Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 704 du Canard Enchaîné – 25 Décembre 1929

N° 704 du Canard Enchaîné – 25 Décembre 1929

69,00 

En stock

25 décembre 1929 : Bénard offre un “cadeau” de Noël à Léon Daudet


Dans ce numéro de Noël, Pierre Bénard se moque de la comédie politico-médiatique autour de la grâce de Léon Daudet, le pamphlétaire monarchiste condamné pour diffamation après l’affaire Philippe Daudet. Quand Herriot, Daladier et Mandel volent à son secours, Le Canard s’amuse de cette unanimité de façade : “tout ce joli monde”, écrit Bénard, va supplier Tardieu comme on va communier. Dans un pastiche jubilatoire d’entretien imaginaire, Daudet lui-même remercie, raille, éructe et trinque. Derrière la farce, une charge contre la connivence entre politiciens républicains et vieilles figures de l’Action française.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

25 décembre 1929 : Léon Daudet, la grâce et la grimace

Le numéro de Noël du 25 décembre 1929 s’ouvre sur une page d’anthologie signée Pierre Bénard, l’un des plumes les plus redoutables du Canard enchaîné. Sous le titre ironique « M. Léon Daudet nous exprime sa reconnaissance pour ceux qui ont demandé sa grâce », il tourne en dérision la campagne de soutien en faveur du polémiste royaliste, condamné pour diffamation et en exil en Belgique.

Depuis Bruxelles, Le Canard feint de dépêcher un “envoyé spécial” qui serait allé interroger Daudet, et le met en scène comme un personnage grotesque : “Il ne mangeait pas, il buvait — il finissait une bouteille de bière.” Dans ce portrait d’un ogre repu et bougon, Bénard croque avec jubilation la figure du grand réactionnaire, mi-tragique, mi-burlesque.

Mais le véritable sujet de l’article n’est pas Daudet lui-même — c’est la mise en scène de sa réhabilitation. Depuis plusieurs semaines, André Tardieu, président du Conseil, est pressé d’accorder sa grâce. Des personnalités de tous bords — Édouard Herriot, Édouard Daladier, Marin, Mandel — se sont rendues à Bruxelles pour plaider en sa faveur. Ce cortège improbable, que Le Canard compare aux “trois mousquetaires” flanqués d’un singe, incarne à merveille ce que Bénard abhorre : la solidarité de caste qui unit républicains et réactionnaires dès qu’il s’agit d’un “homme du monde”.

Le journaliste imagine Daudet moquant lui-même ses “sauveurs” : Herriot “ma pipe et son Saladier”, Mandel “le Rothschild de la branche pourrie”, Marin “aux grosses moustaches poisseuses”. La verve de Bénard atteint ici un sommet de pastiche, multipliant les dialogues fictifs et les apostrophes :

“Seigneur, rendez-le-nous pour qu’il nous botte le cul !”

Sous l’humour, le texte exprime une vraie colère. Pour Le Canard enchaîné, la demande de grâce adressée à Tardieu symbolise la complaisance du régime envers les ennemis de la République. Daudet, figure de l’Action française, avait pourtant été l’un des plus féroces détracteurs du parlementarisme. L’idée qu’un président du Conseil puisse envisager son pardon, sous la pression de notables et de journalistes, est vécue comme un scandale.

Bénard règle aussi ses comptes avec le petit monde littéraire : il égratigne Georges Lecomte de l’Académie française, “l’outre gonflée de tous les vents”, et Edouard Herriot, qu’il imagine siéger un jour sous la Coupole “comme une motte de beurre ranci”. Dans ces caricatures féroces, on reconnaît le style du Canard des grandes années : un humour d’ivrogne lettré, mais servi glacé.

Le texte se clôt sur une pirouette : Le Canard “rend le papier à M. Léon Daudet”, feignant d’accepter ses remerciements, tout en l’enfonçant une dernière fois sous un flot de sarcasmes. “C’est tout ce qu’ils demandent, ces abrutis-là !” Daudet, fictivement “reconnaissant”, est renvoyé à son propre grotesque : celui d’un nationaliste en quête de rédemption mondaine.

En cette fin d’année 1929, à l’heure où la France se drape dans une morale républicaine vacillante, Pierre Bénard signe une leçon de journalisme satirique : ni grâce ni gratitude — seulement la vérité et le rire.