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N° 899 du Canard Enchaîné – 20 Septembre 1933

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Devise pour M. de Monzie… Eduquons! Eduquons! Eduquons!

Le 20 septembre 1933, Le Canard enchaîné publie « Anatole veut rester pur », une chronique assassine de Pierre Bénard contre Anatole de Monzie, ministre de l’Éducation nationale.
Sous couvert de morale patriotique, le ministre prêche l’ordre et le sacrifice — mais Bénard révèle le cynisme d’un notable soucieux de ses “coupons en Suisse”.
Derrière le rire, c’est toute la Troisième République affairiste que Le Canard crucifie : celle qui parle de vertu tout en vivant de privilèges, et pour qui la guerre n’est jamais qu’un mot… pour les autres.

La motorisation de la cavalerie, dessin de Effel.

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“Anatole veut rester pur” : quand Bénard étrille le moralisme ministériel

Le 20 septembre 1933, Le Canard enchaîné consacre sa une à un texte féroce signé Pierre Bénard, plume acérée parmi les plus mordantes du journal.
Sous le titre ironique « Anatole veut rester pur », il s’attaque à Anatole de Monzie, alors ministre de l’Éducation nationale, en le déshabillant avec un art consommé de la satire politique.
Derrière le rire, c’est une radiographie du pouvoir de la Troisième République : celui des ministres caméléons, des moralistes cyniques et des “amis du contribuable mobilisé”.


Le contexte : un ministre d’avant-garde ou d’arrière-bureau ?

Anatole de Monzie (1876-1947) est une figure bien connue de la IIIᵉ République.
Radical-socialiste, avocat, polyglotte et lettré, il a occupé une demi-douzaine de portefeuilles : Travaux publics, Justice, Finances, puis Éducation nationale.
Son éclectisme, pour Le Canard, est tout sauf une preuve de compétence.

“Il a été ministre des Travaux publics, de la Justice et des Finances dans un temps record.”

Bénard résume en une phrase la vacuité du pouvoir parlementaire de l’époque : un système où l’on circule de ministère en ministère “non par dispositions spéciales”, mais “parce qu’on se moque autant des Travaux publics que des Finances et encore plus de la Justice.”

Nous sommes en 1933, en pleine crise économique mondiale et à la veille d’une montée vertigineuse des extrêmes.
Les scandales politico-financiers (comme l’affaire Oustric) ont miné la confiance dans les élites, tandis que les appels à la rigueur et à la morale publique se multiplient.
C’est dans ce climat que Monzie signe une circulaire à destination des instituteurs, exaltant “l’ordre, l’autorité, le désintéressement et l’amour de la Patrie”.

Pour Le Canard, il n’en fallait pas plus pour allumer les feux de la moquerie.


Le faux pur et le vrai cynique

Bénard attaque avec une précision chirurgicale.
Son arme : le contraste entre la rhétorique pompeuse du ministre et sa pratique de notable affairiste.

“On y célèbre l’ordre, l’autorité, le désintéressement, l’amour de la Patrie, la nécessité du sacrifice et tout et tout.”

Puis le couperet tombe :

“Et c’est signé : Anatole de Monzie.”

Tout l’art de Bénard tient dans ce “et”. En une ligne, il renverse la grandeur en ridicule, la vertu en posture.
Le ministre, qui prône le patriotisme, serait surtout habile à “faire nommer secrétaire général du gouvernement d’Algérie un copain pour remplacer un gendre de Malvy”.
Derrière le ton de chronique, c’est la clientélisation du pouvoir qu’il démonte : ces réseaux d’amitiés et d’intérêts où la République radicale trouve sa survie.
“Ce n’est plus le Lot, c’est une affaire”, écrit-il, résumant en une pirouette la confusion entre service public et service rendu.


L’hypocrisie fiscale en ligne de mire

Mais Bénard ne s’arrête pas au piston.
Il décortique le discours du ministre sur l’“objection de conscience” – un thème brûlant en 1933, alors que certains militants pacifistes réclament le droit de refuser le service militaire.
Monzie dénonce cette “vilenie” de refuser de porter les armes, arguant qu’il est facile d’être pacifiste quand on ne risque rien.

Bénard explose :

“M. de Monzie sait aussi bien que tout le monde que rien n’est plus facile dans notre pays de liberté que de pratiquer l’objection du contribuable.”

La formule est d’une efficacité meurtrière.
Sous couvert d’un jeu de mots, elle renvoie à la fraude fiscale des élites, tolérée et dissimulée dans les banques suisses.
Monzie, qui se veut gardien des valeurs, devient symbole de ce patriotisme de façade qui prêche le sacrifice des autres tout en gardant ses coupons à l’abri.


Satire et portrait moral

Le texte prend alors une allure de comédie noire.
Anatole devient un personnage de théâtre, mi-bourgeois, mi-missionnaire, qui sermonne le peuple depuis un salon capitonné.

“Il écrit que prêcher l’objection de conscience de la part de gens qui ne sont plus astreints au service militaire […] est une vilenie.”

Et Bénard d’ajouter, avec cette ironie douce-amère qui fait la force du Canard :

“Ce n’est pas une évidence, c’est une vilaine habitude : celle de trouver tout naturel que les autres aillent se faire casser la gueule quand soi-même on est sûr de ne pas bouger.”

Dans cette phrase, toute la critique sociale des années 1930 se condense : la fracture entre le verbe patriotique des puissants et le sang versé des anonymes.
Sous le rire perce la colère : le même discours servira, dix ans plus tard, à justifier Vichy et ses appels à l’ordre moral.


Le Canard contre la “pureté” d’État

Bénard ne croit ni aux vertus civiques proclamées, ni à la “pureté” du pouvoir.
Il achève Monzie d’une phrase lapidaire :

“Sous la plume de M. de Monzie, pour qui la guerre n’est pas la mobilisation, c’est simplement marrant.”

Cette chute n’est pas qu’un trait d’esprit : c’est une condamnation morale.
En 1933, tandis que Hitler réarme et que la France se replie dans ses certitudes, Le Canard rappelle que la guerre se prépare d’abord dans les mots — dans la langue policée des ministres, où le sacrifice devient “héroïsme” et la lâcheté, “patriotisme”.


Héritage d’une satire lucide

En tournant en dérision Anatole de Monzie, Bénard épingle tout un système : celui d’une République de notables, minée par l’arrivisme et la morale de façade.
Ce texte, qui semble n’être qu’un portrait de ministre ridicule, devient une satire du pouvoir lui-même, de son hypocrisie structurelle et de son incapacité à se regarder en face.
“Anatole veut rester pur” : une formule qui, à la lecture, résonne comme un verdict définitif.