Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 729 du Canard Enchaîné – 18 Juin 1930

N° 729 du Canard Enchaîné – 18 Juin 1930

69,00 

En stock

18 juin 1930 — Quand “l’émancipation” passe par la trique

Le Canard enchaîné démonte la bonne conscience coloniale

Sous prétexte de rapporter les “déclarations” du député Blaise Diagne à Genève, Le Canard ridiculise le discours français sur le “travail civilisateur”. Entre humour noir et satire grinçante, le journal montre une République qui se vante d’émanciper les peuples… à coups de corde et de réquisition. Un texte féroce, d’une modernité troublante.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

La question du travail forcé aux colonies

Le 18 juin 1930, Le Canard enchaîné publie en page 3 un article satirique d’une force singulière : « La question du travail forcé aux colonies », pastiche cruel de la rhétorique coloniale française. Sous couvert de rapporter les “déclarations” de Blaise Diagne, député du Sénégal et premier Africain élu à la Chambre des députés (depuis 1914), le journal démonte, avec une ironie glaciale, la logique paternaliste et hypocrite qui justifie le système du travail forcé dans l’empire colonial français.

Le contexte est brûlant. En 1930, à Genève, le Bureau international du travail (BIT) débat de l’abolition du travail forcé dans les colonies. Cette pratique, largement répandue en Afrique-Occidentale française et en Afrique-Équatoriale, consiste à réquisitionner des travailleurs “indigènes” pour la construction d’infrastructures, l’exploitation agricole ou les besoins de l’administration, sous prétexte d’intérêt général. La France, comme la Belgique et le Portugal, rechigne à l’interdire. Elle invoque la “mission civilisatrice” et l’“émancipation par le travail”.

C’est cette hypocrisie que Le Canard expose ici avec un art du retournement typique. Le ton feint la bonne conscience : « Quand on a besoin de main-d’œuvre, on la réquisitionne. Si les civils manquent, on en fait des engagés militaires. » L’article pastiche la langue technocratique de la République coloniale, ce mélange de cynisme administratif et de bonne humeur satisfaite. Derrière la façade de la “mise en valeur des colonies” affleure la réalité : le pillage et la coercition.

La figure de Blaise Diagne sert de pivot satirique. Le député, qui fut longtemps célébré comme “fidèle indigène”, est ici décrit comme “argument par lui-même” : sa seule présence à Genève suffirait à prouver la bienveillance française. Le Canard tourne en ridicule cette logique d’alibi racial. L’ironie culmine dans les déclarations qu’on lui prête : « En qualité de fidèle indigène, M. Diagne a soutenu le principe du travail forcé pour lequel nous voulons émanciper nos protégés. » Tout est dit : la colonisation libère en asservissant.

Sous les apparences d’une chronique enjouée, le texte révèle une charge politique profonde. En 1930, peu de journaux osent remettre en cause le discours impérial officiel. Or, ici, la satire remplace le réquisitoire. En feignant d’approuver ce qu’il dénonce, Le Canard enchaîné renverse les codes du patriotisme colonial : la France impériale, sûre de sa vertu, se retrouve dépeinte comme une caricature d’aveuglement moral.

Le dessin de Guilac accentue ce contraste. Il montre un colon ventru, cigare à la bouche, tiré dans un pousse-pousse par un indigène exténué : une image saisissante de la domination travestie en loisir exotique.

L’article, paru à la date symbolique du 18 juin (onze ans avant un autre appel à la dignité française), témoigne de la liberté de ton du Canard. En quelques colonnes d’humour noir, il démonte la logique d’un empire qui, au nom de la civilisation, justifie la servitude. À Genève, les puissances tergiversent ; à Paris, le rire du Canard tranche plus nettement qu’aucun discours : l’empire français, en 1930, se drape dans la morale pour cacher ses chaînes.