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N° 811 du Canard Enchaîné – 13 Janvier 1932

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Remaniement ministériel et … maniement d’armes

Janvier 1932 : Aristide Briand et Pierre Laval s’échangent politesses et piques dans les couloirs du Quai d’Orsay. Officiellement, tout se déroule “en pleine sympathie”. Sous la plume ironique de Drégerin, Le Canard enchaîné transforme cette entente ministérielle en vaudeville politique : entre les cartons de déménagement, les gaffes de cabinet et les cigarettes diplomatiques, la diplomatie française vire à la comédie. Derrière le rire, une satire mordante : Briand, figure du pacifisme, s’efface face au pragmatique Laval, tandis que la IIIᵉ République continue de danser au bord du vide — avec un sourire convenu.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

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13 janvier 1932 : Laval et Briand, “en pleine sympathie”… à la sauce du Canard

Drégerin croque avec jubilation la valse ministérielle du Quai d’Orsay

En ce début de 1932, la scène politique française ressemble à une comédie de boulevard. Le cabinet Laval, déjà chancelant, tente de survivre aux remaniements et aux querelles d’ego. À la Chambre comme dans les couloirs du pouvoir, tout n’est plus que négociations feutrées, “consultations amicales” et “ententes cordiales”. Le Canard enchaîné s’en régale. Sous la plume fine et ironique de Drégerin, il transforme la diplomatie en opérette : « Les négociations avec M. Briand se poursuivent en pleine sympathie. » Tout est dit.

Le texte joue d’abord sur le contraste entre la gravité supposée de la situation ministérielle et la légèreté avec laquelle le Canard la décrit. Derrière les apparences d’un communiqué solennel, Drégerin met en scène un duo de personnages presque comiques : Pierre Laval, président du Conseil, et Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères, que tout oppose mais que l’article unit dans un simulacre d’amitié diplomatique.

Le ton pseudo-officiel est immédiatement miné par la satire : “Deux vieux amis comme lui et moi”, fait-on dire à Laval, “ne cessent de rire de ce que les gens croient à la désunion du cabinet.” Le Canard pastiche ici le style des journaux de gouvernement qui, pour masquer les crises, multiplient les formules rassurantes. L’expression “pleine sympathie”, répétée à l’envi, devient une trouvaille comique : elle évoque davantage un mariage d’intérêt qu’une entente politique.

Drégerin excelle dans l’art du quiproquo : le lecteur apprend que les “difficultés” entre les deux hommes seraient nées d’un “simple malentendu”, Briand ayant trouvé Laval un peu pressé d’envoyer les déménageurs au Quai d’Orsay. L’allusion renvoie à une situation bien réelle : en janvier 1932, la question de la succession d’Aristide Briand au ministère des Affaires étrangères agite Paris. Âgé, malade, contesté pour sa politique de rapprochement franco-allemand, Briand résiste encore, tandis que Laval, plus pragmatique que diplomate, guette le fauteuil.

Mais dans la plume de Drégerin, la rivalité devient farce. Le caricaturiste Henri Guilac, en dessin, enfonce le clou : on y voit un “ministère des Affaires étrangères” transformé en camp retranché, avec des fonctionnaires armés de fusils, repoussant les envahisseurs menés par Tardieu et Laval. La “reddition du Quai d’Orsay”, promise pour “une question de jours”, prend des allures de siège burlesque.

Sous l’humour, la charge est acérée. Car cette bataille de couloirs illustre la vacuité du pouvoir à la fin de la IIIᵉ République. Tandis que la crise économique s’aggrave et que les chômeurs se multiplient, le gouvernement s’épuise en rivalités de prestige. Briand, prix Nobel de la Paix en 1926 pour ses efforts de réconciliation franco-allemande, est désormais la cible des conservateurs et des nationalistes, qui voient dans sa diplomatie “humanitaire” une faiblesse. Laval, opportuniste, avance ses pions. Drégerin, lui, observe tout cela avec une ironie presque attendrie : “Il n’y a qu’un léger malentendu…”, écrit-il, “et quelques cigarettes échangées plus tard, tout rentrera dans l’ordre.”

Mais l’ordre ne reviendra pas. Deux mois plus tard, en mars 1932, Briand quitte définitivement la scène politique et meurt en mars 1932, quelques semaines après sa démission. Le Canard, en janvier, en saisit déjà la tonalité crépusculaire — mais sans perdre l’occasion de rire. Le duel des géants se termine non sur un drame, mais sur une pantomime : celle d’une République fatiguée qui cache ses fissures sous un sourire diplomatique.

L’article de Drégerin est donc bien plus qu’un simple billet humoristique. C’est un petit chef-d’œuvre de satire politique, à la fois légère et prophétique : derrière les mots policés de la “sympathie”, il annonce la fin d’une ère — celle des artisans de la paix — et l’avènement des techniciens du pouvoir.