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N° 800 du Canard Enchaîné – 28 Octobre 1931

N° 800 du Canard Enchaîné – 28 Octobre 1931

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Après le voyage de M. Laval

Octobre 1931 : Pierre Laval revient d’Amérique, et Le Canard enchaîné en fait son film. À la une, Pierre Bénard salue ironiquement un « succès triomphal » où la France « n’a rien donné, rien reçu » — sinon des phrases creuses et un bataillon évalué à un million de dollars. En page 2, André Dahl transforme la visite en pièce comique, où Laval répète sans fin « Non ! », du maire de New York à Hoover. En page 3, un article illustré par Guilac révèle que la réception de Laval a été… tournée à Joinville, avec figurants et serpentins. Et en page 4, Pierre Scize démonte à son tour les illusions du cinéma avec Marius de Pagnol : même décor, même texte, même vide. En 1931, le Canard montre un pays qui joue sa gloire comme un film d’actualité — drôle, mais creux.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

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Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

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Cette présentation est déclinée en 2 options :

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28 octobre 1931 : Laval, Joinville et « Marius » — chronique d’un succès triomphalement vide

Quand la diplomatie devient comédie, et la comédie, miroir du monde

Le Canard enchaîné du 28 octobre 1931 s’ouvre sur un triomphe : celui de Pierre Laval, de retour d’Amérique. Mais quel triomphe ? Sous le titre faussement patriotique « Notre pays remporte un succès triomphal — Nous n’avons rien donné, nous n’avons rien reçu », Pierre Bénard fait mine de célébrer l’exploit diplomatique du président du Conseil. En réalité, il le démonte, ligne après ligne, avec un humour désabusé qui résume tout le vide de la politique française d’alors.

Le voyage de Laval à Washington, entamé dans les flonflons officiels, s’achève sans la moindre avancée. « Aucune décision n’a été prise », note Bénard, mais tout le monde se félicite : Laval, Hoover et même les contribuables. L’auteur feint d’applaudir : « Nous sommes contents, nous aussi », avant de conclure, mordant : « Voilà une réponse nette, fière et bien française ! » L’ironie est cinglante : pour justifier l’inertie, Laval a trouvé une formule, aussi ridicule que révélatrice — il « ne sacrifierait pas un bataillon pour un million de dollars ». Bénard en tire une fable grinçante : un bataillon, c’est « la gloire et l’héroïsme », tandis qu’un million, « c’est vingt-cinq millions de pauvres francs katsou ». La satire, sous couvert de cocorico, dévoile l’indigence d’une diplomatie en quête d’emphase pour masquer son impuissance.

André Dahl, en page 2, pousse le burlesque plus loin dans « L’accord Laval-Hoover (d’après les documents officiels) ». Il met en scène le compte rendu imaginaire du voyage, rédigé « d’après les documents » : télégrammes absurdes, citations inventées, dialogues grotesques. Tout y est faux, mais tout sonne vrai. Laval y répète sans relâche le mot « Non ! », devenu la devise nationale : il répond « Non ! » à la mairie de New York, à Hoover, à la presse, et même à sa fille José qui danse modestement « au premier rang ». Un non obstiné, aussi vide que sa mission. Dans la farce, Dahl résume le voyage en un gag : « Comme personne au monde n’a plus d’or, on pense que cette décision ne froissera personne. »

L’article anonyme de la page 3, illustré par Guilac, parachève cette désacralisation. Sous le titre « La réception de M. Laval à New York est tournée à Joinville », on apprend — fausse révélation évidemment — que le reportage filmé sur l’accueil triomphal de Laval a été… tourné aux studios de Joinville, en banlieue parisienne. Le cortège est une mise en scène : voitures Rosengart repeintes, figurants de la « brigade des acclamations », faux gratte-ciels, kilowatts de serpentins. L’acteur censé incarner Laval devait être Félix Galipaux, mais fut remplacé « par un marchand de marrons, d’une ressemblance frappante ». Le Canard tourne en ridicule la manipulation médiatique d’un pouvoir qui met en scène sa grandeur comme un film de série B. Les allusions au cinéma – « on n’a pas regardé à la dépense », « on changeait de costume à chaque plan » – font écho, malicieusement, à la rubrique Ciné de la page suivante.

Là, Pierre Scize s’attaque au film Marius de Marcel Pagnol, sorti quelques semaines plus tôt. Pour lui, l’adaptation cinématographique, en filmant la pièce sans la repenser, trahit l’esprit du théâtre. « Ce sont les mêmes acteurs, les mêmes paroles, le même décor. Car c’est un décor. » Et il conclut : « Le film fait rire, mais le reste était meilleur. » Sous sa plume, la critique artistique devient métaphore : comme Laval et ses communicants, le cinéma français se contente de reproduire, sans inventer. Joinville devient le double de la diplomatie : un atelier de simulacres où la mise en scène se substitue à la vérité.

En ce 28 octobre 1931, Le Canard enchaîné orchestre donc une symphonie satirique : la politique, la presse et même le cinéma sont réduits à des machines à faire semblant. Dans une France frappée par la crise mondiale, où le chômage monte et la confiance publique s’effrite, l’humour du Canard garde une fonction salutaire : il démonte les illusions, rit du vide et montre que, derrière les grands mots — “succès triomphal”, “accord de principe”, “héros nationaux” —, il ne reste qu’un décor de carton-pâte.