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N° 894 du Canard Enchaîné – 16 Août 1933

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C’est la faute au Cartel

Le 16 août 1933, Le Canard enchaîné publie une leçon de lucidité sous la plume de Pierre Bénard : « C’est la faute au Cartel ». En quelques paragraphes d’une ironie implacable, il démonte le discours d’André Tardieu, ex-chef de gouvernement qui accuse la gauche de tous les maux. Bénard lui renvoie ses propres fautes, de la flotte pourrissante de Brest au traité de Versailles. Un pamphlet fulgurant sur la mauvaise foi politique, où le Canard rappelle que les vrais naufrageurs de la République ne sont pas toujours ceux qu’on accuse.

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Quand Pierre Bénard démonte le bouc émissaire : “C’est la faute au Cartel”

Le 16 août 1933, Le Canard enchaîné publie à sa une une charge d’une précision chirurgicale contre l’ancien président du Conseil André Tardieu, figure emblématique de la droite nationaliste de l’entre-deux-guerres.
Sous le titre « C’est la faute au Cartel », Pierre Bénard signe un pamphlet de haute volée : un démontage en règle de la mauvaise foi politique, de la mémoire courte et du cynisme des élites.
Son arme : le sarcasme.
Sa cible : l’homme qui, en 1933, accuse encore le “Cartel des gauches” de tous les maux de la France.


Le Cartel des gauches, bouc émissaire national

Dix ans après sa première victoire de 1924, le Cartel des gauches — coalition radicale-socialiste et socialiste SFIO — reste pour la droite le symbole du “mal français” : impôts, inflation, désordre, anticléricalisme.
Pour les journaux conservateurs, tout échec national, du franc en baisse à la canicule, est “la faute au Cartel”.
André Tardieu, ancien proche de Clemenceau, trois fois chef de gouvernement (1929–1932), s’est fait une spécialité de ce refrain.
Bénard en cite la formule, qu’il prête à Tardieu dans La Liberté :

« C’est la faute au Cartel. »

Et de répondre : “Bravo ! Rien ne vaut la bonne foi en matière de polémique.”
Le ton est donné : le Canard ne se contentera pas de contredire — il va retourner les armes de l’adversaire contre lui.


Tardieu, symbole du mensonge républicain

Dans une série d’exemples cinglants, Bénard déroule la carrière de Tardieu comme un catalogue de fautes politiques, qu’il lui renvoie une à une.
Chaque paragraphe commence par le même refrain ironique :

“C’est la faute au Cartel.”

Quand Tardieu, journaliste avant d’être ministre, couvre les scandales coloniaux de la N’Goko-Sangha, “où le goût des affaires l’emporte sur l’amour de la vérité” : c’est la faute au Cartel.
Quand, ministre de Clemenceau, il achète “une flotte qui n’a jamais pu naviguer et dont les débris pourrissent à Brest” : c’est encore la faute au Cartel.
Quand, au traité de Versailles, il participe à l’élaboration d’une paix impossible, porteuse de revanche et de ruine : la faute au Cartel.

Bénard s’amuse à faire de Tardieu le créateur de ses propres désastres, puis à le regarder, dix ans plus tard, les attribuer aux autres.
La satire est d’autant plus efficace qu’elle colle à la réalité : Tardieu, brillant mais arrogant, a perdu le pouvoir après avoir échoué à stabiliser la crise économique, et se replie sur le ressentiment.
Sa posture d’“homme d’État méconnu” devient sous la plume de Bénard celle du politicien faillible qui joue les martyrs.


La droite dans le miroir de sa mauvaise foi

Nous sommes à l’été 1933 : la France s’enlise dans la dépression. Le chômage dépasse le million, les faillites se multiplient, les scandales minent la confiance publique.
Dans ce climat de lassitude, les droites se déchirent entre partisans d’un pouvoir fort et nostalgiques de la République de l’ordre.
Tardieu, lui, publie ses tribunes dans La Liberté et se rêve en sauveur autoritaire — une tentation qui n’est pas sans rappeler les dérives contemporaines de Mussolini ou de Doumergue.

Bénard ne s’y trompe pas :

“Il inaugure la crise et le chômage : la faute au Cartel.”

Sous l’ironie, la phrase glace. Car en 1933, l’économie française est au bord de l’explosion, et la démocratie parlementaire, rongée par les affaires et la désillusion, vacille.
Les droites accusent la gauche d’impuissance ; la gauche dénonce la corruption bourgeoise ; et dans ce brouhaha, les ligues fascisantes gagnent du terrain.
Ce texte du Canard est donc plus qu’un pamphlet : c’est un rappel de responsabilité.
En dénonçant la fuite en avant de Tardieu, Bénard stigmatise toute une classe politique qui, plutôt que de reconnaître ses échecs, préfère se chercher des ennemis commodes.


Du sarcasme à la prophétie

La mécanique du texte est implacable : chaque phrase frappe comme un coup de marteau, et l’ironie monte jusqu’à l’ultime sentence :

“Qu’il parle d’honneur, de probité, de salubrité, sans que la foule de ceux qui paient à cause de sa flotte fantôme se lève pour lui lancer des pierres — c’est vraiment la faute au Cartel.”

C’est toute la France des années 1930 que Bénard résume là : une société où la faillite des puissants se solde toujours par la culpabilité des autres.
Le “Cartel” devient une métaphore de la responsabilité collective qu’on refuse, du bouc émissaire commode — un procédé politique intemporel.
Bénard, sans le dire, parle déjà de ce réflexe qui, un an plus tard, nourrira les slogans des ligues : “À bas les parlementaires !”, “C’est la faute aux politiques !”
La satire se fait donc prophétie républicaine : à force de diaboliser le Cartel, la droite prépare le terrain à ceux qui n’auront plus besoin ni de Cartel ni de Parlement.


Bénard, le moraliste du Canard

Pierre Bénard, futur directeur du Canard et chroniqueur redouté, fait ici montre de sa marque de fabrique : un humour froid, logique, impitoyable.
Il ne caricature pas, il dissèque.
Chez lui, la phrase courte et tranchante n’est pas un effet de style mais un scalpel : celui du désenchantement républicain.
Et derrière la raillerie, une inquiétude sourde : que la République, lasse de ses propres trahisons, s’abandonne à ceux qui crient plus fort qu’elle.