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N° 687 du Canard Enchaîné – 28 Août 1929

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« En regardant passer les scouts » – Pierre Scize face à l’illusion pacifiste
Le Canard enchaîné, 28 août 1929 – une du journal, texte et dessin de Guilac



Le 28 août 1929, Pierre Scize signe dans Le Canard enchaîné une méditation aussi ironique que désabusée sur les “éclaireurs de la Paix”. En observant les défilés de scouts franco-allemands censés célébrer la réconciliation des peuples, il dénonce une fraternité de façade. Derrière les uniformes et les chants, il voit se rejouer l’éternelle tentation du troupeau, ce besoin d’obéir et de marcher au pas. Sous sa plume, la paix devient un mot d’ordre de plus — un avant-goût de guerre.

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À la fin de l’été 1929, les journaux illustrent à l’envi la ferveur des “éclaireurs de la paix”. Des troupes de scouts français et allemands se rencontrent au col du Schlucht, dans les Vosges, ou à Cassel, au pied du monument du maréchal Foch. Prêtres, pasteurs, rabbins, élus et journalistes assistent à ces cérémonies émues où l’on prêche la réconciliation, dix ans après la guerre.
Mais dans Le Canard enchaîné du 28 août 1929, Pierre Scize ne se laisse pas émouvoir. Sous le titre « En regardant passer les scouts », il signe un texte d’une lucidité rare, à la fois ironique, philosophique et profondément antimilitariste.

L’illusion du pacifisme organisé

Scize commence par une scène croquée sur le vif : un curé athlétique “menant à l’assaut des crêtes vingt-quatre scouts entre 9 et 13 ans”. Guilac, dans le dessin qui accompagne l’article, illustre ce décalage comique entre l’enthousiasme enfantin et la discipline paramilitaire.
Sous les apparences d’un reportage léger, le ton se durcit. Les “scouts franco-allemands” s’embrassent “comme du pain”, symbole d’une paix orchestrée et naïve. Scize, qui connaît bien les campagnes de Marc Sangnier, fondateur du Sillon et de la revue La Vie nouvelle, ne méprise pas la sincérité des participants, mais il en dévoile les ressorts :

“Je ne veux pas tourner en dérision les touchants efforts d’un Marc Sangnier. Mais je songe à ces jeunes gens qui, pour la cause sainte de la paix, revêtent l’uniforme, s’ébrigadent, et vivent en commun…”
Ce que le journaliste perçoit, derrière le scoutisme pacifiste, c’est le même réflexe d’obéissance qui, quinze ans plus tôt, avait conduit une génération entière dans les tranchées.

“Ils ne savent pas qu’accepter cela pour la paix, c’est déjà l’accepter pour la guerre.”

Cette phrase, centrale dans l’article, résume la pensée de Scize : le danger ne réside pas dans la guerre elle-même, mais dans l’esprit de corps qui la rend possible. Marcher au pas, obéir à un chef, revêtir un uniforme — ces gestes, même au nom de la paix, sont déjà les préparatifs du conflit suivant.
Scize y voit une ruse de l’instinct grégaire : la sécurité du groupe, l’illusion du “nous”, la peur de penser seul. Dans une prose d’une grande densité, il relie cette soumission à une forme de paresse morale :

“C’est la sécurité lâche qui donne à l’esprit faible la douceur de remettre ses responsabilités entre les mains d’un supérieur.”
L’image du troupeau revient : la “mollesse d’esprit” des brebis tondues, heureuses de suivre.

Une philosophie du refus

Mais loin de se poser en donneur de leçons, Scize parle d’expérience. Il avoue avoir connu lui-même “le grisant sentiment d’être incorporé à une masse sans volonté personnelle”. C’est ce mélange d’autocritique et de lucidité qui donne à sa chronique une tonalité presque existentielle.
Il ne condamne pas — il constate. Et propose une autre voie : le pacifisme intérieur, la rébellion intime contre toute forme d’embrigadement.

“Pacifie-toi toi-même. Refuse à la guerre jusqu’à cette adhésion qu’est la marche par quatre en faveur de la paix.”
Ce renversement paradoxal — refuser la paix quand elle imite la guerre — résume à merveille la méfiance du Canard enchaîné face à tous les dogmes, même vertueux.

Un texte à contre-courant de son époque

En 1929, la France vient de ratifier le plan Young ; la diplomatie européenne se gargarise du “pacte Briand-Kellogg” qui proscrit la guerre. Le ton est à l’optimisme. Scize, lui, refuse d’y croire. Son texte paraît à la veille du krach de Wall Street, alors que s’ouvre une décennie où les uniformes et les marches au pas reprendront bientôt tout leur sens.
Sous son ironie douce, son article prend ainsi une dimension prophétique : la paix de 1929 n’était qu’une trêve d’illusions.

Une leçon de liberté

Dans cette une du Canard, Scize défend moins une idée qu’une attitude : se défier du groupe, même quand il se dit pacifique ou moral. Sa conclusion, digne d’un stoïcien, résume toute sa philosophie :

“Si tu veux conquérir la paix, cherche à l’établir dans ton cœur. Il est aussi difficile de se pacifier soi-même que de pacifier le monde.”

Une phrase qui résonne comme une maxime intemporelle — et comme un adieu à la “jeunesse au béret”, déjà promise à d’autres défilés.


Pierre Scize observe les scouts de la paix — et y reconnaît déjà les soldats de demain. Derrière l’embrassade, la mise en rang. Derrière la paix, la servitude.