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La Mare aux Canards

Le Canard face à la guerre d’Espagne
27 avril 1938

La plume acérée de Pierre Bénard, dans Le Canard enchaîné du 27 avril 1938, capte toute la tension d’une Europe au bord de la rupture. Sous le titre « Il faut en finir », il dénonce avec une ironie amère l’impatience des chancelleries européennes devant la résistance républicaine en Espagne. Un texte brûlant d’actualité à son époque — et qui résonne encore.

Le décor : l’Europe lassée par la guerre d’Espagne

Depuis 1936, la guerre civile espagnole déchire l’Espagne. Tandis que les forces franquistes progressent, appuyées par l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie, les républicains, soutenus du bout des lèvres par quelques intellectuels et par l’URSS, luttent avec une bravoure qui finit par agacer les « bien-pensants » européens.

La pression pour « en finir » à tout prix

Bénard tourne en dérision cet agacement. Il montre comment, après avoir toléré sans broncher les interventions de Mussolini et d’Hitler, les diplomates réclament maintenant une capitulation rapide des républicains. Une manière de solder la guerre sans trop se salir les mains, sous prétexte de sauver la paix en Europe.

La critique féroce de l’hypocrisie occidentale

À travers un style tranchant, Bénard expose une vérité dérangeante : ce ne sont pas les « rouges » espagnols qui mettent en danger la paix, mais bien l’indifférence complice des démocraties européennes.

Résister devient une « provocation »

Selon l’auteur, aux yeux des gouvernements français et britanniques, la simple résistance républicaine est perçue comme une insupportable provocation. Il souligne ainsi l’injustice flagrante : les républicains devraient abandonner leur combat légitime pour ne pas froisser l’Italie ou l’Allemagne. Toute la logique des « accords de non-intervention » apparaît pour ce qu’elle est : un habillage moral destiné à masquer la lâcheté collective.

L’absurdité d’une « neutralité » à sens unique

Bénard anticipe aussi le risque que, sous couvert de neutralité, la France soit poussée à intervenir contre les républicains eux-mêmes. Une intervention qui, loin de préserver la paix, la compromettrait en renforçant les dictatures.

Une prophétie amère

L’article de Bénard se termine sur une note pessimiste mais lucide : en Europe, la volonté de préserver un ordre factice prime sur la justice et la liberté. Et en sacrifiant les républicains espagnols, les démocraties alimentent en réalité leur propre affaiblissement.

« Il faut en finir » n’est pas un plaidoyer naïf en faveur de la guerre. C’est un appel désespéré à ouvrir les yeux sur la réalité : à force de compromissions, c’est la démocratie elle-même qui sera menacée. Quelques mois plus tard, l’annexion des Sudètes par Hitler viendra tristement confirmer la clairvoyance de Pierre Bénard.