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N° 541 du Canard Enchaîné – 10 Novembre 1926

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En lisant l' »Officiel » – La carrière et les gueules cassées

Le 10 novembre 1926, Pierre Scize s’enflamme dans Le Canard enchaîné contre un décret signé Aristide Briand et Gaston Doumergue, interdisant aux mutilés de guerre de se présenter au concours d’attaché de chancellerie. Sous le titre La carrière et les gueules cassées, Scize livre un pamphlet poignant et féroce : comment la République, si prompte à célébrer ses héros, peut-elle les bannir de ses salons dorés au nom du “prestige” diplomatique ? Entre ironie et révolte, Le Canard donne une voix à ceux qu’on voudrait invisibles — ces mutilés de 14-18 que l’État préfère cacher plutôt qu’honorer.


Le 10 novembre 1926, Le Canard enchaîné transforme le Grand Conseil fasciste de Mussolini en un carnaval d’absurdités totalitaires. Sous la plume de Pierre Bénard et celle du duo Vrali et Drégérin, l’Italie du Duce devient un théâtre d’ombres où l’autoritarisme vire au grotesque. On y juge sans relâche — jusqu’aux chiens, aux affiches ou aux casseroles — au nom de la “sécurité du fascisme”. Derrière la farce, une lucidité glaçante : à peine quatre ans après la marche sur Rome, le Canard dévoile, avant beaucoup, la logique délirante d’un régime où tout finit par être crime d’opinion… ou d’ironie.

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Le 10 novembre 1926, à la une du Canard enchaîné, Pierre Scize signe l’un de ses textes les plus puissants : La carrière et les gueules cassées. Sous son vernis d’humour noir, c’est une charge bouleversante contre l’hypocrisie bureaucratique d’une République qui se détourne de ses mutilés de guerre.

Tout part d’un arrêté ministériel, publié au Journal officiel du 29 octobre 1926, fixant les conditions d’admission au concours d’attaché de chancellerie. Le texte, signé par Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères, et contresigné par Gaston Doumergue, stipule que “les blessés de guerre ne sont admis à se présenter que si les lésions de la face sont superficielles et n’ont pas laissé de difformités apparentes.” Autrement dit : les diplomates devront être intacts — surtout du visage.

Scize, indigné, reprend cette phrase mot pour mot et la renvoie comme un coup de poing au lecteur. Derrière la forme ironique du Canard, c’est une véritable révolte morale qui s’exprime. “Le temps est venu d’en finir avec ces pitoyables sensibleries”, raille-t-il, en mimant la froideur des ministères. Et d’ajouter : “Les temps sont venus qu’annonçait décembre 1914 : ce défilé de cul-de-jatte et d’amputés de deux jambes, lequel répondait au crocrodilécodile du commandement !” La moquerie n’est ici qu’un masque : celui d’une colère lucide contre une France oublieuse de ceux qui l’ont sauvée.

Le texte frappe par sa maîtrise du contraste : l’indignation la plus sincère s’y exprime à travers la dérision la plus cinglante. Scize tourne en ridicule la “Carrière”, c’est-à-dire la diplomatie, ce monde de salons où l’on danse le Black Bottom avec “mademoiselle Baker” pendant que les gueules cassées mendient aux terrasses des cafés. Le ton devient presque poétique lorsqu’il évoque les mutilés exclus “des palais où se jouent les destinées des nations, ces édifices dont les frontons ne rougissent pas des grands vestibules, comme des soupirs d’agonisants.” Derrière cette image d’une France mondaine et amnésique, on sent l’écho d’une trahison collective.

Car au-delà de la satire, c’est tout un rapport de la société française à la guerre qui se trouve mis à nu. Huit ans après l’Armistice, la République officielle préfère oublier le sacrifice des mutilés pour retrouver un visage présentable. Scize ne s’y trompe pas : “On ne veut plus de ces figures d’achèvement dans Paris”, écrit-il, dénonçant la volonté d’effacer les traces du carnage au profit d’une normalité bourgeoise.

