Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 671 du Canard Enchaîné – 8 Mai 1929

N° 671 du Canard Enchaîné – 8 Mai 1929

69,00 

En stock

Les municipales de 1929 vues par Jules Rivet : le scrutin où tout le monde a gagné (sauf les perdants)
Jules Rivet – Le Canard enchaîné, 8 mai 1929



Au lendemain du premier tour des élections municipales de mai 1929, Le Canard enchaîné publie sous la plume de Jules Rivet un faux bilan triomphaliste : “un succès général”, s’amuse-t-il, “seuls les adversaires restent en présence pour le ballottage”. Derrière ce titre impertinent se cache une leçon d’ironie républicaine : en France, même les défaites se célèbrent comme des victoires, et chaque parti trouve matière à chanter “Moriette, mon p’tit Moriette !”. La satire électorale est un art que Rivet pratique avec la précision d’un scrutateur et la malice d’un humoriste politique aguerri.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

L’article de Jules Rivet, paru à la une du Canard enchaîné du 8 mai 1929, relève du meilleur de la tradition satirique du journal : un reportage politique tourné en comédie musicale, où la rhétorique de la victoire universelle devient la cible de la plume.

Tout le monde a gagné, surtout les battus

Le titre donne le ton : « Le premier tour de scrutin marque un succès général ». Dans cette France parlementaire où chaque parti se prétend vainqueur, Rivet ironise sur le réflexe collectif d’auto-congratulation. Les “conservateurs” comme les “radicaux-socialistes”, les “républicains” comme les “socialistes”, tous se déclarent satisfaits. Seuls “les adversaires restent en présence pour le ballottage”, formule qui résume à elle seule le comique de situation : le ridicule consensuel d’une démocratie où le triomphe devient une obligation morale.

Sous couvert d’un ton faussement objectif, Rivet déroule un inventaire réjouissant des résultats par arrondissement : Bellan “pacifiste” élu dans le IIᵉ, Moriette acclamé dans le quartier des Enfants-Rouges, Godin accusé de “poêle dans la main”, Dufrêne “qui a levé haut et ferme, non seulement la jambe, mais encore le drapeau du parti radical”… Autant de portraits grotesques qui transforment le dépouillement électoral en revue de music-hall républicaine.
Chaque victoire s’accompagne de son refrain populaire, comme le “Moriette, mon p’tit Moriette !”, parodie de chanson à boire qui moque la démagogie des campagnes municipales et la ferveur de bistrot qui l’accompagne.

Le rire électoral

Le contexte est celui des élections municipales des 5 et 12 mai 1929, dernier scrutin avant la grande crise. Le pays vit sous le gouvernement Poincaré, bientôt remplacé par Briand, et le climat politique est dominé par les alliances mouvantes entre radicaux, modérés et socialistes. Le Canard enchaîné, fidèle à son indépendance, ne prend parti pour personne : il fait voter le rire.
En 1929, le journal n’a pas encore l’aura d’institution qu’il aura plus tard, mais il occupe déjà une place unique : celle d’un témoin moqueur des rites démocratiques. Rivet, journaliste issu de la génération de l’après-guerre, manie la caricature verbale comme un crayon.

Une satire de la langue politique

Rivet ne se contente pas d’épingler les candidats : il s’en prend à la langue électorale elle-même, faite de clichés, de déclarations enflées et de patriotisme tiède. Son style repose sur la répétition ironique :

“La situation reste excellente, démocratique, quotidienne, nationale et même mondiale.”
La redondance devient gag : tout est “excellent”, tout est “triomphal”, jusqu’à ce que la vacuité du discours saute aux yeux.
De même, le journaliste pastiche le ton administratif du ministère de l’Intérieur, qui classe les élus en “douteux” ou en “communistes présumés”, termes bureaucratiques ridicules dans leur prétention à la neutralité.

Doumergue, Président modèle

En contrepoint, Rivet insère une scène burlesque : le vote du Président de la République Gaston Doumergue, décrit comme un cérémonial d’opérette. Entouré de ses adjoints, accompagné d’une fanfare et de photographes, Doumergue incarne cette République cérémonieuse et creuse que Le Canard s’amuse à croquer :

“Il rendit hommage au civisme et promit de ne jamais manquer.”
Cette liturgie civique, captée par le dessin de Guilac, parachève le ton de comédie électorale qui traverse tout l’article.

Le bulletin de la satire

Sous son apparente légèreté, Rivet livre un portrait lucide du système politique français à la veille de la crise de 1929 : un régime bavard, routinier, où la satire apparaît comme le dernier espace de vérité. Le Canard en fait son bulletin de vote : ni pour la gauche, ni pour la droite, mais pour l’humour — ce “douteux” parti qui, lui, ne connaît jamais le ballottage.