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N° 443 du Canard Enchaîné – 24 Décembre 1924

N° 443 du Canard Enchaîné – 24 Décembre 1924

79,00 

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Malgré les efforts patriotiques de Mr Alexandre Millerand, le franc n’a pas tant baissé que ça…

Le père Noël en 1924, dessin de Henri Guilac Monsieur Alexandre Millerand lance une nouvelle Ligue, par Maurice Morice – Voyons, monsieur Mussolini ! À quoi pensez-vous donc ? par Victor SnellLes campagnes de la liberté : Quelques fausses nouvelles qui sont restées cachéesJustice distributive par Whip – Quelques projets, par G. de la Fouchardière – Mise au point inattendue – Les espagnols au Maroc : un communiqué du général primo de Rivera – L’affaire des cargos français – Pour sauver le veau marin – Pour fêter le Christmas Day – Contes du canard : Nénette et son vieux, Par Whip – La mode, par cousine douille – Le prix de la vie heureuse est encore une fois décerné – L’impatience des patriotes, L’attraction du jour, dessins de Charles Boirau – A quoi rêvent les écolières, dessin de Pol Lefebvre

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Le Père Noël en 1924

(dessin de Guilac)

Sous la plume acérée de Guilac, le Père Noël de 1924 a les traits reconnaissables d’Alexandre Millerand, ancien président de la République déchu quelques mois plus tôt. Barbu, moustachu, vêtu de sa houppelande d’hiver, il n’apporte pas des jouets, mais une cargaison inquiétante : de petites poupées hirsutes, grimaçantes, armées d’un couteau entre les dents. Sur le toit, l’une d’elles sort déjà de la cheminée, brandissant sa lame.

Le titre, simple et cruel — « Le Père Noël en 1924 » —, suffit à donner le ton. C’est le Noël de la peur, celui d’une France travaillée par la propagande anticommuniste et les phobies politiques que Millerand, battu aux élections, cherche à exploiter pour revenir sur le devant de la scène. Ce père Noël-là ne distribue pas des cadeaux, il sème des terreurs.

Depuis sa démission en juin 1924, après la victoire du Cartel des gauches, Millerand s’efforce de rassembler la droite nationaliste sous la bannière de sa Ligue nationale. Il se veut protecteur de l’ordre et de la patrie face au désordre des socialistes et des radicaux d’Herriot. Le Canard enchaîné s’en amuse depuis plusieurs semaines : dans son numéro du 12 novembre, il ironisait déjà sur « la fondation de la Ligue nationale », en la décrivant comme une parodie de société de secours mutuel présidée par un vieillard courroucé. Ici, Guilac achève le portrait : Millerand en Père Noël de la réaction, distribuant non des jouets mais des croquemitaines.

Les petites poupées qu’il jette dans les cheminées représentent ces épouvantails anticommunistes dont la droite abreuve alors l’opinion : bolcheviks sanguinaires, saboteurs étrangers, ouvriers « rouges » censés menacer les foyers français. Le couteau entre les dents, symbole caricatural du révolutionnaire, est une image omniprésente dans la presse de droite depuis la révolution russe. Guilac en inverse la logique : ce ne sont pas les bolcheviks qui terrorisent la France, mais ceux qui les fabriquent — les faiseurs de peur, les politiciens de la panique.

Le décor de nuit, la pleine lune, le toit enneigé composent une scène d’apparence paisible, immédiatement subvertie par le geste du « Père Noël » : il n’apporte pas la paix domestique, mais l’angoisse politique. La hotte déborde de poupées identiques, comme une production industrielle de peur. Même le sac, à droite, semble rempli de symboles trompeurs : un jouet, une grenade, une pomme — trois objets qui pourraient se confondre, au gré du dessin.