L’article s’achève sur un post-scriptum d’une ironie amère : le colonel Picot, président des Gueules Cassées, revient des États-Unis convaincu, dit Scize, que “les Yankees sont le peuple le plus généreux du monde, qu’il faut ratifier les dettes, qu’il n’est qu’une simple formalité.” Ce parallèle, faussement léger, relie deux humiliations : celle des mutilés rejetés par leur pays, et celle d’une France diplomatique à genoux devant les puissances financières.

Par ce texte, Le Canard enchaîné rappelle avec force que la vraie mutilation n’est pas celle des visages — mais celle de la mémoire nationale. En novembre 1926, à l’heure où la République s’apprête à célébrer le huitième anniversaire de l’Armistice, Pierre Scize lui renvoie son reflet : celui d’un pays poli jusqu’à la honte.


En novembre 1926, l’Italie de Benito Mussolini bascule dans la dictature absolue. Le 9 novembre, le Grand Conseil fasciste proclame une série de “lois d’exception” : dissolution des partis, suppression de la presse libre, création d’un tribunal spécial pour la défense de l’État et d’une police politique, l’OVRA. Trois jours plus tard, Le Canard enchaîné réagit avec une vivacité et une clairvoyance saisissantes. L’édition du 10 novembre 1926 fait du fascisme un sujet de pure satire, mais derrière le rire perce déjà la conscience aiguë du péril.

L’article principal, signé Pierre Bénard, s’intitule Le Grand Conseil fasciste s’est réuni. Il imite le ton compassé d’un “correspondant secret” à Rome, rapportant avec une fausse gravité les décisions du Duce. Bénard déploie un humour d’une précision chirurgicale : tout y est caricatural mais véridique. On y lit que Mussolini, “seul homme se saluant lui-même”, réforme ses ministres à la chaîne, distribue les portefeuilles comme des saucisses, et rêve d’annexer la Corse ou la Savoie. La description du “ministre des Colonies” expliquant doctement qu’il faut “un empire méditerranéen à la hauteur de notre huile de ricin” condense à elle seule la folie impériale du régime.

À côté de ce faux reportage, un second texte parodique, Le tribunal juge sans arrêt, pousse la logique du fascisme jusqu’à l’absurde. Présenté comme un compte rendu du “tribunal spécial institué pour la sécurité du Duce”, il accumule les condamnations délirantes : un commerçant chinois pour une pancarte incomprise, une bourgeoise marseillaise pour avoir déclaré que “cette huile de ricin ne vaut rien”, un petit rentier d’Asnières pour sa tête “peu fasciste”. L’ironie culmine lorsqu’un certain “M. Maurice Rostand” est puni de cinq ans pour “tentative de dépréciation de la monnaie italienne” et qu’“André Gide lui porte des confitures”. Le trait est absurde, mais derrière le rire se profile déjà la terreur bureaucratique qui marquera les régimes totalitaires à venir.

Le Canard, fidèle à sa ligne de l’époque, mêle le rire à la vigilance politique. À travers la dérision du rituel fasciste — les uniformes, les décrets, les “saluts à soi-même” — il dénonce la mécanique du pouvoir autoritaire, sa mise en scène grotesque et sa logique paranoïaque. En 1926, bien peu de journaux français osent traiter Mussolini autrement qu’en “réformateur énergique”. Le Canard, lui, voit déjà ce qu’il est : un dictateur risible, mais dangereux, dont la comédie du pouvoir masque mal la brutalité.

Ce numéro marque aussi une date dans l’histoire du journal : c’est la première fois que ses auteurs (ici “Vrali et Drégérin”) se mettent eux-mêmes en scène comme victimes du tribunal fasciste, condamnés “pour avoir publié dans un journal satirique français un feuilleton irrespectueux pour le Duce”. La satire devient autoprotection : en anticipant sa propre censure, Le Canard s’arroge la dernière liberté — celle du rire.

L’édition du 10 novembre 1926 illustre ainsi la force du Canard enchaîné à ses débuts : moquer sans relâche, mais voir plus loin que la moquerie. Sous le vacarme du “Eia! Eia! Alalà!”, cri de guerre fasciste qui sert ici de titre, c’est un avertissement qui résonne — celui d’un journal français déjà prêt à ridiculiser les tyrannies qui s’annoncent.