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Les plumes du Canard

Victor Snell , dit Ph. Berthelier

1874 - 1931

Sa participation au Volatile : 1916 à 1931

Victor Snell 

par H. Guilac

Le Canard Enchainé du 30 mai 1956

Victor Snell (Genève, 9 février 1874 – Paris, 8 février 1931) est un journaliste suisse.

Né en 1874, d’origine genevoise, d’abord avocat, il écrit d’abord dans la Revue Les Hommes du Jour, (1910), puis devient le premier rédacteur en chef du Canard enchaîné de 1916 à 1931. Également journaliste à L’Humanité, il est secrétaire de rédaction de L’Humanité de 1907 à 1912, c’est un ami de Jean Jaurès. Il tient dans ce journal une rubrique littéraire et théâtrale dans les années 1920. Il excellait dans le canular littéraire, et avait deux violons d’Ingres  : le piano, et la grammaire. Il tient chaque semaine dans L’Œuvre une chronique humoristique intitulée « La Grammaire en Zig-Zag ». Pendant la Première Guerre mondiale, il ridiculise Maurice Barrès dans un pastiche « Le Jardin de Marrès ». Il est fait chevalier de la légion d’honneur le 21 août 1925, et reste au Canard enchainé.

Il réclamera régulièrement à Benito Mussolini, décrit comme un tyran de carnaval dans le Canard enchaîné, le montant d’une dette contractée pendant la jeunesse du dictateur. Il avait rencontré Mussolini dans les années 1900 quand celui-ci était encore un militant socialiste pourchassé par la police de son pays. Il prétend avoir prêté un peu d’argent à celui-ci, qui ne lui jamais été rendu. De là vient l’origine de la réponse invariable de l’hebdomadaire à chacune des revendications territoriales de Mussolini : « Et mes dix balles ? »

source: Wikipédia


Voici, assis à la droite du patron, Victor Snell. Appelez le Totor, admirez sa tignasse de poète et sachez qu’il est de Genève comme Rousseau, le lac Léman et de nombreux lecteurs du Canard. Ou comme le fondateur de la Croix-Rouge dont il a la générosité. Avant de quitter la Suisse pour Le Canard, via L’Humanité de Jaurès et L’Œuvre de Gustave Téry, il a spontanément prêté vingt francs à un Italien proscrit et réfugié sur les bords du Lac. Non seulement l’Italien ne le remboursera jamais, mais il commettra d’autres abus de confiance et sera fusillé sous le nom de Benito Mussolini. Le jour où, non content d’avoir gardé l’argent de Snell, ce maroufle exigera Nice et la Savoie, Totor lui fera honte dans L’Œuvre et Le Canard « Commencez par me rendre mes vingt francs, mon vieux ! »

Jean Egen, Messieurs du Canard, p. 70 – ED. Stock


Le cas « Ph. Berthelier » : un pseudonyme dévoilé

Le canular du sous-marin de Baltimore
Le 26 juillet 1916, Le Canard enchaîné publie en une « La fin d’un bluff », signé Ph. Berthelier. L’article soutient, pince-sans-rire, que le sous-marin marchand allemand Deutschland n’a pas traversé l’Atlantique mais a été construit en pièces détachées à Baltimore, sous une bâche. Une plaisanterie assumée, mais qui sera reprise au sérieux par plusieurs grands journaux (L’Ouest-Éclair, La Liberté, L’Écho de Paris).

Le retour de bâton
Deux semaines plus tard, le 9 août, Le Canard jubile et consacre plusieurs colonnes au succès de son bobard. Dans un texte intitulé « Le sous-marin démontable », Georges de La Fouchardière enfonce le clou… et lâche au passage l’identité du mystérieux « Ph. Berthelier ».

Ph. Berthelier = Victor Snell
De La Fouchardière révèle que l’auteur du canular n’est autre que Victor Snell, journaliste et collaborateur du Canard. Cette indiscrétion, lâchée avec gourmandise, éclaire la mécanique interne du journal : les pseudonymes ne sont pas seulement des masques de protection, ils participent au jeu satirique.

Pourquoi dévoiler le pseudonyme ?
En donnant la clé, le Canard invite ses lecteurs dans les coulisses. Le gag est complet : non seulement les journaux concurrents se sont laissé berner, mais en plus l’hebdomadaire explique comment le bobard a été fabriqué. Le pseudonyme, puis sa révélation, font partie intégrante de la stratégie humoristique.

Un cas emblématique
L’affaire « Berthelier/Snell » illustre parfaitement la logique du Canard des origines :

  • publier de fausses nouvelles avouées comme telles,
  • piéger la presse sérieuse qui s’empresse de les reprendre,
  • et enfin révéler la supercherie avec un sourire complice.

C’est ainsi que le Canard, dès ses premières semaines, installe sa réputation de journal frondeur, plus prompt à dégonfler les bobards qu’à se prendre au sérieux.