N° 988 du Canard Enchaîné – 5 Juin 1935
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Petite suggestion à M. Caillaux – Jean Galtier-Boissière
Dans cet article, Jean Galtier-Boissière propose à M. Joseph Caillaux, alors ministre des Finances, une mesure audacieuse pour rééquilibrer le budget de l’État. Plutôt que de réduire les pensions des enseignants et des invalides de guerre, il suggère de s’attaquer aux cumuls des hauts fonctionnaires et des généraux retraités qui touchent d’importants émoluments de la part de grandes entreprises privées en plus de leur retraite d’État.
Galtier-Boissière commence par rappeler que dans les secteurs publics et privés de haut niveau, il est courant que des fonctionnaires et des militaires établissent des relations influentes et rendent des services précieux aux grandes entreprises. En remerciement, ces figures publiques obtiennent souvent des postes lucratifs dans le secteur privé après leur retraite officielle.
Il cite en exemple le général Weygand, qui touche une pension confortable de l’État tout en recevant des sommes considérables pour siéger au conseil d’administration de la Compagnie de Suez. Galtier-Boissière ironise sur le fait que ce ne sont pas les compétences spécifiques de Weygand en trafic maritime qui justifient cette rémunération, mais plutôt son statut d’ancien généralissime.
Galtier-Boissière propose une loi visant à limiter ces cumuls. Selon lui, les retraités d’un certain niveau de pension devraient être obligés de choisir entre leur demi-solde d’État et les prébendes du secteur privé. Cette mesure permettrait de réaliser des économies substantielles pour l’État, sans pour autant renier les contrats existants.
Il suggère également une approche plus symbolique et patriotique. Inspiré par la Nuit du 4 août 1789, où les privilèges féodaux furent abolis, il propose d’organiser une cérémonie où les retraités des grands postes d’État renonceraient publiquement à leurs pensions. Ce geste serait un acte de solidarité en période de crise économique.
Jean Galtier-Boissière conclut en insistant sur le besoin de justice sociale et de solidarité. Il appelle M. Caillaux à prendre des mesures courageuses en ciblant les « bien nantis » plutôt que les plus modestes, et à encourager un geste symbolique fort qui pourrait inspirer la nation entière.
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