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N° 667 du Canard Enchaîné – 10 Avril 1929

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69,00 

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« De la manière d’adapter les textes à la loi Barthou sur la presse » & « À propos de la loi sur la presse » — Quand Le Canard défend la liberté de mordre
Pierre Bénard & Pierre Scize – Le Canard enchaîné, 10 avril 1929



Le 10 avril 1929, Le Canard enchaîné sonne la charge contre la “loi Barthou” sur la presse. Sous la plume légère de Pierre Bénard et la verve indignée de Pierre Scize, le journal dénonce une attaque frontale contre la liberté d’expression déguisée en réforme morale. Entre humour préventif et plaidoyer vibrant, les deux chroniqueurs défendent ce droit suprême — celui de rire des puissants, de dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas, et surtout… de ne pas écrire “avec autorisation préalable”.


La question du pôle Sud, de Pertinax Fêtes mobiles, par Georges-Armand Masson

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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
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En avril 1929, la République française bruisse d’un débat lourd de menaces pour la satire. Le gouvernement Poincaré, sous l’impulsion du ministre de la Justice Louis Barthou et du président du Conseil André Tardieu, dépose un projet de loi “réformant” les délits de presse — officiellement pour lutter contre la diffamation, le chantage et la calomnie. En réalité, la loi vise à resserrer l’étau sur les journaux irrévérencieux, ces “feuilles” qui, depuis l’affaire Hanau, multiplient les révélations embarrassantes et les moqueries contre les gouvernants.

Le Canard enchaîné ne pouvait pas rester coi. L’édition du 10 avril 1929 consacre sa une entière à ce qu’il perçoit comme une loi de muselière. Deux signatures majeures s’y côtoient : Pierre Bénard, l’ironie subtile et rieuse, et Pierre Scize, la colère argumentée et ciselée.

Bénard : l’humour pour échapper à la censure

Dans son texte intitulé « De la manière d’adapter les textes à la nouvelle loi Barthou sur la presse », Pierre Bénard s’empare du sujet avec la légèreté trompeuse d’un humoriste. Il oppose un “avant” et un “après” fictifs, montrant comment il faudra bientôt réécrire les brèves du Canard pour qu’elles échappent aux tribunaux.
Ainsi, avant la loi, on pouvait écrire :

« M. Loucheur est tout en or. »
« M. Barthe n’est rouge que par son vin. »
« M. Le Guen est le recordman de la buvette. »
Mais après Barthou, il faudra parler par euphémismes :
« Pourquoi voulez-vous que M. Loucheur soit tout en or ? Tous les bons Français ont déposé le leur à la Banque de France. »
« M. Barthe est le seul défenseur de la vigne. »
« M. Le Guen n’est ni blanc, ni rouge. Il est noir. »

Sous le rire, Bénard démonte le mécanisme de l’autocensure : l’art de tout dire sans rien dire, de sauver la satire sous le voile du compliment ambigu. Ce “mode d’emploi” parodique met en lumière le danger réel : la loi ne frapperait pas seulement les diffamateurs, mais l’esprit lui-même — ce droit français au trait d’esprit corrosif, au second degré, au “mot qui tue”.

Scize : la défense du droit d’écrire librement

L’article de Pierre Scize, plus long et plus grave, prolonge cette ironie en manifeste. Sous le titre « À propos de la loi sur la presse », il s’adresse à Victor Snell, collaborateur du Canard, et signe une réflexion de haute volée sur la liberté d’expression.
Scize analyse le texte gouvernemental, qui prévoit de transformer les plaintes pour diffamation en procédures civiles accélérées : “une justice sans jury, sans publicité, sans appel populaire”. Il y voit un retour à l’arbitraire, une “arme aux mains d’un parti”, qui pourrait réduire au silence tout journal gênant.

« Le premier effet qu’on peut attendre de votre loi : un silence profond encourageant les canailles, le triomphe de la presse servile, le bâillon sur les bouches indignées. »

Scize s’élève contre l’idée d’une “presse morale” que voudrait imposer Barthou. Il rappelle que les lois de circonstance sont toujours des lois de vengeance — faites, écrit-il, “pour venger Barthou de Maurras, Malvy de Daudet, et le Parlement de Coty.” Sa conclusion, d’une élégance tragique, sonne comme un testament de la satire française :

« Cette liberté, qui était notre principe et notre bien, voit son astre s’obscurcir. […] On n’excuse plus de tout dire, même quand on le dit avec esprit. »

Une leçon d’esprit républicain

À travers ces deux textes, Le Canard enchaîné démontre sa double force : le rire et la raison. Bénard sape la loi par la moquerie, Scize la démonte par l’argument. Ensemble, ils affirment que la liberté de la presse n’est pas une faveur, mais une condition vitale de la démocratie — surtout quand le pouvoir se prétend vertueux.

Leur cible, Barthou, finira par se défendre mollement : la loi, disait-il, “ne vise pas les bons journaux, mais les mauvais”. Ce qui, pour le Canard, revenait à tout dire.
Car, comme l’écrivait Scize, “le droit de tout dire, pourvu qu’on le dise avec esprit”, c’était bien cela, la lex canardica — cette vieille loi non écrite que ni Barthou, ni Tardieu, ni aucun Duce de France n’a jamais pu abroger.