Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 923 du Canard Enchaîné – 7 Mars 1934

N° 923 du Canard Enchaîné – 7 Mars 1934

59,00 

En stock

Taisons-nous… Maffions-nous

Un duel passionnant entre monsieur d’Uhalt et monsieur Ordonneau – Monsieur Léon Daudet dément – la chambre perfectionne son matériel – l’été prochain dans les villes d’eaux : la saison à bain-les-bains s’annonce particulièrement brillante – la plus belle lettre d’amour, par Pierre Bénard – De Paris à menton : le carnet de notes de monsieur Jean Chiappe – documentaire : le monstre de Querqueville – notre grande enquête sur la gloire –  Les contes du canard par R. Tréno 

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

7 mars 1934 : Quand la justice tourne au steeple-chase : d’Uhalt contre Ordonneau dans l’arène Stavisky 

En une du Canard du 7 mars 1934, R. Tréno transforme l’instruction Stavisky en course hippique. Le juge bayonnais d’Uhalt et le juge parisien Ordonneau rivalisent d’ingéniosité grotesque pour engranger inculpations, mandats et « clients ». Soirées dansantes à la Santé, maisons rebaptisées « Villa Chagrin », publicités imaginaires et cartes de visite promettant des non-lieu : la satire est féroce. À travers ce duel burlesque, c’est une justice enivrée de pression politique que dénonce le Canard, dans une France encore traumatisée par les émeutes du 6 février.

Au cœur de l’hiver 1934, tandis que la France chancelle sous les retombées de l’affaire Stavisky, des émeutes du 6 février et de la chute du gouvernement Daladier, un spectacle inattendu se joue dans les coulisses de la justice : une compétition d’instruction aussi grotesque que révélatrice du climat politique. L’article de Tréno, publié en première page du Canard enchaîné du 7 mars 1934, en offre une caricature d’une précision féroce.

Depuis janvier, l’opinion réclame des coupables. Les ligues hurlent à la pourriture parlementaire. La droite parlementaire dénonce un « système » où policiers, ministres et affairistes seraient mêlés. La gauche quant à elle s’alarme d’un emballement réactionnaire. Dans ce tumulte, les juges d’instruction deviennent des champions médiatiques — malgré eux ou, parfois, avec un zèle apparent. Le pouvoir attend des arrestations. La presse réclame des aveux. Le public veut du sang. Et la justice se transforme en terrain de steeple-chase.

C’est ainsi que Tréno met en scène un duel ubuesque entre le juge de Bayonne, M. d’Uhalt, et le juge parisien, M. Ordonneau. Tous deux sont chargés d’une partie de la tentaculaire affaire Stavisky, mais Tréno les présente comme deux jockeys survoltés cherchant à décrocher le trophée suprême : le plus grand nombre d’inculpations.

La comparaison animalière est immédiate : d’Uhalt serait la tortue, Ordonneau le lièvre. Le premier a commencé l’instruction le plus tôt, mais avance lentement, « très lentement ». Le second, au contraire, surgit comme un sprinter prêt à avaler les obstacles. La métaphore est typiquement « canardesque » : derrière la drôlerie, une critique au vitriol du cirque judiciaire né de la pression politique.

Ce duel ridicule se déroule sur un fond autrement dramatique. Depuis le 10 janvier, on a retrouvé le corps d’Alexandre Stavisky — officiellement « suicidé d’un coup de revolver tiré à bout portant ». L’expression est encore dans toutes les têtes. Le scandale, lui, n’est pas refermé : banques fantômes, chèques frauduleux, protecteurs politiques et financiers, complicités suspectées. La panique politique est telle qu’on en vient à mesurer la compétence d’un magistrat au nombre de mandats d’arrêt qu’il parvient à lancer en une semaine.

