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Les plumes du Canard

Georges de La Fouchardière , dit La Fouchardière, Fouchardière, la Fouch

1874 - 1946

Sa participation au Volatile : 1916 à 1934

G. de La Fouchardière 

vu par Bécan

Comœdia illustré, 1 février 1921

Georges de La Fouchardière (1874–1946)

Du Bouif à la plume satirique : un pilier du Canard, un esprit libre, un destin tourmenté

Journaliste, humoriste, satiriste, romancier, polémiste, chroniqueur hippique, pamphlétaire, Georges Alphonse de La Fouchardière occupe une place singulière dans la constellation des plumes qui ont donné son identité au Canard enchaîné. Personnage brillant, fantasque, exubérant, irrévérencieux, il fut l’un des artisans les plus populaires du journal entre 1916 et 1934. Créateur du célèbre Bouif, il incarne la fantaisie anarchisante des débuts du Canard, avant de s’effacer dans un départ mêlé d’incompréhension et de drame politique.

Cette figure majeure des lettres satiriques françaises, célébrée autrefois sur scène, à l’écran et dans les cabarets, est tombée aujourd’hui dans un relatif oubli — obscurcissement dû autant à la disparition de son œuvre qu’à ses choix ultérieurs durant l’Occupation. Mais pour comprendre le Canard des années héroïques, son ton, son rire, sa mauvaise foi assumée, sa rage antimilitariste, il faut revenir à La Fouchardière, dont l’influence a longtemps été décisive.

Origines et formation : un lettré atypique

Né le 1er février 1874 à Châtellerault dans une famille bourgeoise cultivée, Georges de La Fouchardière est le fils d’un avocat réputé et d’une mère apparentée à un diplomate. Cette origine sociale confortable lui offre un parcours classique : études brillantes au collège Stanislas, licence ès lettres, puis diplôme de HEC obtenu en 1901.

Mais ce jeune homme promis à une carrière bancaire nourrit une passion autrement plus dévorante : l’humour et l’écriture. Dès 1895, alors qu’il travaille dans une grande banque parisienne, il fréquente les milieux artistiques de Montmartre, où il remporte en 1903 une compétition loufoque organisée par le cabaret des Quat’z’Arts — une course à pied durant laquelle il faut composer une chanson en plein effort. Toute sa vie est déjà là : l’esprit, la farce, la provocation joyeuse.

Les débuts littéraires : du feuilleton au roman fantaisiste

En 1908, il débute dans la presse sportive et humoristique avec Paris-Sport. Très vite, il y crée un univers burlesque : chroniques fantaisistes, dialogues improvisés, caricatures d’hommes de courses.
C’est là qu’apparaît son alter ego : Alfred Bicard, dit “Le Bouif”, un petit vendeur de tuyaux hippiques, naïf et filou, dont le ton truculent rencontre immédiatement le public.

En 1910, il publie La Machine à galoper, roman feuilletonesque hilarant, puis en 1913 Le Crime du Bouif, qui propulse sa carrière. La pièce adaptée du roman fait un triomphe, bientôt suivie d’une tournée nationale. Le personnage du Bouif devient une célébrité, incarné sur scène par Tramel et Dranem. La France rit, et La Fouchardière devient une plume recherchée.

Le Bouif et la guerre : l’entrée au Canard enchaîné

En 1916, Maurice Maréchal fonde Le Canard enchaîné. Il cherche des plumes libres, pacifistes, anti-militaristes — exactement ce que La Fouchardière incarne.
Le Bouif, chroniqueur hippique décalé devenu observateur politique improvisé, trouve dans les colonnes du Canard un espace idéal.

La Fouchardière publie d’abord des chroniques du Bouif, dans lesquelles l’innocence rusée du personnage permet de dire beaucoup sur la bêtise militaire, les lâchetés politiques et l’absurdité de la censure.
Ces textes sont une manière détournée d’exprimer son pacifisme et son anarchisme profond.

Le succès est immédiat. Dès 1916, il devient l’un des piliers du journal, avec un style identifiable : gouaille parisienne, humour noir, formules assassines, observation sociale déguisée en farce.
Ce ton fera école.

Années 1920 : l’âge d’or du Bouif et la consécration d’un satiriste

Les années d’après-guerre voient l’apogée du Bouif : romans successifs (Bicard dit le Bouif, Le Bouif tient, Le Bouif errant), représentations en province, adaptations au cinéma (dont l’une par Henri Pouctal), puis triomphe populaire sur scène.

