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N° 900 du Canard Enchaîné – 27 Septembre 1933

N° 900 du Canard Enchaîné – 27 Septembre 1933

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La loterie nationale va mettre… un peu de leurre dans nos épinards

Le 27 septembre 1933, Le Canard enchaîné tourne en dérision le mutisme du ministre des Finances Georges Lamoureux, retranché derrière son “secret budgétaire”.
Dans « Pas une virgule ne doit transpirer », Drégerin transforme la discrétion ministérielle en comédie bureaucratique : gardes plantés, serrures bouchées, carpes muettes.
Sous le rire, c’est une République paralysée que le Canard décrit — un État barricadé dans son silence alors que la crise gronde.
En 1933, le secret devient méthode de gouvernement, et le ridicule, instrument de survie.

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“Pas une virgule ne doit transpirer” : Drégerin démonte le grand secret budgétaire

Le 27 septembre 1933, Le Canard enchaîné publie une charge hilarante signée Drégerin, maître des satires politiques à double fond.
Sous le titre « Pas une virgule ne doit transpirer des projets de M. Lamoureux », il s’en prend à la discrétion maladive du ministre des Finances, Georges Lamoureux, qui promet de travailler “dans le plus grand secret” à son plan de redressement budgétaire.
Un texte en apparence léger, mais d’une ironie redoutable : derrière la caricature du fonctionnaire paranoïaque, Drégerin tire à boulets rouges sur une République exsangue, incapable de transparence comme de réforme.


Le contexte : 1933, la France au bord de la panne

En cette fin de septembre 1933, la situation financière française est catastrophique.
Depuis la crise de 1929, le chômage progresse, la production stagne et le franc chancelle.
Le gouvernement Albert Sarraut, fragile coalition radicale, promet un “redressement financier” sans oser ni hausse d’impôts ni réduction massive des dépenses publiques.
Le ministre des Finances, Georges Lamoureux, un technicien sans charisme, se réfugie alors dans le culte du secret : il promet que son plan budgétaire restera “hermétique” jusqu’à sa présentation au Parlement.
Autrement dit, pas un mot, pas une virgule, ne doit filtrer.

Pour Le Canard, cette “discipline du silence” est du pain bénit : rien de plus comique que la grandiloquence ministérielle lorsqu’elle s’érige en vertu.


Le culte du secret poussé au ridicule

Dès les premières lignes, Drégerin pose le décor :

“M. Lamoureux, en arrivant au dernier conseil de Rambouillet, n’a pas envoyé dire aux journalistes : ‘Je travaille dans le plus grand secret.’”

Tout y est : le ton pince-sans-rire, la fausse gravité, la parodie du communiqué officiel.
Puis vient la mécanique burlesque : Lamoureux, craignant la moindre fuite, verrouille littéralement son bureau, s’entoure de plantons et fait surveiller ses dossiers “jusqu’à la doublure de son chapeau”.

“M. Lamoureux est bien gardé.”

La formule, légendée sous le dessin de Guilac, condense l’humour du Canard : la satire du pouvoir ne s’attaque pas à l’homme mais à sa gestuelle — ce théâtre bureaucratique où l’État joue à se protéger de lui-même.


Les ministres comme dans un asile

La suite du texte enfonce le clou.
Le ministre, note Drégerin, est “soumis à un régime de mutisme collectif”, si bien que le gouvernement “sera muet comme une friture de carpes”.
L’image, irrésistible, moque à la fois la discipline administrative et le conformisme des ministres radicaux, qui se contentent d’“attendre le 17 octobre” comme on attend un miracle.

Le passage sur le ministère du Budget est un bijou d’humour absurde :

“M. Lamoureux a décidé de mettre le ministère en état de défense contre les indiscrétions. Toutes les serrures ont été bouchées à la mie de pain et les dactylographes priées de se laver les mains avant de taper.”

L’hyperbole tourne à la folie douce : la France de 1933, engluée dans sa crise, ne réforme pas — elle s’enferme.
Drégerin fait de cette autarcie un symbole : celui d’une République repliée sur ses rituels, ses commissions, son jargon administratif.


Les “fruits de carpe” et la République du secret

L’ironie de Drégerin vise plus haut qu’il n’y paraît.
Sous le rire, il dénonce une pathologie de la Troisième République : le gouvernement qui gouverne en silence, de peur du peuple et de la presse.
“Motus et bouches cousues”, écrit-il — mot d’ordre que Le Canard retourne comme un gant.
Car si le secret devient une fin en soi, c’est qu’il n’y a plus rien à dire.

Le dessin central, signé Guilac, accentue cette satire.
Sous le titre “M. Lamoureux est bien gardé”, la caricature évoque plus un asile d’aliénés qu’un ministère : les fous ne sont pas dehors, ils sont au gouvernement.


Le ridicule d’État

Drégerin excelle à capter la bêtise institutionnelle.
Chaque détail bureaucratique devient un ressort comique : le ministre, craignant qu’une “syllabe imprudente” n’échappe à son chauffeur, décide d’emmener Léon Meyer, “qui parle tout le temps pour qu’on n’y comprenne rien”.
Résultat : la confidentialité est totale, puisque “personne ne comprend plus rien à la trésorerie”.

Mais le rire, sous la plume de Drégerin, est politique.
Il fustige une élite qui se croit prudente parce qu’elle se tait, et sérieuse parce qu’elle verrouille ses portes.
La satire du mutisme devient celle de l’impuissance organisée : un État qui ne sait plus que se taire par peur de se contredire.


Une farce révélatrice

Quand Drégerin écrit, avec son calme assassin, que Lamoureux “fermera sa bouche jusqu’au 17 octobre”, il annonce en réalité la faillite du radicalisme : le parti qui prétend diriger sans rien changer, gérer sans rien dire.
Quelques mois plus tard, les ligues d’extrême droite descendront dans la rue, le 6 février 1934, criant à la corruption et à l’incapacité.
Le silence de Lamoureux, symbole de prudence en septembre 1933, apparaîtra alors pour ce qu’il est : le silence avant la tempête.

Sous le vernis de l’humour, Le Canard enchaîné capte ce moment charnière : la République parle de “redressement”, mais n’a plus rien à redresser.