N° 612 du Canard Enchaîné – 21 Mars 1928
N° 612 du Canard Enchaîné – 21 Mars 1928
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De la Chambre du Cartel à celle de l’Union
Quand Le Canard enchaîné raille la métamorphose parlementaire de 1928
Le Canard enchaîné du 21 mars 1928 consacre sa une à une satire politique savoureuse, illustrée de quatre vignettes de Guilac et d’un dessin de Pedro. Sous le titre « De la Chambre du Cartel à celle de l’Union », l’article revient sur la mue de la Troisième République : la Chambre issue du Cartel des gauches (1924) s’efface, et déjà se profile celle de l’Union nationale, emmenée par les modérés de Poincaré et Tardieu. En mêlant ironie graphique et verve éditoriale, le Canard épingle l’hypocrisie d’un Parlement qui change d’étiquette mais non de réflexes. Une leçon d’histoire politique servie à chaud, avec ce goût du trait qui fait mouche.
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1928 : le Cartel des gauches s’effondre, la droite reprend la main
Publié le 21 mars 1928, l’article « De la Chambre du Cartel à celle de l’Union » s’inscrit dans un moment charnière de la vie parlementaire française. Quatre ans après la victoire du Cartel des gauches, formé autour d’Édouard Herriot et du radicalisme social, la République se prépare à un nouveau virage conservateur. Les législatives d’avril approchent, et Le Canard enchaîné, fidèle à son sens de la parodie, choisit de dresser le bilan de la législature sortante par la moquerie plutôt que par le constat. Le prétexte : le discours funèbre du président de la Chambre, Fernand Bouisson, saluant la « Chambre historique du 11 mai ». Le traitement : une mise en images acérée où la solennité du verbe parlementaire se heurte à la vivacité des crayons de Guilac et Pedro.
Le texte prend d’abord soin de rappeler les « hautes leçons » de la Chambre du Cartel, celle qui, en 1924, avait renversé Poincaré et porté Herriot au pouvoir au nom du pacifisme et du désendettement. Mais la chronique se plaît à souligner les reniements successifs : les alliances fragiles, les crises à répétition, les compromissions budgétaires. On y lit cette phrase qui résume l’esprit du papier : « Le Cartel des gauches et l’Union nationale ont changé de casquette, non de visage. » Tout est dit : la République parlementaire se survit à elle-même dans une rotation d’étiquettes où le cynisme domine.
Les quatre vignettes de Guilac font office de résumé visuel. La première, intitulée « Erreurs cartellistes », montre des députés se chamaillant à coups de poing ; la suivante, « Vérités unionistes », les présente s’embrassant hypocritement. Plus bas, « Majorité réactionnaire » et « Majorité républicaine » se répondent en miroir : Poincaré, Herriot, mêmes postures, seul le discours change. L’humour graphique prolonge le propos du texte : sous les ors de la République, c’est toujours le même théâtre qui se joue.
Enfin, la chute signée Pedro, « Ces messieurs de la famille », boucle la démonstration. Un huissier larmoyant et des politiciens compassés incarnent l’alliance entre le cléricalisme et la bourgeoisie réactionnaire — vieille cible du Canard. Le sous-titre railleur, « Si vous voulez les revoir une dernière fois », annonce la disparition du Cartel avec la cruauté d’un avis de décès.
Historiquement, cette une intervient à la veille d’un basculement politique majeur : la victoire de l’Union nationale aux législatives d’avril 1928, qui consacre le retour de Poincaré et des modérés au pouvoir. En anticipant ce virage, le Canard rappelle sa fonction de vigie ironique : observer, railler, et avertir. Sous ses airs de badinage, l’article délivre une leçon de constance journalistique : la satire comme baromètre de la République.
Ainsi, dans ce numéro du printemps 1928, l’équipe du Canard enchaîné signe l’un de ces morceaux de bravoure qui mêlent pédagogie, caricature et ironie civique. Une manière de dire, à sa façon : la politique change de costume, mais pas de comédie.

      