Là-dessus, Tréno brode avec jubilation. D’Uhalt, pour se relancer dans la course, envisage de renforcer sa stratégie d’instruction par des moyens quasi militaires : agrandir la prison de Bayonne, bétonner l’appartement de Stavisky, transformer sa demeure en « Villa Chagrin ». Il pousserait même l’absurde jusqu’à aménager sa propre maison en « Villa Bonnaure », espérant convaincre des inculpés hésitants de venir se livrer dans un cadre plus engageant.

Mais Ordonneau ne l’entend pas ainsi : pour attirer davantage d’inculpés, il organise à la Santé une « succursale du P.M.U. » et même des « soirées dansantes », comme si l’instruction se jouait sur la séduction festive plutôt que sur le droit. Tréno pousse l’ironie jusqu’à inventer une publicité parodique :
« Si vous avez le talon à l’estomac, venez vous mettre à table à Bayonne ».
Ordonneau réplique : « Oui... mais Ordonneau cuisine mieux ».

Le procédé est brillant : Tréno applique aux juges le langage du commerce, du cabaret et du marché aux bestiaux. La justice n’est plus un pouvoir, mais un stand où l’on attire le client. La caricature révèle la déchéance d’un système soumis au chantage de l’opinion, où les fonctionnaires redoublent d’activisme pour ne pas paraître laxistes — ou complices.

Et puis, détail mordant : on prétend que M. Ordonneau glisserait discrètement sa carte de visite aux visiteurs influents, avec la mention :
« ORDONNEAU – de non-lieu »,
comme on distribuerait un encart publicitaire.

Le Canard, fidèle à son rôle de satiriste des institutions, dénonce ainsi une justice en perte de sens, happée par la politique, obsédée de communication, soucieuse d’image plus que de vérité. Dans un pays proche de l’implosion — les émeutes du 6 février ont failli basculer en tentative de coup d’État — cette scène de foire judiciaire relève du symptôme : partout, chacun joue sa partition pour survivre.

Le dernier trait porte le coup final :
« Il apparaît que ce sera M. Ordonneau, et que, lundi, M. d’Uhalt devra mettre les pouces... et rendre les poucettes. »
La justice, réduite à un concours de force, est écrasée par sa propre caricature.


 

De Chamonix à la Santé : comment le “suicide à bout portant” a fabriqué la justice-spectacle

L’affaire Stavisky bascule brutalement à la Une du 10 janvier 1934, lorsque Le Canard publie son titre resté légendaire :
« Stavisky se suicide d’un coup de revolver qui lui a été tiré à bout portant ».

En quelques mots, l’hebdomadaire ridiculise la version officielle et met en lumière l’embarras du gouvernement Chautemps, la fébrilité de la police et l’odeur de soufre qui entoure la mort du célèbre escroc.
Ce titre inaugure une période où l’État semble mentir plus vite qu’il n’explique, où chaque communiqué ajoute à la suspicion. La crise enfle, les journaux s’enflamment, les ligues grondent — jusqu’à éclater en violences le 6 février.

Dans cette atmosphère électrique, un autre pouvoir se retrouve au centre de la scène : la justice, accusée d’être lente, docile, voire complice.
Pour rattraper son image et « prouver » sa fermeté, elle se lance alors dans une surenchère spectaculaire.

C’est ce climat qui nourrit la scène burlesque décrite par Tréno dans l’édition du 7 mars 1934 : un steeple-chase judiciaire entre les juges d’Uhalt et Ordonneau, chacun cherchant à battre l’autre en nombre d’inculpations, de mandats d’arrêt ou d’effets d’annonce.
L’un installe une « succursale » du P.M.U. à la Santé.
L’autre fait publier des réclames et promet des « retournements » fulgurants.

Derrière l’humour, le message est limpide :
le mensonge de janvier a engendré, en mars, une justice affolée, devenue marionnette de l’opinion plutôt qu’arbitre du droit.

Entre Chamonix et la Santé, la même mécanique est à l’œuvre : la panique, la communication, et une justice qui, pour se racheter, devient spectacle.