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N° 884 du Canard Enchaîné – 7 Juin 1933

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Une solution : Le pacte à un

Le 7 juin 1933, Pierre Bénard taille en pièces le “pacte à quatre” voulu par Mussolini. Son article, « Le pacte à un », tourne la diplomatie européenne en ridicule : quatre nations pour un seul mensonge. À travers un humour d’apparente absurdité, Bénard dénonce le vide des grandes manœuvres internationales, la lâcheté des démocraties et l’hypocrisie des traités. “Le pacte à un”, écrit-il, “voilà la vraie formule” — celle qui évite de se “couillonner” entre faux alliés. En 1933, le rire du Canard sonne déjà comme un avertissement : la paix des bavards prépare la guerre des cyniques.

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Le “pacte à un” : quand Bénard tourne en dérision la diplomatie des illusions

Le 7 juin 1933, Le Canard enchaîné publie à sa une un texte de Pierre Bénard qui, sous son ton de conversation de bistrot, livre une critique féroce de la diplomatie européenne. Son titre : « Le pacte à un ».
Nous sommes à la veille de la conférence de Londres sur le “pacte à quatre” — projet lancé par Mussolini pour unir la France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni dans une entente censée préserver la paix. Une paix de façade, évidemment, dans une Europe déjà gangrenée par la montée des dictatures et la méfiance réciproque.

Pierre Bénard, plume corrosive et moraliste désabusé du Canard, résume d’un trait :

« Le pacte à quatre est une folie, parce qu’on y est quatre. »


Un humour géométrique au service du bon sens

L’article se lit d’abord comme un exercice de logique absurde : à quatre, c’est trop ; à trois, ce serait mieux ; à deux, plus viable ; mais à un, ce serait parfait.
Sous cette montée en dérision se cache une thèse : la diplomatie collective est devenue un théâtre d’impuissance et de duplicité.

« C’est lorsqu’on est tout seul qu’on risque moins de se couillonner et surtout de s’engueuler. »

Ce “pacte à un”, invention satirique, est un antidote à la langue creuse des chancelleries. Bénard tourne en ridicule les illusions du multilatéralisme : ces conférences où chacun signe avec des arrières-pensées, pour mieux violer ensuite les engagements pris.

En 1933, l’Europe sort à peine des échecs de la Société des Nations : le Japon a envahi la Mandchourie en 1931, l’Allemagne nazie vient de se retirer de la Conférence du désarmement, et l’Italie de Mussolini prépare déjà ses ambitions impériales. Pendant ce temps, les démocraties parlementaires parlent de “sécurité collective”.
Bénard, lui, voit clair : ces pactes ne servent qu’à dissimuler la guerre qui vient.


Le traité de Versailles, éternel bouc émissaire

Le journaliste saisit au vol une phrase prononcée par M. Franklin-Bouillon, ancien diplomate, qui juge que le projet de pacte reproduit “les erreurs du traité de Versailles”.
Réponse de Bénard :

« Rien n’est plus juste. En effet, lorsqu’on critique le traité de Versailles, on répond généralement : “Que voulez-vous ? Nous n’étions pas seuls.” »

La moquerie est limpide : le problème, selon Bénard, n’est pas d’avoir puni l’Allemagne, mais d’avoir voulu le faire en compagnie des autres. Les Alliés — Anglais, Américains, Italiens — ont tous négocié pour leurs propres intérêts, transformant le traité en foire d’empoigne.

Le Canard imagine alors, avec un humour noir, ce qu’aurait été un “traité de Versailles à un” :

« Nous aurions déclaré que les Allemands nous devaient cent milliards.
Les Allemands, de leur côté, auraient assuré que c’était nous qui les leur devions.
Personne naturellement n’aurait rien payé. »

Tout y est : la dérision du nationalisme, la lucidité sur l’imposture diplomatique, et ce mélange d’absurde et de fatalisme qui deviendra la marque de Bénard dans les années suivantes.


Une diplomatie à somme nulle

Ce “pacte à un” devient, par extension, la métaphore d’un monde où chaque nation s’enferme dans son égoïsme — mais où, paradoxalement, c’est encore la solution la plus rationnelle.
Car les “pactes à plusieurs” ne sont que mensonges collectifs : chacun signe pour se ménager, tous se trahissent au premier avantage venu.

« Faisons donc notre petit pacte à nous, sans nous occuper des autres. Nous y mettrons tout ce que nous voudrons. »

Sous cette plaisanterie, Bénard désigne un mal français : la tentation du repli, du “chacun pour soi”, que la crise économique mondiale et la peur de l’Allemagne nazie alimentent.
L’ironie devient prémonition : dans quelques années, la diplomatie des “pactes” (Locarno, Munich, non-agression) n’empêchera ni la guerre, ni la défaite.


Le grand cirque des puissances

La dernière partie de l’article, où Bénard énumère Mussolini, Hitler et MacDonald, parachève la satire :

« Mussolini fera de même. Hitler et MacDonald, itou. Ainsi pas d’histoires, de combinaisons et de manœuvres. Tout le monde sera content. »

Chacun son “pacte à un”, chacun son mensonge, chacun sa paix à usage intérieur.
C’est la diplomatie transformée en théâtre d’ombres : on discute pour la galerie, on prépare les guerres sous couvert de paix.

Et Bénard conclut, avec ce pessimisme ironique qui fait toute sa force :

« Évidemment, ça n’empêchera pas la guerre.
Mais puisque, de toute façon, elle reviendra, autant réduire, pendant la paix, les raisons de se disputer. »

Une phrase qui résonne comme une prophétie : à peine six ans plus tard, l’Europe sombrera à nouveau.


L’humour du désenchantement

Chez Bénard, le rire n’est jamais consolation : il est arme critique. En 1933, tandis que la presse “sérieuse” commente les efforts de Mussolini pour stabiliser le continent, Le Canard enchaîné rappelle l’essentiel : la paix diplomatique n’est qu’une fiction d’encre et de papier.

Son “pacte à un” est donc moins une boutade qu’une leçon de réalisme. À force de signer à plusieurs, les nations finissent par n’assumer aucune responsabilité. En se moquant de cette Europe bavarde, Pierre Bénard démasque déjà une génération de dirigeants qui, sous couvert d’éviter la guerre, préparent les conditions de la suivante.