d’arbitrer les tensions coloniales. En plaçant cette querelle à Nîmes plutôt qu’en Mésopotamie, Bénard ramène la géopolitique à sa juste mesure : celle d’un théâtre d’ombres.

Tout y passe : le style pompeux des agences (« L’Angleterre revendique les pétroles du Gard »), les dépêches réécrites à la hâte, les notes « officieuses » du Foreign Office. L’auteur invente même une suite diplomatique : la Grande-Bretagne, dit-il, va saisir la Société des Nations pour « proclamer l’autonomie du Gard », futur « protectorat anglais » sous la tutelle de Lord Derby. La chute est irrésistible : la SDN, censée veiller à la paix mondiale, y devient un guichet administratif pour lubrifier les ambitions coloniales.

L’efficacité du texte tient aussi à sa maîtrise du ton journalistique. Bénard imite le langage des dépêches, l’objectivité de façade et la multiplication des sources : Havas, Reuters, The Times… Le pastiche est si bien construit qu’on pourrait presque y croire — jusqu’à la dernière phrase où tout bascule dans l’absurde bureaucratique. L’actualité internationale devient un vaudeville : un Lord autoproclamé, un territoire de province transformé en émirat pétrolifère, et la Société des Nations qui s’apprête à ratifier la plaisanterie.

Mais sous la drôlerie perce une satire plus large. Ce faux conflit pétrolier sert de miroir au climat politique de la France du Cartel des gauches. Tandis que le gouvernement Herriot tente de redresser un franc affaibli et de restaurer la confiance internationale, le Canard souligne, par l’absurde, la vanité des ambitions nationales : on rêve de pétrole comme on rêvait de gloire coloniale, mais on ne trouve que du ridicule. La leçon est claire : l’Empire britannique n’a pas besoin de conquérir le Gard pour régner, puisque la bêtise administrative s’en charge déjà.

À travers cette bouffonnerie diplomatique, Pierre Bénard, jeune plume alors en pleine ascension au Canard enchaîné, impose un ton qui deviendra sa marque : un humour érudit, faussement documentaire, où la logique du pouvoir s’écroule sous son propre poids. En novembre 1924, alors que la presse s’enivre de politique étrangère et d’affaires de chancelleries, le Canard rappelle qu’il suffit d’une plume ironique pour transformer le Gard en Mésopotamie et la SDN en cirque médiatique.