Parallèlement, La Fouchardière écrit pour divers journaux — La Liberté, Le Merle blanc — mais Le Canard demeure son port d’attache, la tribune où il donne libre cours à sa verve antimilitariste et à son anticléricalisme féroce.
Son humour, proche de l’esprit anar des années 1900, contribue à installer durablement le journal dans une identité contestataire et irrévérente.

1934 : l’affaire Chiappe — la rupture

Le tournant dramatique survient en février 1934. Daladier vient de révoquer le préfet de police Jean Chiappe, figure controversée mais proche des milieux conservateurs.

La Fouchardière, qui connaît Chiappe depuis les facéties montmartroises de 1927, publie un article le défendant : non par conviction politique, mais par instinct d’équité personnelle.

Mais les événements s’emballent : le 6 février 1934, les ligues factieuses manifestent violemment, la République vacille, Chiappe devient le martyr de la droite insurrectionnelle.

Le Canard, pris dans la tourmente, prend ses distances dans son numéro du 7 février. La Fouchardière est publiquement désavoué.
Une semaine plus tard, il répond dans une lettre ouverte en une — un adieu poignant :

« Je n’ai jamais accepté une faveur d’un homme au pouvoir […] Je n’ai obéi qu’à ma conscience. »

Il quitte le journal après seize ans de collaboration.
Cette rupture marque la fin d’une époque : celle des premières années bohèmes et libertaires du Canard.

Après le Canard : errances, glissements et chute morale

Écarté de son journal d’origine, La Fouchardière poursuit sa carrière dans d’autres titres.
Mais son engagement pacifiste radical, son antimilitarisme intransigeant et sa détestation viscérale des élites républicaines le conduisent, au fil des années 1930, dans un glissement idéologique trouble.

Pendant l’Occupation, il écrit dans des journaux collaborationnistes tels que Paris-Soir, La Semaine et surtout L’Œuvre de Marcel Déat.
Ce choix — tragique, indéfendable — ternit sa mémoire et brouille son héritage.

Il meurt le 10 février 1946 à Saint-Brieuc, un an à peine après la Libération.

Style, influence et héritage

Malgré les ombres de sa fin de vie, l’impact de La Fouchardière sur la presse satirique française demeure immense :

  • il a donné au Canard enchaîné une partie de sa tonalité originelle : irrévérente, anarchisante, gouailleuse ;
  • son personnage du Bouif a été un phénomène culturel majeur ;
  • il a incarné pendant vingt ans une forme de satire populaire à la fois bon enfant et cruellement lucide ;
  • son œuvre romanesque, notamment La Chienne, a inspiré Jean Renoir puis Fritz Lang.

Plus largement, il a incarné la génération de plumes pour qui l’humour était une arme politique, un outil de subversion, un moyen de tenir tête à la bêtise, aux puissants, à la guerre et à l’ordre établi.

Conclusion : une figure à la fois centrale et paradoxale

Georges de La Fouchardière fut l’un des artisans les plus essentiels du Canard enchaîné des origines. Par sa verve, son esprit, son Bouif, il a contribué à façonner l’âme du journal.

Mais son parcours témoigne aussi des ambiguïtés du pacifisme radical de l’entre-deux-guerres, et des dérives possibles lorsqu’un esprit libre, blessé et déçu, se laisse happer par le ressentiment ou l’isolement.

Raconter La Fouchardière aujourd’hui, pour Couac!, c’est restituer la complexité d’un homme : immense satiriste, formidable conteur, combattant acharné du rire — mais aussi plume égarée dans les compromissions de la fin de sa vie.

Une biographie qui ne se résume pas à l’éloge ou au blâme : une trajectoire où brillent, tour à tour, le génie, la fantaisie et la tragédie.


 

G. DE LA FOUCHARDIERE 

vu par H.-P. Gassier

Édition du Canard enchaîné du 7 mars 1917

G. DE LA FOUCHARDIERE 

vu par Henri Guilac

Édition du Canard Enchainé du 9 juin 1920

de Lafouchardière 

vu par Oberlé

Le Crapouillot, 24 décembre 1921

M. G. de La Fouchardière 

vu par Julien de Pavil

Comoedia, 13 décembre 1923

G. de La Fouchardière 

vu par Henri Guilac

Prochainement ouverture…de 62 boutiques Littéraires, dessinées par Henri Guilac et présentées par Pierre Mac Orlan, Simon KRA éditeur, Paris 1925

de La Fouchardière 

vu par André Major

Marianne, 7 juin 1933

G. de La Fouchardière 

vu par Roger Roy

L’Oeuvre, 31 janvier 1934

La Fouchardière 

vu par Pol Ferjac

Édition du Canard Enchainé du 30 mai 1956

de La Fouchardière 

vu par Henri Guilac

Édition du Canard Enchaîné du 12 février 1958