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N° 703 du Canard Enchaîné – 18 Décembre 1929

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18 décembre 1929 : quand la Justice “accélérée” selon Tardieu passe au sprint


Sous la plume ironique de J.-A. Moret, Le Canard enchaîné raille la “réforme” promise par le tout nouveau ministre de la Justice du cabinet Tardieu, Lucien Hubert. Officiellement, il s’agit de moderniser une Justice jugée trop lente ; en réalité, Le Canard y voit une dérive expéditive où l’on juge, condamne et enterre les affaires avant même qu’elles ne fassent scandale. Entre affaires Hanau, Almazian, ou “malle sanglante”, la chronique tourne en dérision cette République pressée… d’en finir. La justice selon Tardieu ? Rapide, mais pas forcément juste.

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18 décembre 1929 : “La Justice au sprint !” — satire d’une République pressée

Dans l’édition du 18 décembre 1929, Le Canard enchaîné poursuit sa série de charges contre le gouvernement Tardieu, cette fois en s’attaquant à son ministre de la Justice, Lucien Hubert. Dans un article au titre savoureux, « La Justice au sprint ! », J.-A. Moret raille la volonté affichée du nouveau Garde des Sceaux de “rendre la justice plus rapide et plus efficace”.

Sous couvert d’humour, le papier est un pamphlet d’une précision chirurgicale. Le journaliste commence par un éloge ironique : “Hardi, entreprenant, l’esprit ouvert à toutes les réformes, le garde des Sceaux vient de nous administrer la preuve de ses capacités.” Puis il déroule, avec un ton faussement admiratif, les prétendues “réformes” du ministère. Les procès expédiés “en cinq secondes”, les témoins limités à “cinq minutes d’explication”, les plaidoiries enregistrées sur disques, et les condamnations prononcées avant même la réponse des jurés : tout le dispositif évoque une justice mécanisée, déshumanisée, réduite à une chaîne de montage pénale.

L’article prend pour cible la manie réformatrice d’André Tardieu, qui, depuis son arrivée au pouvoir en novembre, prétend “rationaliser” l’administration française. Son gouvernement veut donner l’image d’un État énergique et moderne, à rebours du “laxisme” de la IIIe République parlementaire. Le Canard, lui, traduit ce volontarisme en une logique de rendement : après les milliards pour “l’outillage national”, voici la justice chronométrée.

Le texte fourmille de clins d’œil à l’actualité judiciaire du moment. On y croise Rosie Dolly, star de music-hall mêlée à l’affaire Hanau, Mme Hanau elle-même, toujours en détention pour escroquerie financière, mais aussi l’ombre de l’affaire de la “malle sanglante” — un fait divers célèbre de 1928, où un corps de femme coupé en morceaux avait été retrouvé dans une valise. Moret s’amuse à imaginer que, sous Tardieu, tous ces dossiers seraient “rapidement liquidés”, voire “fondus comme neige au soleil”.

Derrière le ton comique, c’est bien le rapport entre justice et pouvoir qui est en jeu. En 1929, plusieurs affaires politico-financières secouent la France — de la banqueroute Hanau à la corruption des marchés publics —, et la presse dénonce déjà les interventions du gouvernement dans les procédures. En évoquant “le ministre qui veut prouver qu’il tient ses seaux”, Le Canard suggère que la hâte de Tardieu n’a rien d’administratif : il s’agit de mettre un terme aux scandales avant qu’ils ne montent jusqu’au Parlement.

La chute de l’article, faussement admirative, clôt le réquisitoire : “M. Lucien Hubert est décidément un type à la hauteur.” Une phrase que l’on entend comme un ricanement — Le Canard fait mine de saluer l’efficacité d’une justice expéditive, tout en soulignant son absurdité et son cynisme.

Cette chronique, publiée à la veille de Noël 1929, s’inscrit dans une série où Le Canard enchaîné étrille la “République managériale” de Tardieu. Après “Parlons francs !”, “L’Outillage national” ou la “Lettre au préfet de police”, voici “La Justice au sprint” : un même fil rouge, celui d’un État moderne en façade, autoritaire dans les faits.

Sous la plaisanterie, Le Canard pointe déjà ce qui, quelques années plus tard, deviendra un vrai débat : la tentation d’une justice de l’ordre plutôt qu’une justice du droit.