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N° 808 du Canard Enchaîné – 23 Décembre 1931

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Dépensez ! Dépensez ! conseille M. Landry à tous les Français

Décembre 1931 : en pleine crise économique, le ministre du Travail Louis Landry exhorte les Français à « dépenser pour sauver la France ». Le Canard enchaîné transforme aussitôt cette injonction en vaudeville national. Dans un article drolatique, Pierre Bénard imagine des cérémonies absurdes où l’on récompense les citoyens les plus dispendieux et où l’épargne devient un délit. À travers l’humour, le journal pointe le déni d’un gouvernement dépassé par la crise mondiale. Sous le rire, une angoisse réelle : quand l’État prêche la dépense, c’est qu’il n’a plus grand-chose à offrir — sinon des mots.

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23 décembre 1931 : « Dépensez ! Dépensez ! » — la crise en version comique

Quand Pierre Bénard tourne en dérision la relance par la consommation

À la veille de Noël 1931, la France s’enfonce dans la dépression économique. Les faillites se multiplient, le chômage s’installe et les files d’attente aux soupes populaires s’allongent. Dans ce climat morose, le ministre du Travail, Louis Landry, croit trouver la formule magique : « Pour lutter contre la crise, dépensez ! » Le Canard enchaîné, dans un grand élan de satire, s’empare aussitôt de cette idée saugrenue. Sous la plume alerte de Pierre Bénard, la consigne ministérielle devient un sketch national.

L’article, au titre déjà tonitruant — « Dépensez ! Dépensez ! » —, s’ouvre sur une fausse solennité : Landry, « ministre du Travail », prononce à la Chambre un discours d’une « phrase dont on ne saurait manquer d’avoir les plus importantes conséquences ». Bénard pastiche aussitôt le style administratif et son emphase creuse. Le ministre, explique-t-il, « a décidé de débaptiser son ministère : il s’appellera désormais le ministère de la Rigolade et de l’Imprévoyance sociale ». Le ton est donné : l’humour sert ici de scalpel.

Tout le texte repose sur le renversement des valeurs : à la vertu de l’épargne, chère à la petite bourgeoisie de la IIIᵉ République, Bénard oppose la nouvelle religion de la dépense. Le ministre devient le grand prêtre d’un culte de la consommation où l’on célèbre les « bienfaits de l’économie » en la tournant en ridicule. « Plus de bas de laine ! Vive la soie, le champagne, les huîtres et la danse ! » proclame-t-il, parodiant la rhétorique d’un paysan d’opérette qu’on exhorte à dilapider ses économies pour sauver la patrie.

Cette absurdité n’est pas inventée : elle reflète un véritable réflexe de l’époque. Face à la crise mondiale née du krach de 1929, nombre de responsables politiques français s’efforcent de maintenir la confiance… quitte à confondre optimisme et déni. Tandis que les États-Unis expérimentent déjà la rigueur du chômage massif et que l’Allemagne glisse vers la tourmente sociale, la France croit encore à sa « santé économique ». On n’a pas encore prononcé le mot de « dépression » : on parle de « ralentissement », on invoque la psychologie.

Bénard traduit ce déni collectif en une succession de scènes absurdes. À la Santé, le ministre distribue des bons de vin et félicite les malades « d’avoir mis en circulation l’argent confiné en eux ». À l’Institut, les académiciens sont invités à « se nourrir de bons mots » et à faire « des vers avec des écus ». À la Caisse d’Épargne, un épargnant est aussitôt dénoncé à la police pour avoir commis « l’acte antisocial de déposer ses économies ». Chaque épisode pousse le raisonnement officiel jusqu’à l’absurde, dévoilant son cynisme : dans une société où la misère progresse, on moralise le peuple pour qu’il continue à consommer.

Sous l’humour, il y a un constat social précis. En 1931, le chômage dépasse déjà les 400 000 inscrits, la production industrielle chute de 20 %, et la monnaie française commence à vaciller. L’appel à « dépenser » n’est pas seulement grotesque, il révèle la panique du pouvoir. Bénard, fidèle à l’esprit du Canard, fait de ce désarroi un grand numéro de satire populaire, à mi-chemin entre chronique politique et sketch de café-concert.

Le dessin de Guilac complète ce tableau : un ministre, goguenard, jette des billets à la volée sur des convives en festin, avec pour légende « Le ministre donne le bon exemple ». La caricature parachève l’inversion comique : à force de prêcher la dépense, le pouvoir semble rejouer le banquet de la décadence.

La chute de l’article — « Avant un mois, il nous aura ruinés. C’est M. Landry qui va être content ! » — résonne comme un verdict. Le Canard, dans sa veine la plus corrosive, se moque d’un gouvernement qui, faute de plan, prêche la joie de consommer. En 1931, déjà, la France s’accroche au mythe du “moral des ménages” — mais le Canard, lui, n’y croit pas.