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N° 815 du Canard Enchaîné – 10 Février 1932

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59,00 

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« Les japonais attaquent Changhaï, histoire de montrer qu’ils vont de concession en concession ». Micky

Le Droit et la Civilisation – Les japonais poursuivent à Changhaï leurs bombardements pacifiques – Les chinois veulent s’emparer de la Chine

Février 1932 : à Shanghai, les Japonais bombardent la Chine « pour le bonheur des masses ». À Genève, André Tardieu “désarme” la planète à coups de démonstrations tonitruantes. Dans ses colonnes, Le Canard enchaîné orchestre le va-et-vient du cynisme mondial : Pierre Bénard et Drégerin signent deux satires explosives où la paix s’écrit en obus et où les diplomates applaudissent les marchands d’armes. Une leçon d’humour noir, à la hauteur des hypocrisies du temps.

 

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

10 février 1932 : Bombes pacifiques et désarmement explosif

Dans son édition du 10 février 1932, Le Canard enchaîné juxtapose deux pièces d’ironie politique qui se répondent à merveille. En une, Pierre Bénard signe un chef-d’œuvre d’humour noir sur les bombardements japonais en Chine : « Les Japonais poursuivent à Changhaï leurs bombardements pacifiques ». Trois pages plus loin, Drégerin tourne en dérision la Conférence du désarmement de Genève dans « La bombe de M. André Tardieu a pulvérisé les thèses adverses ». D’un bout à l’autre du journal, l’absurdité du monde contemporain explose — au sens propre comme au figuré.

Le premier article, pastiche de reportage de guerre, reprend la rhétorique des grands quotidiens “sérieux”, notamment celle du Matin ou du Temps, dont les dépêches se veulent impartiales mais reprennent la version japonaise du conflit sino-nippon. En feignant de relayer « un envoyé spécial » installé à Shanghai, Bénard décrit les ruines, les blessés, les obus « portant à chaque coup », tout en louant la « sécurité du côté des Japonais ». La parodie culmine dans des formules volontairement absurdes : les bombardements seraient des “mesures de police” et les exécutions de prisonniers, de simples “nécessités humanitaires”.

Sous cette fausse neutralité journalistique, le sarcasme est cinglant : Bénard démonte la logique impérialiste qui travestit la guerre en mission civilisatrice. Sa phrase de clôture — « le prochain prix Nobel de la Paix serait décerné à l’amiral Shiozawa » — résume l’hypocrisie de l’époque. Dans une Europe qui prêche le désarmement tout en soutenant les puissances coloniales, la barbarie se présente sous le masque du progrès. Le dessin de Pol Ferjac, représentant un soldat nippon “apportant le bonheur” à coups de baïonnette, enfonce le clou : la satire devient visuelle, féroce et limpide.

En page 3, Drégerin déplace la cible sans changer de ton. À Genève, la Conférence mondiale du désarmement vient de s’ouvrir, et le président du Conseil français, André Tardieu, s’y distingue par son ton martial et son arrogance technocratique. L’article transforme sa “bombe diplomatique” en gag littéral : les usines d’armement (Schneider, Krupp, Le Creusot) explosent d’enthousiasme, les militaires se pressent pour applaudir, et les marchands de canons échangent déjà des cartes de visite sous le regard attendri de la Société des Nations.

Le titre lui-même — « La bombe de M. André Tardieu a pulvérisé les thèses adverses » — détourne avec malice la rhétorique journalistique, en la prenant au mot : au lieu de discours, Tardieu apporte des explosifs. L’auteur pousse le jeu jusqu’à la confusion finale, où un traducteur britannique aurait pris au pied de la lettre la phrase « M. Tardieu prépare une nouvelle bombe ». La farce diplomatique se transforme alors en allégorie du désarmement impossible : on parle de paix, mais les mots eux-mêmes deviennent des munitions.

En rapprochant ces deux textes, Le Canard construit un miroir satirique du monde de 1932 : à l’Est, des bombes “pacifiques” ; à l’Ouest, des conférences “désarmées”. Bénard et Drégerin, chacun à leur manière, montrent la complicité tacite entre la guerre coloniale et la diplomatie bourgeoise. Les uns bombardent Shanghai au nom de la civilisation, les autres applaudissent Tardieu pour avoir “défendu la paix” en enflammant les discours.

Ce double numéro illustre l’une des grandes forces du journal à l’aube des années 30 : sa capacité à jouer sur plusieurs registres — pastiche, ironie, fausse objectivité — pour révéler les contradictions de son temps. En quelques colonnes, Le Canard enchaîné démontre que la guerre et le désarmement procèdent du même mensonge : celui d’une civilisation qui s’imagine pacifique parce qu’elle nomme ses bombes autrement.