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N° 649 du Canard Enchaîné – 5 Décembre 1928

N° 649 du Canard Enchaîné – 5 Décembre 1928

79,00 

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Ceux qui lisaient  la Gazette du Franc … liront maintenant la Gazette des Tribunaux


Maurice Maréchal, « La Gazette du Franc et le Canard enchaîné », Le Canard enchaîné, 5 décembre 1928 – dessin de Guilac



Décembre 1928 : Le Canard enchaîné règle ses comptes, littéralement. Pris malgré lui dans la chute de la sulfureuse Gazette du Franc de Marthe Hanau, le journal satirique se dégage avec humour et dignité. En une, Maréchal s’explique, Guilac croque la ruine en un “passe-boule de la petite épargne”, et en page deux, Le Krach de la Gazette du Franc démonte la mécanique politico-financière du scandale. Une leçon d’éthique journalistique avant l’heure — et un numéro d’anthologie sur l’art de transformer la honte boursière en satire sociale.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

L’édition du 5 décembre 1928 du Canard enchaîné est l’un de ces numéros où le journal se met lui-même en scène — avec cette auto-ironie qui fait sa marque. Son directeur Maurice Maréchal, signant “M.M.”, publie à la une un texte intitulé “La Gazette du Franc et le Canard enchaîné”. L’affaire est alors sur toutes les lèvres : le scandale Marthe Hanau, une escroquerie financière géante qui vient d’éclater, entraînant la ruine de milliers de petits porteurs et la chute d’une presse économique corrompue.

Un scandale boursier devenu affaire d’État

Marthe Hanau, fondatrice de la Gazette du Franc (et de son agence Interpress), s’était imposée depuis 1925 comme “la prêtresse du petit épargnant”. Son journal, d’apparence technique, recommandait placements et valeurs “sûres” à grand renfort de patriotisme financier. Mais les conseils étaient truqués, et les fonds détournés. En novembre 1928, Hanau et son ex-mari Lazare Bloch sont arrêtés : les “pigeons du franc” découvrent qu’ils ont tout perdu.

Pour Le Canard, l’affaire est doublement embarrassante. Comme l’explique Maréchal en une, le journal satirique avait loué une chronique financière à l’agence Interpress, filiale directe de la Gazette du Franc. Une pratique courante à l’époque — même dans les titres de gauche. Mais lorsque le scandale éclate, le Canard, fidèle à son indépendance, rompait sur-le-champ le contrat :

“Ces messieurs-dames étant brutalement tombés dans le malheur, nous n’hésitâmes pas une seconde à leur fausser compagnie.”

Le Canard lave plus blanc

Dans ce texte à la fois pince-sans-rire et limpide, Maréchal ne se contente pas de se justifier : il donne une leçon d’intégrité journalistique. Sans se draper dans la vertu, il assume avoir été dupé — puis s’en amuse. “Quant à ce qui est de rendre l’argent”, écrit-il, “nous attendrons l’indication que nous donneront nos confrères du Quotidien et de la Dépêche de Toulouse.” Un ton qui combine franchise, autodérision et pique envers les journaux “plus compromis” dans l’affaire.

Cette mise au point est encadrée par deux morceaux de bravoure visuelle et satirique :

  • La manchette d’ouverture détourne l’affaire en slogan :

    “Ceux qui lisaient la Gazette du Franc… liront maintenant la Gazette des Tribunaux.”

  • Le dessin de Guilac, “Le rêve de Madame Hanau ou le passe-boule de la petite épargne”, montre un bourgeois lançant des pièces dans la bouche béante d’une affiche : une métaphore aussi cruelle que drôle de la crédulité boursière.

Le “Krach” raconté par le Canard

En page deux, l’article intitulé “Le Krach de la Gazette du Franc” prolonge la satire en enquête. Le Canard souligne les liaisons politiques et médiatiques de l’affaire : les liens entre La Gazette et l’Agence Havas, entre Le Journal et le pouvoir de Poincaré, entre spéculation et propagande. “Tiens ! tiens !” écrit l’auteur à plusieurs reprises, soulignant la complaisance du monde bancaire et de la grande presse face à la fraude. Le ton, faussement naïf, dévoile une vérité inquiétante : ce n’est pas seulement une escroquerie, c’est un système.

Maréchal, dans sa retenue ironique, trace en creux le portrait d’un pays fasciné par l’argent. La stabilisation du franc (opérée par Poincaré quelques mois plus tôt) a nourri une euphorie financière qui prépare les krachs à venir — et la crise mondiale de 1929.

Une satire exemplaire

Dans ce numéro du 5 décembre 1928, Le Canard enchaîné réussit un tour de force : reconnaître son erreur sans se renier, dénoncer la corruption tout en se moquant de lui-même, et surtout, transformer un scandale économique en moment de vérité journalistique.

Un an avant la Grande Dépression, Le Canard rappelait déjà qu’en matière de presse comme de finance, la crédulité coûte cher. Et qu’à défaut de “Gazette du Franc”, mieux valait encore lire celle des canards.


Surnommée la banquière des Années folles, Marthe Hanau est une femme d’affaires, impliquée dans un scandale financier. En 1925, elle fonde La Gazette du Franc. Le journal est un succès et les plus grandes personnalités du monde financier et économique y sont interviewées. Les lecteurs confient leur argent à Marthe Hanau pour les placer en Bourse. En 1928, tout s’écroule, elle a escroqué des milliers d’épargnants pour une somme de plus de 100 millions de francs. Marthe Hanau est arrêtée le 4 décembre 1928. Elle réclame sa mise en liberté sous caution, arguant que le tribunal n'y connaît rien en finances et qu’elle peut rendre la totalité de l'argent - ce qui n’est pas cru par tous.

La cour lui refusant la liberté sous caution, le 1er , elle entame une grève de la faim. Trois semaines plus tard elle est déplacée à l'hôpital Cochin à Neuilly, où elle est nourrie de force. Elle s'échappe de cet hôpital et retourne (apparemment de son propre chef) à la prison Saint-Lazare. Le préfet de police de Paris Chiappe — qui sera révoqué plus tard dans le cadre de l’affaire Stavisky —, qui ne tient pas à ce qu'elle meure sous sa responsabilité, réclame sa liberté sous caution. Le , elle est remise en liberté contre une caution de 800 000 francs.

Elle est de nouveau emprisonnée en 1932 et libérée la même année. C’est en juillet 1934 que la sentence tombe : condamnée à trois ans de prison, Marthe Hanau se suicide dans sa cellule le 14 juillet 1935, avec des barbituriques. Sa vie est adaptée au cinéma en 1980 par Francis Girod dans ‘La Banquière’, le rôle de Marthe Hanau est joué par Romy Schneider *, l'actrice y apparaît sous le nom d'Emma Eckhert.

* article de J.P. Grousset dans le Canard Enchaîné du 3 septembre 1980.