Ce Père Noël de 1924 devient ainsi le distributeur officiel des chimères politiques, et Guilac, par le rire, met à nu le climat délétère d’une année où la propagande anticommuniste tient lieu de politique d’opposition. Dans le contexte des tensions entre le Cartel des gauches et les forces conservatrices, le dessin dit plus que cent articles : la droite n’a plus de programme, seulement des marionnettes menaçantes à jeter dans les cheminées de l’opinion.

À la veille de Noël, Le Canard enchaîné ne se contente donc pas de rire de Millerand : il démasque une mécanique. Derrière le mythe du bon vieil homme à barbe blanche se cache le vieux président à moustache dure, recyclant les peurs pour reconquérir l’électorat. Et les « jouets » qu’il distribue — ces bolcheviks de carton, ces menaces de papier — annoncent déjà les campagnes de panique que mèneront, dix ans plus tard, d’autres ligues, d’autres patriotes.

Guilac, en trois coups de plume, transforme la caricature en avertissement : en 1924, le Père Noël n’est pas venu apporter la paix civile — il descend par les cheminées pour y glisser les premières ombres des années trente.


 

À la une du Canard enchaîné du 24 décembre 1924, un titre frappe par son ironie tranquille : « Quelques fausses nouvelles qui sont restées cachées ». Le journal y déploie un humour d’une rare précision : non pas celui de la moquerie légère, mais celui de l’invraisemblance lucide. Ces « fausses nouvelles » ne sont pas dérisoires : elles sont trop vraisemblables pour ne pas être fausses — autrement dit, elles caricaturent à peine la presse politique de l’époque.

Le texte vise directement La Liberté, quotidien conservateur réputé pour sa dévotion à la droite parlementaire et pour sa propension à diffuser rumeurs et insinuations contre le gouvernement Herriot. Le Canard prétend en révéler à son tour de nouvelles, mais du côté du mensonge avoué. Les « informations » qu’il dresse sont d’un comique d’autant plus efficace qu’elles miment le ton de la vérité officielle : « Le maréchal Joffre est resté éveillé pendant toute la séance de l’Académie française » ; « Louis Barthou a juré de ne plus trahir » ; « M. Raymond Poincaré a renvoyé sa Légion d’honneur pour en changer la couleur ».
Chacune de ces annonces est absurde, mais elles frappent par leur invraisemblance malheureuse : on imagine sans peine Joffre s’endormir en séance, Barthou se dédire, Poincaré se parer de symboles creux. Le rire naît de cette proximité gênante entre le vrai et le faux, entre la bêtise publique et la caricature.

Ce procédé est typique du Canard de l’entre-deux-guerres. Plutôt que de dénoncer frontalement la presse réactionnaire, il la retourne contre elle-même, en mimant son style emphatique et ses réflexes d’autorité. Ce jeu d’écho permet d’exposer une société saturée d’informations douteuses : en 1924, les rumeurs circulent plus vite que les faits, entre commissions d’enquête, scandales financiers et peurs sociales.

Sous ce texte, le dessin de Guilac « Le réveillon à Paris » — en livre la traduction visuelle. On y voit, non un banquet bourgeois, mais une armée de moustaches, attablées deux par deux, toutes semblables : les policiers en civil, reconnaissables à cette moustache-badge que Guilac utilise fréquemment dans ses caricatures.
Ces hommes, figés dans la bienséance du repas, incarnent un ordre qui veille même en festoyant. Le serveur leur passe les plats comme un supérieur hiérarchique distribue les consignes, et la légende, « En attendant les communistes… », achève le tableau : Paris dîne sous surveillance, la République mange en uniforme.

Cette page du Canard joue sur deux registres complémentaires : le faux document et la vraie inquiétude. Derrière les plaisanteries de Noël, le journal met à nu un climat politique où la peur du « rouge » justifie toutes les surveillances, et où la presse bourgeoise transforme ses propres mensonges en vérité d’État.
En somme, cette édition du 24 décembre 1924 montre un Canard en pleine maturité : un journal qui, en riant de tout, dit plus sérieusement que quiconque que la France se surveille elle-même — même à table.